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affiche Retour sur le festival d'Annecy

Retour sur le festival d'Annecy

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Genre : Festival Cinéma

L'Actu

Retour sur le festival d'Annecy. Malgré la grande variété des œuvres projetées, l'ambiance n'y fut pas au beau fixe. Était-ce dû à la noirceur de films en compétition officielle? Au temps morose ou bien à l'étonnante absence de festivités? Il est à noter que les organisateurs n'ont pas brillé d'imagination pour mettre en valeur cet événement! Pas d'affiches dans les rues de la vieille capitale ducale, aucun drapeau tricolore tans-alpin, encore moins de rouge! C'est bien simple, des Anneciens était ignorants du fait!

Un exemple de malaise ambiant: lors de la projection au public du chef d'œuvre restauré Le désert des Tartares de Valerio Zurlini (1976)en présence de Jaques Perrin et du chef opérateur Luciano Tovoli, quelle ne fut pas la déconcertante surprise du comédien et du public de voir le délégué  du festival , l'interrompre et lui couper la parole afin d'intimer l'ordre aux trois (!) malheureux photographes d'arrêter de prendre des clichés, cela l'indisposant ! Pris de court, le malheureux Perrin retourna à son exposé après quelques secondes, décontenancé. , le public, lui, fut refroidi (nous sommes pourtant dans les Alpes)...

Autre déception, la  Soirée de Palmarès. Se tenant dans la plus grande salle du cinéma Le Décavision, les festivaliers durent faire la queue à côté du public habituel du samedi soir, venu voir Planes ou autres réjouissances de fin de semaine.

Le Délégué général du Festival, là encore, gâcha un peu la fête avec ses plaisanteries à répétition surs les « médailles en chocolat ». Une fois, cela passe. Mais à chaque remise de trophée, cela lasse! Stéphane Freiss autant que Jean-Christophe Folly, interprète de La Prima Neve venu recevoir le Grand Prix du Jury au nom de son réalisateur absent, Andrea Segre, se sont amusés à l'en moquer.

Le Jury, cette année sous la présidence de Vittorio Boarini et composé de, nous l'avons dit, Stéphane Freiss, Giancarlo Basili, Enzo D'Alo et André Vallini a décerné le Prix Sergio Leone à Roberto Ando' pour son remarquable Viva la Liberta! Le Grand Prix du Jury, ainsi que nous l'avons expliqué plus haut, est revenu à La Prima Neve, le grand vainqueur cette année, puisqu'il a également reçu le Prix du Public! Quant aux prix récompensant les meilleures interprétations masculine et féminine, ils reviennent respectivement à Silvio Orlando pour son rôle de flic dans La variabile humana (la variable humaine), et à Francesca Ferrazzo pour Amoreodio (amour haine). A noter qu'elle fut l'une des rares de la profession à avoir fait le déplacement. Elle a expliqué combien ce rôle avait été pénible psychologiquement à interpréter (d'autant que c'est son premier rôle), tant le personnage qu'elle incarne est sombre et torturé.

Dans l’ensemble le Président s'est félicité de ce que la sélection reflète à merveille la diversité et le dynamisme du cinéma Italie contemporain, ainsi que sa société. Notons cette anecdote savoureuse: s'en expliquant, en français, Stéphane Freiss s'est déclaré très étonné de « découvrir ce soir que Monsieur le Président parle parfaitement français, alors que nous nous sommes arrachés les cheveux à délibérer en italien! »

La CICAE (Confédération Internationale des Cinémas d'Arts et Essais) est quant à elle venue décerner son Prix à Elisa Fuksas pour son film Nina. Absente de même...

Nous avons quelques difficultés à comprendre le Jury dans le choix de ses récompenses. La Variabile humana est un film terne et plat, à mi-chemin en le drame et le polar, perdu entre les deux genres s'en en réussir aucun, de ce fait raté. Son scénario d'une banalité affligeante n'a pas les rebondissements ni l'intrigue d'un policier, ni les tensions tragiques qui soutiendraient un drame familial suite au deuil de la mère. Razzabstarda est beaucoup plus puissant, esthétiquement riche, au scénario plus charnu et aux personnages bien développés. Les jeux des comédiens sont admirables et forts. Filmé en noir et blanc, il peint les tensions ethniques et sociales de l'Italie moderne. À merveille et fort justement.

Nina est une petite perle, un film très coloré, joyeux, à la photographie sophistiquée et à la bande son étonnante. Rome est muette! Seuls la musique classique et le chant des grillons sont audibles. Tourné dans le quartier EUR (lieu de l'Exposition Universelle de Rome prévue avant-guerre pour 1942 et qui n'eut jamais lieue), qui possède une architecture émoustillante pour un cinéaste.

Quant à SU RE, Passion Christique tournée en noir et blanc également, transposée en Sardaigne dans des lieux insolites, à l'instar des œuvres picturales du Moyen-Age et de la Renaissance, qui racontaient des épisodes de l'Évangile en les adaptant à leur époque, leur pays, leurs costumes. Ainsi SU RE est tourné en Sarde par des non professionnels; sa narration n'est pas chronologique. C'est certes un film austère, mais audacieux!

Il est regrettable qu'après trente et une éditions, ce festival, riche pourtant par sa programmation officielle et ses nombreuses rétrospectives, ne se soit toujours pas donné les moyens de ses ambitions (mais en a-t-il?....) car lorsque l'on pense festival italien, c'est presque automatiquement que le nom de Villerupt vient à l'esprit!