Mady sillonne les rues de Bruxelles, il dépanne les étourdis restés dehors, les clefs à l’intérieur. Une jolie brune lui demande d’ouvrir une porte qui sera peut-être la dernière. Elle le laisse en plan dans l’appartement ouvert. Elle est partie chercher de quoi le payer au distributeur du coin, mais elle s’est fait la belle. Mady est piégé, dommage collatéral d’une embrouille qui le dépasse. Un cadavre plus tard, un caïd sans humour lui impose un deal : retrouver la fille et effacer la dette, sinon croupir en taule ou finir six pieds sous terre. La nuit se traine et le tic-tac de l’horloge se rapproche du délai fatidique. Mady est un petit gars débrouillard, mais est-ce suffisant pour se sortir d’un paquet d’emmerdes ? Comme dans la chanson, il court, il court le furet mesdames ! Mady doit faire fonctionner ses neurones tout en courant pour sauver sa peau. Je ne suis pas certain qu’il existe une issue au labyrinthe et pas d’Ariane pour tirer un fil.
« Soit tu vas devenir un ami, soit un problème »
Cette fois encore le cave se rebiffe et trouve l’énergie nécessaire pour essayer de voir le jour se pointer. Ambiance nuit, avec ses néons et ses gouttes de pluie pour le flou d’une vie qui bascule en enfer. La nuit se traine à l’ancienne, avec Romain Duris en caïd sans scrupule, froid comme l’hiver, méchant comme un cyclone. L’acteur s’amuse de son personnage, puisant dans le cinéma des seigneurs du crime sans âme. Le film repose sur ses acteurs et leur capacité à incarner les gueules fracturées du polar d’autrefois. Le petit serrurier a beau écouter Petula Clark en boucle, ça ne le sauvera pas. Les morfalous se disent : « c’est un cave, une victime sans avenir ».
Un brave type qui fera tout pour sauver sa peau. Sauf qu’il se rebiffe. Dans sa course folle, il trouve une cause à défendre. Une idée, du fric, une belle, devenir un chevalier blanc, comme dans le Graal. Dans tout ça, c’est quoi son Graal, la grande cause qui vaut la peine de mourir ? Qu’est-ce qui peut bien motiver une vie à se dépasser ? C’est tout l’enjeu de ce polar, noir comme la nuit qui se traine. Tout se joue entre la perversion et l’innocence. Qui emportera la mise, le bien, le mal, la vie, la mort ? Pour décor, Bruxelles la noire, pas celle du bon temps de Brel quand elle chantait. La ville devient un personnage dans une atmosphère et un éclairage fantomatiques. En toile de fond, manifs contre les violences policières. Voilà comment on renouvelle, avec trois fois rien, le genre.
Patrick Van Langhenhoven
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Titre original : La nuit se traîne
Réalisation : Michiel Blanchart
Scénario : Michiel Blanchart et Gilles Marchand
Musique : Tepr
Photographie : Sylvestre Vannoorenberghe
Son : David Vranken, David Gillain et Fabrice Grizard
Montage : Matthieu Jamet
Décors : Catherine Cosme
Costumes : Isabel van Renterghem
Production : Michaël Goldberg, Boris van Gils, Margaux Dourdin Marciano et Nicolas Duval Adassovsky
Production déléguée : Thomas Jaubert
Société de production : France 3 Cinéma, Formosa Productions, Gaumont, Quad Films, A Private View, Daylight Films, RTL, Proximus, BNP Paribas et Voo
Société de distribution : Gaumont
Pays de production : France et Belgique
Langue originale : français
Format :
Genre : Thriller
Durée : 91 minutes
Dates de sortie : 28 août 2024 (en salles)
Distribution Jonathan Feltre : Mady
Natacha Krief : Claire
Jonas Bloquet : Théo
Romain Duris : Yannick
Mustii : Rémy
Sam Louwyck : Greg
Nabil Mallat : Will
Claire Bodson : Gina
Graham Guit : Abel
Marco Maas : Sam
Guillaume Kerbusch : le jeune policier