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affiche War On Screen -J1- 2/10

War On Screen -J1- 2/10

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Genre : Festival Cinéma

L'Actu

War On Screen - Jour 1

Dans l’effervescence générale, la première édition du festival internationale de cinéma War On Screen a débuté ce mercredi 2 octobre au matin. Avant l’inauguration officielle prévue le soir même, les festivaliers ont pu découvrir un beau panel de projections en tous genres. Pour les plus matinaux, le festival commençait dés 9h45 avec Der gross méchant loup de Tex Avery, un film d’animation de propagande anti-allemand sous la forme d’une parodie de l’histoire des trois petits cochons. Tordant. Pour se dérouler au fil des projections, des temps forts, des rencontres, du rire au larme…

Aujourd’hui, on a choisi de vous présenter deux films en compétition :

Five Years

Ce film, inspiré de faits réels, retrace les cinq années d’emprisonnement à Guantanamo du citoyen germano-turc Murat Kurnaz après sa capture par les forces américaines en Afghanistan et fait ainsi la chronique sans faille d’abus inimaginables et d’un duel entre deux caractères d’acier. L’accusé : Kurnaz, qui cherche un sens à sa vie en se tournant vers l’Islam et part en pèlerinage au Pakistan juste après le 11 Septembre ; et l’accusateur : Holford, un expert de l’interrogatoire de l’armée américaine, qui connaît tous les ressorts de la peur et de la manipulation et veut obtenir à tout prix des aveux de Kurnaz. 

Five Years, premier long-métrage de Stefan Schaller, se focalise ainsi sur une confrontation et repose donc pour une bonne part sur un duo d’acteurs. Ben Miles et Sascha Alexander Gersak sont excellents : le premier, qui campe un interrogateur sans scrupules, fascine en même temps qu’il fait froid dans le dos, tandis que le second (qui sera présent lors de la seconde projection du film, vendredi prochain à 13h) nous donne à sentir, surtout dans les scènes de torture, l’horreur des situations que son personnage traverse.

Peut-être le spectateur est-il invité un peu trop explicitement à s’indigner : la représentation des soldats américains – brutaux, cruels, inhumains – frôle parfois la caricature. La confrontation des deux hommes est plus subtile et constitue le cœur du film, nous tenant jusqu’au bout en haleine...

Roza

A la fin de l’été 1945, Tadeusz, un ancien soldat qui a tout perdu pendant la guerre, arrive dans la région de Mazurie située au nord-est de la Pologne. Il se rend chez Rose, veuve d’un soldat allemand pour lui remettre une photo ainsi que l’alliance de ce dernier. Tadeusz découvre alors quelle a été la vie de cette femme et les souffrances qu’elle a endurées.

Dur, le film laisse peu de répit. On est saisis, on est pris, et délibérément malmenés dans une succession d’ellipses et de cuts aussi brutaux que très habiles. Un montage sec, aux enchaînements rapides. Le film en demeure bien ficelé. Il montre l’horreur quotidienne de cette époque.

La caméra à l’épaule parfaitement maîtrisée nous transporte en pleine Mazurie, dans une œuvre brutale, à la photo tout à la fois magnifique, pastelle et sèche. Le film sait rester sensible dans sa manière de montrer l’insoutenable.

Une œuvre à voir pour sa remarquable qualité visuelle, et pour sa trame d’un réalisme fort. C’est aussi de cette même réalité parfois violemment mise en scène dont doivent être conscient les publics les plus sensibles.

Cérémonie d'ouverture

Après cette bonne dose de torture, souffrance et autres explosions meurtrières, la bonne idée de la cérémonie d’ouverture du festival est de mettre à l’honneur une comédie : 45 minutes to Ramallah, comédie décapante autour du conflit israélo-palestinien. Mais avant les réjouissances, faisons place à 19h dans le théâtre pour la présentation du festival, de la programmation et de son jury. Après diffusion des bandes annonces, des mots des élus (virtuels) et de la déclaration d’ouverture du parrain Albert Dupontel (là encore filmée), on découvre les personnalités du jury dont la présidente Hiam Abbass, taquine, bien heureuse d’être entourée de son jury masculin mais aussi émue et digne face à ce thème qui la touche tout particulièrement.

Une première journée ensoleillée, bien remplie, qui augure une première édition du meilleur cru.

Photo : Hiam Abbass, présidente du jury

Crédit photo : Michel Haumont