Genre : Ciné région
La petite acrobate tourne dans la lueur des néons sur un fil, avant la chute. Tous les rêves meurent au son des bips des machines médicales. Après, il faut remonter sur la scène de la vie. Quoi de mieux qu’un nez rouge de clown pour faire une farce à celle-ci ?
Il est difficile, quand on côtoyait le ciel, de revenir sur terre. L’acrobate, c’est la noblesse, le clown c’est soigner les faiblesses par le rire. Ce clown-là ne se produit pas sur la piste, mais dans les couloirs aseptisés des hôpitaux, au chevet des enfants malades. Les débuts sont laborieux. Comment faire face à des enfants confinés dans les bras douloureux de la maladie et parfois aux portes de la mort. C’est le dur apprentissage de Zouzou.
Elle trouve dans le regard des petits l’espérance des matins conjugués au présent devenant des victoires, pas à pas, pour un horizon incertain. Des vies défilent, s’étirent, s’enchantent, se désenchantent, symphonie du vivant sur le fil de la vie. Zouzou franchit les obstacles, quitte les béquilles pour réapprendre le sens de l’existence et approcher de nouveau les étoiles avec ses petits protégés. Elle trouve sa voie dans ses cœurs qui battent car le rire leur apporte l’espérance.
Pour son premier long métrage, Reda Kateb choisit de rendre hommage au Rire médecin qui s’occupe à travers ces clowns, d’apporter le rire aux enfants malades. Il choisit l’histoire d’une rédemption derrière le nez rouge. Jo tombe des étoiles, aux sens propre et figuré. Impossible pour l’instant de remonter sur le fil.
Elle rentre dans la foule des anonymes sans avenir. Elle ne sait rien faire d’autre, ne vit que pour la piste du cirque et le fil pour nouer son corps autour. Gilles lui propose de rejoindre la troupe des clowns des hôpitaux. Reda Kateb choisit de nous raconter un petit conte de résilience et la noblesse de ces cabotins du rire. Jo se retrouve confrontée à un métier qui demande que l’on s’efface derrière le maquillage et qu’on laisse ses tourments fragiles au dehors.
Les débuts sont ardus. Il faut apprendre un nouveau métier pour mieux se relever. Elle découvre d’autres souffrances, celles des enfants qui commencent la vie sans aucune bonne carte en main. Elle rencontre une jeune fille que la mort accompagne comme une ombre prédatrice. Un petit qui se révolte contre l’inéluctable offrant un terrain de prédilection à la Faucheuse.
Une responsable des clowns et un docteur qui ne l’épargnent pas. La route sera longue et c’est sur le toit de l’hôpital que la rédemption commence son chemin de résilience. C’est avec tendresse et beaucoup de sentiments, sans plonger dans le pathos ni les ténèbres, que Reda Kateb parcourt le chemin. La joie et le bonheur éclatent parfois dans des farandoles de vie aux couleurs de l’arc-en-ciel.
Les lieux sont habités par l’azur du ciel, les néons des hôpitaux et les chambres noyées entre l’ombre et la lumière, passage entre la vie et la mort. La difficulté de ces associations face à l’argent, comme les infirmières parfois démunies.
C’est une galerie de personnages touchants et profonds qui nous emporte par les sentiments qu’ils développent. La caméra de Reda Kateb est portée par son sujet et nous offre quelques plans classiques de belle inspiration. Comme ce plan de Zouzou qui nous fait penser à un autre clown, Giulietta Masina dans La Strada de Federico Fellini. C’est une belle réussite pour un premier film et une expérience que l’on espère revoir.
Titre original : Sur un fil
Réalisation : Reda Kateb
Scénario : Reda Kateb et Fadette Drouard
Musique : Simon Henner
Décors : Catherine Jarrier-Prieur
Costumes : Khadija Zeggaï
Photographie : Sebastien Goepfert
Montage : Dorian Rigal-Ansous
Production : Robin Boespflug-Vonier et Stéphane Parthenay
Sociétés de production : Pyramide Productions et Universal Pictures France
Société de distribution : Universal Pictures International (France)
Pays de production : Drapeau de la France France
Langue originale : français
Format : couleur — 2,35:1
Genre : comédie dramatique
Durée : 116 minutes
Dates de sortie : 30 octobre 2024
Christian Bouillette : Monsie