Angelo se remet d’une affaire difficile en attendant de reprendre du service. Il est hanté par une blessure profonde, une erreur, pour laquelle il envisage de changer de métier. Angelo erre entre le vieux périphérique, attiré par le lieu de sa faute comme un gouffre dans le sol, et le quartier de Château Rouge. Il remet en question toutes les idées de bien et de mal portées par le flic idéaliste. Pour changer son karma, il aide les désœuvrés, les paumés du petit matin que chantait Brel. Il sympathise avec Poulet, un magouilleur au grand cœur et l’idée de sauver sa voisine des mains d’Anselme, le caïd du quartier. Son errance le conduit dans ce quartier parcouru de vieux fantômes, d’un temps qui n’existe plus, auquel il s’accroche. Le poids du passé peut se porter plus d’une vie. Est-ce qu’Angelo peut effacer hier pour devenir un homme meilleur demain ?
Karmapolice brasse les genres pour une recomposition du polar noir, du film social et intimiste. Il regarde vers Melville et son Samouraï avec Ange, flic silencieux, hanté par le passé, en quête de résurrection. Il cherche dans la gouaille d’autrefois un temps que les plus de vingt ans ne peuvent pas connaître. Poulet est une figure puisant dans l’époque, mais aussi les Apaches d’hier, les magouilleurs, les malfrats de la porte de Saint Ouen et des puces. Anselme est un fantôme, une ombre hors du temps, une porte entre le passé et le futur. La jeune prostituée perdue cherche dans les limbes des produits illicites un monde meilleur. Elle est la prisonnière, l’esclave, pour une dose d’Anselme. Pauline est la seule qui avance dans ce monde d’âmes brisées, sans autre poids que l’avenir pointant à l’horizon. Elle fait figure d’ange dans ce purgatoire.
Karmapolice c’est une galerie de figures prisonnières d’hier et d’aujourd’hui, des fantômes avançant comme des ombres dans la nuit du quartier. A travers Angelo, nous pénétrons l’intime de chacun, les failles, les espérances, que les seconds rôles appuient dans leurs dialogues. Le karma est l’ensemble de nos vies que nous devons changer par nos bonnes actions. Angelo erre au cœur de son âme pour changer celui-ci entaché par une mauvaise action, la mort de l’innocence. L’innocence et le poids de la faute parcourent le récit comme des nuages qui obscurcissent le ciel. L’errance, l’innocence, le mal, le bien, la survie et de nombreux autres sentiments sont la trame de fond de ce récit noir. La ligne n’est pas droite mais sinueuse comme nos vies. Il faut être attentif et accepter parfois de se perdre. Enfin, il existe un autre personnage principal, le quartier.
D’abord celui de Château Rouge, multicolore, multiculturel, avec un regard sombre sur ses habitants, souvent à la frontière, oubliés, délaissés, marginaux, pleins de vie. A l’opposé, le périphérique entre les portes de Clichy et de la Chapelle, marqué par la froideur du béton, les routes d’asphalte au-dessus de votre tête, les débris d’un monde qui ne veut pas mourir. C’est un no man's land entre le passé et le présent, marqué par Château Rouge. Pour moi, c’est la force du film, l’errance d’un homme en quête de rédemption, hanté par des fantômes surgis du passé. Aujourd’hui, des Batignolles à la Porte de la Chapelle, le quartier se métamorphose, mais les fantômes d’hier continuent de le hanter. C’est ce cheminement intérieur et extérieur qui nous entraine à nous interroger sur notre propre karma. Les lieux nous rappellent combien les territoires appartiennent à l’histoire de chacun. Comment ils aident à se construire. Comment on s’accroche avec le temps pour ne pas mourir et disparaître comme eux. C’est peut-être ce qui guette Angelo s’il ne rétablit pas la balance, le Karmapolice.
Patrick Van Langhenhoven
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Titre original : Karmapolice
Réalisation : Julien Paolini
Scénario : Julien Paolini et Manolis Mavropoulos
Musique : Aránzazu Calleja, Surys Shahidi et Maite Arroitajauregi
Photographie : David Guillon et Pasquale Filastó
Son : Nassim El Mounabbih et Alexis Farou
Montage : Clémence Samson et Gwenaël Ghelid
Décors : Lisa Paolini
Costumes : Thomas Fishelson
Production déléguée : Julien Paolini, Syrus Shahidi, Marie Etchegoyen et Yann Girard
Sociétés de production : Cousines et Dépendances, La Réserve et Sugar Mama
Société de distribution : À vif Cinémas
Pays de production : France
Langue originale : français
Genre : Policier dramatique
Durée : 80 minutes
Dates de sortie : 17 juillet 2024 (en salles)
Distribution
Syrus Shahidi : Angelo
Alexis Manenti : Poulet
Karidja Touré : Pauline
Foëd Amara : Kemar
Hortense Ardalan : Elena
Steve Tientcheu : Anselme
Sabrina Ouazani : Maman
Thomas Blumenthal : le voleur
Yaniss Lespert : un collègue
Yaya Bathily : un collègue
Zacharie Chasseriaud : l'agent immobilier