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affiche La Mélancolie

La Mélancolie

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Un film de Takuya Kato ,
Avec Mugi Kadowaki, Kentaro Tamura, Shôta Sometani,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h24
Japon

En Bref

« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » Lamartine.
Le silence des étoiles et deux êtres en harmonie, les mots sont économes. La plénitude des visages suffit pour dire je t’aime. Watako et Kimura se quittent avec la promesse de se revoir la semaine suivante, pour cet écart de bonheur volé au quotidien. Un crissement de pneus, un choc et ces retrouvailles hypothétiques se perdent dans l'ineffable chant de la mort. Watako retourne à sa vie conjugale, aux convenances qui vous emprisonnent. Pourtant, un changement imperceptible, un vent souffle au cœur de la mélancolie qui l’habite désormais. Les mots du quotidien qui annonçaient un mal-être dans sa vie avec son mari Fumori ne servent plus à combler les silences. Depuis longtemps, le couple n’a plus rien à se dire, à se promettre. Peu à peu, dans l’errance mélancolique, dans les silences de son âme, les seuls souvenirs qui se gravent sont ceux de Kimura. Watako comprend qu’il est temps d’accepter l’inéluctable vérité. Elle doit reprendre sa vie en main pour que la lumière éclaire de nouveau les jours heureux anciens et les nouveaux à venir.

En deux films, Takuya Kato construit un univers particulier, entre les convenances et les traditions d’une société masquant ses sentiments au plus profond de soi. Il joue sur les silences, l’économie des mots et le jeu de la lumière pour proposer un autre regard sur la romance. Les personnages gardent une certaine distance pour laisser la place à la puissance des dialogues. En Occident, quand ça va mal, on hurle, on crie, on se lance les assiettes à la figure, on claque les portes. Au Japon, le quotidien et ses mots simples deviennent les porteurs de la douleur. Ce sont tous ces échanges qu’auront Watako et Fumori, changer de maison pour relancer un amour déjà mort. Fumori promet de ne plus laisser sa mère envahir leur couple. Même lorsque l’évidence se dévoile, les mots sans âme expriment les fêlures du cœur, l’isolement, la perte de la volonté.

Il en est de même pour l’histoire d’amour entre Watako et Kimura. C’est dans la simplicité des moments partagés, dans un glamping, camping glamour, face aux étoiles, à la nature que tout est dit. La séparation est la promesse de se revoir la semaine suivante, avec ce bonheur de l’attente paisible. Tout est à l’opposé de notre culture expansive, criant les mots d’amour, et la joie d’être deux. La mise en scène joue de l’espace quand le bonheur est là, le ciel infini, les lumières papillotantes comme des lucioles éclaboussant la nuit. A l’inverse, l’amour mort est confiné dans une pièce et l’ombre repousse souvent le peu de lumière qui tente de s’infiltrer. De son expérience d’homme de théâtre, Takuya Kato garde sans doute ce soin apporté à la métaphore de la lumière, des lieux et des décors, et les mots économes mais justes.

Nous ne sommes pourtant pas dans une pièce de théâtre, mais bien dans un film intimiste. Il touche au plus profond, gratte jusqu’à l’os la mélancolie, l’amour, la séparation, l’amour perdu et retrouvé ailleurs. Peu à peu Watako, au cœur de sa solitude, comprend que la mélancolie ne se partage pas. Qu’il est temps de vivre sa vie et non de la subir. C’est déjà un geste qui brise les traditions et convenances d’un pays où les femmes osent enfin dire non et reprendre leur existence en main. La mélancolie se vit de l’intérieur comme une petite pousse qui nous rappelle que l’amour est un feu qui doit toujours être entretenu. Il est difficile de raviver les braises, surtout quand les flammes reprennent ailleurs. Le cinéma japonais continue de nous surprendre à travers ses acteurs remarquables et ses sujets, qu’il pousse dans ses retranchements les plus profonds. Comme pour d’autres arts, la cérémonie du thé, l’ikebana, le cinéma aujourd’hui, la société japonaise cherche toujours à repousser plus loin le spirituel, jusqu’à toucher l’essence des choses.

Patrick Van Langhenhoven  
        
l’Avis de Françoise

Au sortir d’une escapade adultère en glamping, Watako assiste, paralysée, à la mort de son amant, percuté par une voiture.
Dans une ambiance feutrée, donc étouffante, Watako ravale son chagrin pendant que son ami Eri lui raconte la mort de ce collègue qui faisait du camping en solo, quelle drôle d’idée, et que son mari lui fait part de son projet d’achat de maison.
A travers cette situation, c’est un Japon corseté qui se révèle peu à peu, et chaque couche asphyxie Watako un peu plus.
Belle-mère envahissante, amie peu fiable, père du défunt qui pleure sur l’épaule de Watako puis change radicalement d’attitude lorsqu’il comprend ce qui s’est passé.
Ce ballet sans faux-pas ni fausse note, sans un mot plus haut qu’un autre, trouve sa résolution dans un plan final dans lequel l’autoroute qui défile ressemble au drapeau de la liberté.
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Titre : La Mélancolie
Scénario, Réalisation : Takuya Kato
Photographie : Shota Nakajima
Lumière :Taiki Takai
Décors : Keisuke Maeyashiki
Direction artistique : Yui Miyamori
Son :Hirokazu Kato, Manabu Kagara
Montage :Mototaka Kusakabe, Sylvie Lager
Musique originale : Eiko Ishibashi
Assistant réalisateur : Hirofumi Kagawa
Coiffure :Mika Kondo
Costumes : Ayuko Takagi
Production : Nagoya Broadcasting Network & Bitters End, Film Makers Inc. , Comme des cinémas
Producteurs délégués : Yuhiro Matsuoka, Yuji SadaiProducteurs Yasuhiko Hattori, Tatsuya Matsuoka, Shinya Miyazaki, Masa Sawada

LISTE ARTISTIQUE
Watako : Mugi Kadowaki
Fuminori : Kentaro Tamura
Kimura : Shota Sometani
Eri : Haru Kuroki
Tetsuya : Kanji Furutachi