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affiche Sarah Bernhardt, La Divine

Sarah Bernhardt, La Divine

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Genre : Ciné région

L'Actu

Sarah Bernhardt, La Divine
Genre : Biographie
Pays : France
Durée : 1h38
Réalisateur : Guillaume Nicloux                                                                                                                       
Acteurs : Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Amira Casar

« Laissez-moi, il faut que je me quitte »

L’histoire s’ouvre sur une Sarah Bernhardt agonisant avec beaucoup d’effets, vérité ou mensonge ? Coup de théâtre ! Ce n’est qu’un finale sur scène qu’elle affectionnait. Nous allons découvrir la personnalité étonnante, détonante, de la plus grande comédienne jamais égalée. Nous voici donc de l’autre côté du rideau, quand la salle se vide et que reste l’intime. Le « monstre sacré » terme inventé par Jean Cocteau, doit se faire amputer par un de ses anciens amants.

L’opération se passe sans heurt et voilà le temps des visites et des souvenirs. Nous remontons ce dernier, pour arriver au grand amour de la comédienne, Lucien Guitry. Il choisit le moment, quand on célèbre le talent de Sarah Bernhardt par un jubilé, pour lui annoncer que tout est fini. La belle qui n’a pas encore perdu sa jambe, accepte mal cette fin d’une histoire. Elle tempête, hurle, se fait muse du désespoir, sans aucune honte. C’est une femme amoureuse qui se venge avec peu de grâce.

C’est une valse d’allers et retours dans les méandres du passé et les grands moments de la Divine que cette histoire marquera profondément. Elle perd une jambe mais dévoile enfin la vérité à Sacha Guitry, le fils de Lucien, sur cette fâcherie.  Cette jambe est l’occasion des retrouvailles, du pardon, de l’oubli, du retour sur scène et dans la vie de « l'Impératrice du théâtre ». Elle est bien décidée à la dévorer sans compter.

« Quand même »

Nous découvrons bien avant l’âge d’or du féminisme, une femme volontaire, bourrée de talent, passionnée, comme Bardot, des animaux. Le portrait d’une telle personnalité qui marqua non seulement le théâtre mais son époque n’est pas évident. Dans un jeu d’allers et retours entre fiction et réalité, Guillaume Nicloux choisit l’amour pour guide. A l’image de Piaf, Sarah Bernhardt aura aimé sans concession, sans contrainte.

 Elle brûlera de tous les feux de la passion, hommes, femmes, à une époque éprise des conventions. Elle brisera ces dernières, se laissant emporter par le jeu de la comédienne jusque dans la vie, parfois. Tout est théâtre, sur les planches et sur la scène de l’existence. Elle invente le théâtre moderne que le cinéma muet n’hésitera pas à copier dans son exagération.

« Ne vous en faites pas, le trac, cela viendra avec le talent » Sarah Bernhardt.

Elle s’entoure d'animaux exotiques, comme ce lynx que l’on peut voir sur un de ses portraits. Elle ne renie rien de la vie, la dévore à pleines dents pour, peut-être, oublier des débuts difficiles. Guillaume Nicloux reste sage, lui qui nous avait habitués à briser les conventions par des chemins de traverse. La mise en scène est somptueuse et le choix de Sandrine Kiberlain parfait dans le rôle de Sarah Bernhardt.

Comme elle le dit dans une interview « C’est une femme que l’on réduisait à la tragédienne déclamante, mais qui a été bien plus que ça, elle est à l’origine du féminisme », affirme-t-elle. « On ne peut la comparer à personne. » Elle endosse le costume et la personnalité de la Divine avec beaucoup de talent et de rire. Ce rôle, comme elle le dit, se répercute sur sa carrière de comédienne et dans la sphère privée.

« Pour moi, son nom évoquait une personnalité un peu poussiéreuse mais grandiose, une tragédienne dotée d’un vibrato sans fin, note l’actrice. Je le sais car petite, quand j’en faisais trop, on me disait : “Arrête de faire ta Sarah Bernhardt !” ». Sarah Bernhardt, La Divine oscille comme le balancier de l’horloge du temps entre le moment de son amputation et le jubilé d’une carrière bien remplie.

Entre les lignes se glisse une romance inventée entre la comédienne et Lucien Guitry. C’est l’occasion de découvrir tout un monde, entre les salons feutrés, l’évocation des tournées internationales et ses rapports aux autres. La reconstitution est parfaite, le jeu des acteurs et actrices sans défaut mais il manque cette touche de l’improbable, de l'ordinaire bousculé pour se métamorphoser en cet extraordinaire que l’on aime chez le réalisateur. Il reste un regard juste qui permettra de mieux comprendre et découvrir Sarah Bernhardt.
 
Patrick Van Langhenhoven  
 




Fiche technique


 Titre original : Sarah Bernhardt, La Divine
    Réalisation : Guillaume Nicloux
    Scénario : Guillaume Nicloux et Nathalie Leuthreau
    Musique : Reynaldo Hahn
    Photographie : Yves Cape
    Montage : Guy Lecorne et Karine Prido
    Décors : Olivier Radot
    Costumes : Anaïs Romand
    Producteurs : François Kraus et Denis Pineau-Valencienne
    Société de production : Les Films du kiosque1
    Distribution : Memento Distribution (France)
    Pays de production : Drapeau de la France France
    Format : Couleurs
    Genre : drame biographique, romance
    Durée : 98 minutes
    Dates de sortie :1er septembre (festival du d'Angoulême) 18 décembre 2024

Distribution

    Sandrine Kiberlain : Sarah Bernhardt
    Laurent Lafitte : Lucien Guitry
    Amira Casar : Louise Abbéma
    Pauline Étienne : Suzanne
    Mathilde Ollivier : Charlotte Lysès
    Laurent Stocker : Pitou
    Samuel Brafman-Moutier : Jules Huret
    Sylvain Creuzevault : Edmond Rostand
    Clément Hervieu-Léger : Georges Clairin
    Arthur Igual : Emile Zola
    Grégoire Leprince-Ringuet : Maurice Bernhardt
    Arthur Mazet : Sacha Guitry
    Sébastien Pouderoux : Samuel Pozzi