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affiche Sarlat 2013 Prix

Sarlat 2013 Prix

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Genre : Festival Cinéma

L'Actu

Le train file dans la campagne périgourdine, les paysages de rêve où se noie le soleil s’effacent pour s’arrondir et devenir des plaines où le blé masque l’horizon. Les pas des lycéens ne résonnent plus sur le pavé de Sarlat, chacun retrouve sa ville, sa tanière où accrocher ses souvenirs. Une dernière fois, les prix tombent comme les feuilles de l’automne qui ne tarderont pas à couvrir le pavé de la ville de couleur or. Le festival du film de Sarlat, c’est aussi des rencontres autour du cinéma, des ateliers, des conférences et surtout des films qui résonnent encore dans les petites têtes blondes, de quoi attendre la Noël.

La « Salamandre d'or », meilleur film désigné par le vote du public, est attribuée à L'épreuve d'une vie de Nils Tavernier. Nous saluons ce beau choix pour ce film qui brise les idées reçues sur le handicap. C’est aussi une belle rencontre entre un fils et son père, ce dernier ferme les blessures, le refus, pour enfin ouvrir son cœur et ses bras. Tendresse et émotion allument les feux de la passion dans une mise en scène où le paysage, l’espace, brisent cette impossibilité de marcher, quitter le fauteuil pour la prairie.

Prix des lycées, le vote des lycéens  choisit Les garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne, c’est bon choix. Les apparences, les idées reçues se fracassent sur les rives du rire pour ce petit garçon que l’on a pris à tort pour une fille. Guillaume Gallienne reçoit aussi  le prix d'interprétation masculine.

Prix du jury jeunes Playstation : Casse-tête chinois de Cédric Klapisch, c’est par liaison satellite que Cédric Klapisch remercie son public, nous nous retrouverons peut-être dans dix ans pour voir comment Xavier se dépatouille avec la cinquantaine.

Parangon du film générationnel français dès son second film (Le péril jeune), Cédric Klapisch pose la première pierre de sa saga en 2001 avec L’auberge espagnole où l’on fait la connaissance d’une bande d’étudiants européens déjantés, échoués en Espagne dans le cadre du programme Erasmus. Quatre ans plus tard, on retrouve tout ce petit monde, trentenaire, réuni pour célébrer un mariage à St Pétersbourg dans Les Poupées Russes. C’est le temps des premiers bilans, d’une certaine stabilité et d’un accomplissement salvateur. Et puis, arrive Casse-tête chinois. Après avoir laissé mijoter ses personnages durant près de 10 ans, Klapisch les retrouve à New York, une ville à la hauteur des tumultes que va traverser Xavier, quadra, toujours perdu dans ses sentiments et dans cette nouvelle ville qu’il va devoir une fois de plus adopter.

C’est Karin Viard qui reçoit  le prix d'interprétation féminine pour  Lulu femme nue de Solveig Anspach.

*« Le cœur, quand ça bat plus, c´est pas la peine d´aller chercher plus loin, faut laisser faire et c´est très bien »

Lulu vient de se faire jeter de son dernier entretien d’embauche, elle ne se presse pas de rentrer à la maison. À quoi bon retrouver un foyer avec ses enfants presque indépendants, et un mari qui se fout pas mal du son de son cœur, de son âme et de son spleen montant comme la mer, encore moins. C’est ainsi qu’elle se retrouve seule dans la ville, errant au fil des maux de l’âme, en quête d’un sésame pour ouvrir un autre avenir. Elle croise la route de Charles, un soir où la plage est morose et le cœur prend le large comme un vol de flamants roses.

Le film tient beaucoup sur son trio. Karin  Viard donne à cette femme tout le poids de l’enfermement intérieur et extérieur, jouant sur sa fragilité, ses silences, ses errances, pour mieux la porter sur les terres en devenir. Claude Gensac, longtemps la femme du Gendarme (Louis de Funès), nous propose une mamie indépendante et libertaire avant l’émancipation sexuelle de la femme, tout l’inverse de Lulu. Enfin, Bouli Lanners nous offre un Arlequin tout en couleurs et en force de vie que la prison n’a pas brisée. Ensemble ils sont fin prêts pour le vrai temps du bonheur et du partage. C’est donc un film initiatique, comme on dit, où Lulu retrouve le goût de vivre, qu’elle n’avait jamais eu, peut-être. 

Nous terminerons avec deux prix, le court métrage : La Fugue de Jean-Bernard Marlin et du film réalisé par les lycéens : Loops par le Lycée Leconte de Lisle à Sainte Clotilde (île de la Réunion)

Cette fois le mot fin s’inscrit sur l’écran. Le générique nous donne les prestataires, la ville de Sarlat, des étudiants enthousiastes, une directrice du tourisme sympathique et  Muriel qui nous guide depuis toujours dans les allées où la pluie viendra effacer nos pas. Mais dans un an nous recommencerons la danse avec toujours le même plaisir.

Patrick Van Langhenhoven

 Crédit photos festival du film  de Sarlat

pour plus d'info : http://www.festivaldufilmdesarlat.com/