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Sortie du 19 janvier

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Genre : Ciné région

L'Actu

Les sorties du 19 janvier 2022

 « The chef » (1h34) de Philip Barantini.

Juste avant le coup de feu, un chef étoilé londonien (Stephen Graham) doit faire face à un contrôle d’hygiène et se voit retirer des points. Les clients arrivent accompagnés d’un cortège de problèmes, pression, stress, frénésie, fatigue, agressivité…

Pour son premier long, le réalisateur et scénariste reprend la trame de son court métrage « Boiling point » (en français : point d’ébullition), sorti en 2019. Philip Barantini a l’avantage d’avoir réellement travaillé en cuisine pendant douze ans et ayant gravi tous les échelons a terminé chef. Il retrace ce qu’il a connu en cuisine et en salle.

Véritable prouesse technique, le film est enregistré en un unique plan-séquence d’une heure trente-quatre, c’est-à-dire que la caméra ne s’arrête jamais de tourner, qu’il n’y a pas de plan de coupe. Le chef opérateur (Matthew Lewis) caméra à l’épaule doit alors suivre les comédiens, eux-mêmes dirigés grâce à une oreillette. Se déroule alors une véritable chorégraphie répétée au cordeau ; une fois sa scène terminée l’acteur quitte le plan et la caméra suit un autre acteur dans une fluidité époustouflante.

(Voir également la grande critique de notre ami Patrick Langhenhoven)

 « Les leçons persanes » (2h07) de Vadim Perelman et « La place d’une autre » (1h52) d’Aurélie Georges.

Qu’est-ce qui rapproche les personnages centraux de ces deux films ? Le mensonge. Encore s’agit-il du « noble mensonge » tel que le définit Platon : « Mais pour le mensonge dans les paroles, n’est-il pas des circonstances où il perd ce qu’il a d’odieux, parce qu’il devient utile ? ».

Le premier film prend place en 1942, dans la France occupée. Un jeune homme, Gilles (Nahuel Pérez Biscayart), pour échapper à son exécution, affirme qu’il n’est pas Juif mais Persan. Le capitaine SS du camp (Lars Eideinger) le croit, il a besoin lui-même d’apprendre le farsi pour un projet personnel après-guerre. Gilles, affecté aux cuisines, doit alors inventer tout un lexique de mots et de règles grammaticales chaque nuit et faire la classe dans la journée.

Le deuxième film se situe, lui, en pleine guerre 14/18. Nélie Laborde (Lyna Khoudri), une jeune domestique renvoyée injustement, se retrouve infirmière sur le front. Rose Juillet (Maud Wyler), une jeune femme, bien née, meure dans ses bras. La tentation est trop grande pour Nélie, qui usurpe l’identité de la morte pour obtenir la place de lectrice chez une dame de la haute (Sabine Azéma). Et que lui lit elle ? Victor Hugo, et plus précisément « Les Misérables », dans lequel Jean Valjean usurpe l’identité de Fauchelevent, mais pour de bonnes raisons.

L’un veut sauver sa vie, l’autre aspire à une vie meilleure. Dans les deux cas, ils rendent heureuse leur victime, sans leur vouloir de mal. Et alors même que les deux victimes détestent le mensonge par-dessus tout, toutes les deux se font berner et croiront en ce mensonge, comme si ils l’acceptaient inconsciemment. Les mensonges finissent par être découverts, les conséquences seront différentes dans ces deux histoires, après un suspens bien tenu.

 « Nightmare Alley » (2h30) de Guillermo Del Toro.

Le film est tiré du roman éponyme de l’écrivain américain William Lindsay Gresham, passionné par les numéros de fête foraine et les séances de spiritisme. Le livre publié en 1946, fait l’objet d’une première adaptation au cinéma « Le charlatan » réalisé par Edmund Goulding avec Tyrone Power dans le rôle-titre.

Le projet d’une nouvelle adaptation du livre est évoquée dès 2017 et Guillermo Del Toro avoue avoir été inspiré par des films des années 40/50.

Stanton Carliste (Bradley Cooper) se fait engager au sein d’une fête foraine itinérante. Un mentaliste (David Strathairn) lui apprend les ficelles du métier, sur fond de montée du nazisme en Europe. Deux ans plus tard, Stanton et la vertueuse Molly (Rooney Mara) sont devenus célèbres grâce à leur numéro de mentaliste, qui fait fureur à New York. Il fait alors connaissance d’une psychiatre (Cate Blanchett), qui pourrait l’aider dans sa quête de pouvoir et de richesse jamais assouvie.

Un film très sombre et froid, mais brillant de par sa réalisation et sa direction artistique flamboyante.

(Voir également la grande critique de notre ami Patrick Langhenhoven)

Et aussi :

 « L’amour c’est mieux que la vie » (1h55) 50ème film de Claude Lelouch.

Trois taulards se lient d’amitié et s’associent dans une affaire honnête, une fois libérés. Seule ombre au tableau, Gérard (Gérard Darmon) est condamné par ses médecins. Ses deux potes, Philippe (Philippe Lellouche) et Ary (Ary Abittan) veulent lui offrir une dernière histoire d’amour. Ils paient les services d’une professionnelle du sexe tarifé (Sandrine Bonnaire).

Fidèle à lui-même, à sa mise en scène, au phrasé de ses comédiens, Claude Lelouch rend hommage à son propre cinéma, en incluant des extraits de ses précédents films. Ainsi Sandrine est la fille de Simon (Lino Ventura) dans « La bonne année ». Et Gérard est le fils d’Anne et de Robert Prat (Robert Hossein) dans « Les uns et les autres ». Dernier rôle ô combien émouvant de Robert Hossein, qui décèdera une semaine après la fin du tournage.

Film hommage à une carrière et premier volet d’une trilogie.

 « Los Lobos » (1h35) de Samuel Kishi Leopo.

Lucia et ses garçons – Max (8 ans) et Leo (5 ans) – ont quitté le Mexique. Ils se sont installés à Albuquerque dans l’espoir d’une vie meilleure. « Nous sommes des loups (lobos) !» leur dit-elle en partant chercher du travail. Les enfants, eux, doivent rester toute la journée dans un appartement, à la propreté douteuse, avec juste un magnétophone sur lequel la mère a enregistré les règles domestiques, et quelques chips.

C’est en partant de sa propre histoire, que le réalisateur et coscénariste nous dépeint une histoire à hauteur d’enfant. Comment occuper ses journées, lorsqu’on ne parle pas la langue du pays, que l’on est moqué par les gosses du quartier et que l’espoir le plus grand c’est d’aller au Parc Disney ? Émouvant et touchant, jamais misérabiliste, le film témoigne des moments tristes mais aussi joyeux au sein d’une famille en apprentissage d’un nouveau pays.

 Véronique Regoudy-Bazaia