Vingt dieux
Genre : Drame
Pays : France
Durée : 1h30
Réalisateur : Louise Courvoisier
Acteurs : Clément Faveau, Maïwène Barthelemy, Luna Garret
« C’était le métier de mon père. Il a claqué, puis je savais pas quoi faire d’autre » Totone
C’est l’histoire de Totone, enfant des campagnes, cigale se retrouvant fort dépourvue quand la mort souffle. C’est d’abord l’insouciance d’une jeunesse au rythme des bals et des conversations entre potes, avec toujours les filles, avant la fille. Tout bascule avec la mort du père. Totone doit s’occuper de sa petite sœur fragile, naturelle, et surtout de lui-même. Il ne sait rien faire d’autre que le métier de son paternel, avec beaucoup de maladresse. Il faut se réveiller, finie la fête. Après l’hiver, après la mort, revient le printemps, le temps de la renaissance et de l’apprentissage. La fille qu’il ne peut satisfaire, la panne à l’image de sa vie.
La fille le bouscule, l’envoie dans les cordes, pour remonter sur le ring de l’existence. Un vieux chaudron, la campagne, le tracteur, et la vieille sage qui le guide. Totone souhaite gagner le concours du meilleur Comté, porté par toute la naïveté du novice. Qu’importe, qu’il gagne ou perde ce concours, il est déjà vainqueur. L’enfant est devenu un adulte responsable.
« C’est mal parti si tu penses comme ça. C’est dans ta tête. » Marie-Lise
Enfant de la ville, arpenteur des trottoirs noirs, j’adore ces récits de paysans ardus à la tâche, d’Emmanuel Clancier à Christian Signol, de Pain noir, à Là où vivent les hommes. Depuis Petit paysan, le cinéma rural s’est offert une renaissance pour souvent arpenter les chemins de douleur d’une vocation de père en fils. Louise Courvoisier choisit, à travers le portrait de Totone, un chemin de résilience positif.
Elle pousse plus loin le curseur d’un nouveau genre commencé avec Petit paysan. C’est un film naturaliste, entre la fiction et le documentaire. Les acteurs, naturels, nous entrainent dans un maelström du vivant entre les grands espaces du Jura et l’intime d’un jeune homme aux prises avec lui-même.
C’est la fin de l’insouciance et le début de l’apprentissage, la rude route de l’initiation. Elle passe par de nombreuses symboliques maitrisées, voulues. Plus particulièrement, à mi-parcours, un vieux chaudron, peut-être celui de Dagda, dieu de la connaissance des mythes celtes. Récipient de cuivre, d’abondance, de nourriture, mais aussi de la connaissance, de la renaissance des guerriers, tout est dit.
Totone doit apprendre à faire du fromage, à aimer les filles, à devenir responsable et quitter les bals pour les champs. Louise Courvoisier maitrise sa mise en scène quand chaque instant devient un rite de passage, une porte à pousser pour avancer. Les jeunes comédiens sont remarquables dans un jeu sans fioritures, brut et singulier, sincère, de la plus petite au couple formé par Totone et Marie-Lise.
C’est bouillonnant, vivant, de bout en bout sans jamais sombrer, malgré les obstacles, dans le pathos. Totone, le héros ne vacille pas dans la tempête. Sa jeunesse, son insouciance son parler aux accents du pays deviennent ses meilleures armes. Le parcours de Louise Courvoisier est à l’image de son héros, de la ferme sans électricité à la FEMIS. Le cinéma est devenu son nouveau champ de partage.
Du son à l’image, Vingt Dieux porte à la fois la fougue de la jeunesse, l’innocence du jeune disciple et la maitrise du vieux maitre. Elle rejoint cette jeune génération de réalisateurs et producteurs, impressionnants dans leurs choix et la manière de réinventer le cinématographe des frères Lumière. C’est une réalisatrice à suivre qui, je n’en doute pas, n’a pas fini de nous surprendre.
Patrick Van Langhenhoven
Fiche technique
Titre original : Vingt Dieux
Réalisation : Louise Courvoisier
Scénario : Louise Courvoisier, Théo Abadie et Marcia Romano
Musique : Charlie et Linda Courvoisier
Décors : Ella Courvoisier
Costumes : Perrine Ritter
Photographie : Elio Balézeaux
Son : François Abdelnour
Montage : Sarah Grosset
Production : Muriel Meynard
Sociétés de production : Agat Films & Cie - Ex Nihilo
Sociétés de distribution : Pyramide Distribution
Pays de production : France
Langue originale : français
Format : couleur
Genre : Drame
Durée : 90 minutes
Dates de sortie : 17 mai 2024 (Cannes) 11 décembre 2024
Distribution
Clément Faveau : Totone
Maïwène Barthelemy : Marie-Lise
Luna Garret : Claire
Mathis Bernard : Jean-Yves
Dimitry Baudry : Francis
Armand Sancey Richard : Cyril
Lucas Marillier : Pierrick
Isabelle Courajeot : Nadine
Récompenses
Festival de Cannes 2024
section Un certain regard :
Prix de la jeunesse
Festival du film francophone d'Angoulême 2024 :
Valois de diamant
Valois des étudiants
Prix Jean-Vigo 20246