Rain, une jeune minière, et son androïde Andy espèrent bien quitter la colonie perdue au fond de l’espace. Elle a effectué son nombre d’heures et espère s’envoler ailleurs. Hélas, on n'échappe pas aux mains voraces de la Cosmos Compagnie Weyland. Par un tour de passe-passe, elle voit son compte de jour dus grimper comme le thermomètre au soleil. Tyler, un ami mineur, lui propose une opportunité pour sortir de l’esclavage. L’idée est de se rendre sur un vaisseau abandonné de la compagnie pour récupérer les chambres d’hibernation et s’envoler vers une planète plus amicale. Pour cela, il faut Andy, le seul capable de rentrer dans le système de Mum (maman), l’IA de la compagnie. Il faudra exécuter cette mission périlleuse au nez et à la barbe de celle-ci au risque de finir dans un pénitencier. Premier choc, le vaisseau s’avère être une station spatiale au contenant particulier et mystérieux. Quelques surprises les attendent qui ne sont pas toutes de bon aloi. Suite à une pluie d’incidents, ils se retrouvent piégés dans la station avec une meute de Xénomorphes aux trousses qui ne leur veulent pas que du bien. Le compte à rebours est enclenché avant que la station ne s’écrase sur les anneaux de glace de la planète. Combien s’en sortiront ?
En sept films, la saga Alien a su composer une mythologie extra-terrestre particulière. Ridley Scott lui insuffle une construction complexe qu’il développe surtout dans les deux premiers volets, dans l’ordre, Prometheus (2012) signé Ridley Scott se passe en 2089 et Alien : Covenant (2017), toujours de Ridley Scott, en 2104. Il est à l’origine de la saga avec Alien, le huitième passager (1979) qui se déroule en 2122. Aliens, le retour de James Cameron (1986), tient place en 2079. Alien 3 (1992), de David Fincher en 2079 Alien, la résurrection de Jean-Pierre Jeunet en 2379. Alien Romulus (2024) se glisse donc après le troisième opus, en 2142. L’ensemble constitue un univers bien structuré qui délivre peu à peu les informations sur les créatures jusqu’à Prometheus qui en dévoile beaucoup plus avec Covenant. Il n’est pas nécessaire d’avoir vu la saga pour comprendre le dernier opus. Fede Álvarez revient aux origines du mythe dans une fiction survival et une meute d’aliens en furie. Comme pour Evil Dead, il réussit à redonner un souffle pertinent à l’histoire des Xénomorphes.
Il en aura fallu du temps pour revenir à l’essentiel du film claustrophobique d’Alien, à savoir, une bande de types coincés dans un vaisseau, une colonie spatiale LV 426 et une prison. Fede Álvarez nous avait déjà fait le coup avec Evil Dead, faire du neuf en s’appuyant sur du vieux. Il marque les esprits avec Don't Breathe, un aveugle coincé dans une maison face à une bande de salopards. Les huis clos sanguinaires, il connaît la chanson et nous la sert en s’appuyant sur la saga et les technologies d’aujourd’hui. Cela donne des séquences émotionnelles et visuelles remarquables comme : comment franchir une barrière d’acide en apesanteur, une station minière, les anneaux d’une planète, la créature, et plus tard, une version augmentée. Il n’oublie pas de nous raconter une histoire, à l’image de Blade Runner, pour la découverte de l’univers minier de Rain. La première séquence est déjà époustouflante et mystérieuse pour ceux qui découvrent la série.
Nous arrivons dans cette station minière et cette jeunesse sacrifiée au dieu capitalisme incarné par Weyland. Ils rêvent d’une planète moins hostile où trouver le bonheur comme tous ces émigrés à la peine, esclaves malgré eux. Comment sortir de ce piège qui les condamne à vie ? Rain et ses amis ont un plan bien ficelé qui, après une longue nuit de sommeil, les conduira vers une colonie plus verdoyante et accueillante. Les thèmes sont là, la jeunesse perdue, l’espérance des lendemains qui chantent, déchantent, l’ailleurs comme un Eden prometteur. Pour atteindre leur objectif, il faut juste voler une paire de caissons d’hibernation. Fini le Nostromo, Nautilus du futur, c’est une station qui sera leur tombeau. Le lieu devient un autre personnage, les couloirs obscurs, les chambres mystérieuses, les créatures à foison et les caissons. Dehors défilent les anneaux mortels et le compte à rebours
s’égrène.
Commence un ballet de survie. Échapper à la créature, c’est voir l’avenir d’un jour meilleur. Succomber, c’est l’antre de la folie, de la mort et de la métamorphose en un autre malfaisant. Le bien, le mal sont en embuscade pour nous rappeler que la quête n’a jamais été autre chose que cela. Qu’elle n’est pas le noir affrontant le blanc mais le gris des peurs infinies. Dans cette partie du récit, Fede Álvarez s’amuse des débuts de la saga et la pousse plus loin, pour notre plus grand plaisir. C’est la lutte des marchands contre les rêveurs, les utopistes. Le final est une apothéose qui renoue avec Alien, le Retour et le cinéma qui déglingue à tous les étages avec de gros fusils. La dernière séquence est un hommage à Ripley mais chut, je ne vous en dis pas plus ! L’ADN devient le pivot central, l’axe du futur, mais lequel ? C’est un parcours sans faute pour le réalisateur, la saga reprend des couleurs. On imagine la suite se rapprochant des rumeurs des premiers volets, les aliens débarquant sur terre. On espère encore repartir pour un tour de piste avec les nouveaux axes proposés par Fede Álvarez.
Patrick Van Langhenhoven
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Titre original : Alien: Romulus
Réalisation : Fede Álvarez
Scénario : Fede Álvarez et Rodo Sayagues d'après les personnages créés par Dan O'Bannon et Ronald Shusett
Musique : Benjamin Wallfisch
Direction artistique : Monica Alberte, Miklós Hatvani-Deàk, Shira Hockman, Biljana Jovanovic, Hazel Keane, Dave Kellom, Adam O'Neill, Annamária Orosz, Matt Sims et Justin Warburton-Brown
Décors : Naaman Marshall
Costumes : Carlos Rosario
Photographie : Galo Olivares
Montage : Jake Roberts
Production : Michael A. Pruss et Ridley Scott
Production déléguée : Elizabeth Cantillon, Tom Moran et Brent O'Connor
Sociétés de production : 20th Century Studios et Scott Free Productions
Société de distribution : 20th Century Studios
Pays de production : Drapeau des États-Unis États-Unis, Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Langue originale : anglais
Format : couleur — son Dolby Atmos
Genre : science-fiction, horreur
Durée : 119 minutes
Dates de sortie : 14 août 2024
Distribution
Cailee Spaeny (VF : Marion Gress) : Rain Carradine
David Jonsson (en) : Andy
Archie Renaux : Tyler
Isabela Merced : Kay
Spike Fearn (en) (VF : Cyril Descours) : Bjorn
Aileen Wu : Navarro