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affiche Shirel Amitai Réalisatrice

Shirel Amitai Réalisatrice

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Genre : Interview

L'Actu

Scénariste de Gare du Nord, Shirel Amitai réalise son premier film. L’histoire de trois sœurs de retour en Israël pour vendre la maison de leur enfance quelques jours avant l’assassinat de Yitzhak Rabin.

TROIS SŒURS

Pourquoi réaliser votre premier film en Israël ?

J’ai eu d’abord le désir de raconter cette histoire-là et c’est ce désir qui m’a apporté l’envie de réaliser. Je ne pouvais pas imaginer raconter une autre histoire, mais maintenant, je peux.

Comment avez-vous choisi vos actrices ?

J’ai rencontré Géraldine et à partir du moment où l’on a décidé de le faire ensemble, les choix de Judith Chemla et Yaël Abecassis se sont imposés. C’était un trio organique, elles se sont soudées alors qu’elles ne se connaissaient pas. C’est trois actrices différentes venues de trois familles de cinéma et elles ont trouvé leur place dans une véritable harmonie.

Une harmonie qui semble plus difficile pour les trois sœurs…

Parce que chacune défend une position différente. Darel, la sœur aînée, c’est un peu le gardien du temple, des parents, de la maison. Elle, elle veut tout garder. Cali, elle pense qu’avant il y avait des gens qui étaient là et qu’on est bien obligés de les entendre. Et puis il y a Asia, qui est jeune et refuse la politique, elle veut s’ouvrir au monde, voyager.

Elles doivent apprendre à vivre avec leurs fantômes ?

L’invisible, c'est ce qui surgit de l’intérieur, les pensées, les rêves, les désirs, les souvenirs comme un inconscient permanent. Et politiquement, en Israël, il y a un invisible permanent qui est le passé, de savoir comment les générations ont évolué. Mais si on arrivait à voir nos fantômes, on pourrait peut-être commencer à faire le ménage. À les faire taire, car ils ne sont que des idées et, nous, nous sommes vivants. Quand on est en paix avec nos fantômes, on peut s’ouvrir à l’amour parce qu’on a libéré de la place.

Comme Une bouteille à la mer ou Le fils de l’autre, c’est un film français qui prône un message de paix sur un conflit extérieur : n’est-ce pas un peu compliqué, voire naïf, comme démarche ?

C’est compliqué, c’est sûr et peut-être un peu naïf… Mais la seule chose que j’ai envie de dire c’est soyons nombreux à parler de paix.

Propos recueillis par Laurence Kempf