The Shameless
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Genre : Ciné région
L'Actu
The Shameless
Genre : Drame
Pays : Bulgarie
Durée : 1h56
Réalisateur : Konstantin Bojanov
Acteurs : Anasuya Sengupta, Omara Shetty, Mita Vashisht
Un bordel à Dehli, une lame, du sang et la fuite dans la nuit de Renuka. Elle abandonne ce lieu minable pour un autre clandé, ailleurs, à Chhatrapur, dans l’Inde du nord. Elle pense échapper à la police et trouver un moyen de construire une nouvelle vie, sans clients, dans un autre pays. C’est ici, au cœur de l’Inde traditionnelle, qu'elle croise le chemin de la jeune Devika. Cette dernière se consacre à la déesse Yellamma
Dans un rituel religieux, sa mère vendra sa première nuit de femme pour honorer la divinité. Devika s’attache à Renuka, jeune femme libre ne cédant rien. Dans ce monde patriarcal, elles doivent imposer leurs choix de toutes leurs forces, ce qui n’est pas facile. Renuka et Devika partagent un désir commun, interdit dans ce pays marqué par des siècles de tradition, où la femme n’est rien.
Elles décident de fuir ensemble, aspirant à d'autres horizons que les murs sordides d’une chambre de passe. Sous l’influence de Renuka, Devika ose dire non et choisir sa propre destinée. La société ne voit pas d’un bon œil la rébellion de ces deux femmes et entend bien les faire rentrer dans le rang, mais à quel prix.
C’est en préparant un documentaire sur une travailleuse du sexe, Devadasi, dans l’Inde du nord, que le réalisateur a eu l’idée du film. The Shameless s’inspire de cette pratique interdite, mais encore ancrée dans un pays oscillant entre modernité et tradition. Elle remonte à plusieurs siècles. En Inde, des filles prépubères sont consacrées au service de la divinité Yellamma, les condamnant essentiellement à une vie de prostitution. Elle est parfois vue comme l’incarnation de Kali, symbolisant la mort du moi. Le dernier État à interdire cette pratique fut le Karnataka dans les années 1980.
The Shameless est un film noir, nihiliste, coup de poing, une ligne droite entre sacrifice, désir, et fuite vers un horizon que l’on espère meilleur. Il laisse une petite place à la rédemption, un trou de lumière dans les ténèbres. C’est une descente en enfer dans une course folle pour échapper à une condition de misère. Anasuya Sengupta, récompensée par le prix d’interprétation féminine à la Semaine de la Critique est remarquable dans le rôle de Renuka. Elle lui donne toute la fougue, l’intensité de la rébellion dans un incendie intense qui brûle son âme. Elle refuse le diktat du patriarcat et assume cette passion interdite qui la lie à Devika. Omara Shetty est l’autre face de cette même pièce, la partie plus sensible.
Elle cache dans son cœur cette révolte qui gronde et ce destin de prostituée sacrée qu’elle refuse. Elles vont devoir lutter contre une société qui ne leur accorde qu’une unique place, celle de putains. Divine pour Devika et intouchable pour Renuka, elle remonte aux premiers temps de l’Inde quand les nomades envahissent le pays et créent les castes. The Shameless touche à la noirceur du monde.
Il ne nous laisse aucun répit, aucune pause pour respirer dans une réalisation en abîme. Les scènes les plus crues restent suggérées, jouant sur le son, et rarement un visage de souffrance. Le bonheur est ailleurs, il n’a pas sa place dans les rues sombres du Pigalle de Chhatrapur.
Cette violence morale et physique nous accompagne jusqu’au finale en apothéose, touchant le fond de la noirceur humaine. Nous pouvons le voir comme une métaphore de l’Inde actuelle, prisonnière de ses traditions qui l’empêchent de toucher le ciel d’azur. C’est une mise en scène radicale en clair-obscur, jouant sur les cadres aux couleurs multiples, entre le rouge de la vie, de la rébellion, et la couleur bleue de la sérénité, la vérité, la tristesse et la mélancolie.
La mise en scène s’égare parfois dans des écarts oniriques trop rapides et complexes. The Shameless est un film audacieux abordant des thèmes transgressifs comme l’homosexualité, la violence d’une société envers les femmes, le sacrifice, la liberté, l’émancipation face aux traditions. Il faut accepter de plonger dans ce trou noir, dans un cosmos où aucune étoile ne brille pour vous indiquer la sortie.
Patrick Van Langhenhoven
Fiche technique
Titre Original : THE SHAMELESS
Réalisé par : Konstantin Bojanov
Casting : Anasuya Sengupta, Omara Shetty, Mita Vashisht, Auroshikha Dey, Tanmay Dhanania
Genre : Policier, Drame, Thriller
Sortie : 14 mais 2025
Un bordel à Dehli, une lame, du sang et la fuite dans la nuit de Renuka. Elle abandonne ce lieu minable pour un autre clandé, ailleurs, à Chhatrapur, dans l’Inde du nord. Elle pense échapper à la police et trouver un moyen de construire une nouvelle vie, sans clients, dans un autre pays. C’est ici, au cœur de l’Inde traditionnelle, qu'elle croise le chemin de la jeune Devika. Cette dernière se consacre à la déesse Yellamma
Dans un rituel religieux, sa mère vendra sa première nuit de femme pour honorer la divinité. Devika s’attache à Renuka, jeune femme libre ne cédant rien. Dans ce monde patriarcal, elles doivent imposer leurs choix de toutes leurs forces, ce qui n’est pas facile. Renuka et Devika partagent un désir commun, interdit dans ce pays marqué par des siècles de tradition, où la femme n’est rien.
Elles décident de fuir ensemble, aspirant à d'autres horizons que les murs sordides d’une chambre de passe. Sous l’influence de Renuka, Devika ose dire non et choisir sa propre destinée. La société ne voit pas d’un bon œil la rébellion de ces deux femmes et entend bien les faire rentrer dans le rang, mais à quel prix.
C’est en préparant un documentaire sur une travailleuse du sexe, Devadasi, dans l’Inde du nord, que le réalisateur a eu l’idée du film. The Shameless s’inspire de cette pratique interdite, mais encore ancrée dans un pays oscillant entre modernité et tradition. Elle remonte à plusieurs siècles. En Inde, des filles prépubères sont consacrées au service de la divinité Yellamma, les condamnant essentiellement à une vie de prostitution. Elle est parfois vue comme l’incarnation de Kali, symbolisant la mort du moi. Le dernier État à interdire cette pratique fut le Karnataka dans les années 1980.
The Shameless est un film noir, nihiliste, coup de poing, une ligne droite entre sacrifice, désir, et fuite vers un horizon que l’on espère meilleur. Il laisse une petite place à la rédemption, un trou de lumière dans les ténèbres. C’est une descente en enfer dans une course folle pour échapper à une condition de misère. Anasuya Sengupta, récompensée par le prix d’interprétation féminine à la Semaine de la Critique est remarquable dans le rôle de Renuka. Elle lui donne toute la fougue, l’intensité de la rébellion dans un incendie intense qui brûle son âme. Elle refuse le diktat du patriarcat et assume cette passion interdite qui la lie à Devika. Omara Shetty est l’autre face de cette même pièce, la partie plus sensible.
Elle cache dans son cœur cette révolte qui gronde et ce destin de prostituée sacrée qu’elle refuse. Elles vont devoir lutter contre une société qui ne leur accorde qu’une unique place, celle de putains. Divine pour Devika et intouchable pour Renuka, elle remonte aux premiers temps de l’Inde quand les nomades envahissent le pays et créent les castes. The Shameless touche à la noirceur du monde.
Il ne nous laisse aucun répit, aucune pause pour respirer dans une réalisation en abîme. Les scènes les plus crues restent suggérées, jouant sur le son, et rarement un visage de souffrance. Le bonheur est ailleurs, il n’a pas sa place dans les rues sombres du Pigalle de Chhatrapur.
Cette violence morale et physique nous accompagne jusqu’au finale en apothéose, touchant le fond de la noirceur humaine. Nous pouvons le voir comme une métaphore de l’Inde actuelle, prisonnière de ses traditions qui l’empêchent de toucher le ciel d’azur. C’est une mise en scène radicale en clair-obscur, jouant sur les cadres aux couleurs multiples, entre le rouge de la vie, de la rébellion, et la couleur bleue de la sérénité, la vérité, la tristesse et la mélancolie.
La mise en scène s’égare parfois dans des écarts oniriques trop rapides et complexes. The Shameless est un film audacieux abordant des thèmes transgressifs comme l’homosexualité, la violence d’une société envers les femmes, le sacrifice, la liberté, l’émancipation face aux traditions. Il faut accepter de plonger dans ce trou noir, dans un cosmos où aucune étoile ne brille pour vous indiquer la sortie.
Patrick Van Langhenhoven
Fiche technique
Titre Original : THE SHAMELESS
Réalisé par : Konstantin Bojanov
Casting : Anasuya Sengupta, Omara Shetty, Mita Vashisht, Auroshikha Dey, Tanmay Dhanania
Genre : Policier, Drame, Thriller
Sortie : 14 mais 2025
