Les parasols de la plage retrouvent le silence de la vague murmurant des mots d’amour aux petits amoureux de passage. Les tapis rouges s’enroulent, les affiches de films émouvants, tendres et drôles retrouvent les cartons du silence. Une petite brise soulève un nuage de sable. Au loin, les mouettes rient, baignées du soleil de l’été indien qui prend fin. C’est loin l’Amérique demande une petite fille ? C’était ici, lui répond sa mère. Dix jours d’Amérique remontent le temps  à travers des films, des blessures, des rêves d’ailleurs. Un regard sur une société à l’image de la nôtre, bousculée par des évènements qui la bousculent, l’interrogent, la fracturent en de multiples étincelles d’un incendie brisant le présent pour construire l’avenir. Il nous reste les instants fragiles d’émotion partagée, le bel hommage de Charlotte, présidente du jury, à sa mère Jane. Dans cette compétition et les premières défilent les démons de l’Amérique, ses peurs, ses joies et beaucoup de retour à la terre, au quartier de l’enfance, à soi. Beaucoup d’espérance, de blues des cœurs brisés en quête d’un avenir meilleur, quitte à en payer le prix. Des hommages à des acteurs, « Il n’y a pas d’autre récompense pour un acteur que celle d’apprendre. Et c’est la connaissance qui construit les acteurs les plus solides. » Michael Shannon.

Hommage à des actrices. Dylan Penn est remarquable sous la caméra de son père dans « Flag Day ». La Croisette s’est de nouveau invitée pour nous proposer un pont entre Deauville et Cannes. Le cinéma français chaque soir nous livrait une de ses pépites, parfois en écho aux thématiques du cinéma indépendant américain. N’oublions pas les documentaires, un regard sans concession sur cette Amérique d’hier et d’aujourd’hui, annonçant celle de demain. Des anecdotes comme la femme du réalisateur Barry Alexander Brown devenue traductrice. Elle me propose de prolonger notre duo avec d’autres talents. Une fois de plus, ce festival nous aura enchanté, enthousiasmé, parfois laissé le cœur en morceau sur ce monde qui est le nôtre. Il nous faut remercier Camille, Bruno, David et tous les autres, hôtesses, service d’ordre qui sur scène ou dans les coulisses font le maximum pur transformer ces dix jours de travail en vacances. Il est temps d’en venir au prix. Pour nous, tous ces films portent en eux une fragrance d’espérance, de magie, un cadre, un instant remarquable comme nous le disait lors d’une interview le réalisateur israélien Eran Riklis.

Le jury présidé récompense deux histoires de retour et un rêve venu se briser sur les sunlights.    

 Le jury de la 47ème édition du Festival du Cinéma américain de Deauville, présidé par Charlotte Gainsbourg, entourée de Bertrand Bonello, Delphine de Vigan, Mikhaël Hers, Garance Marillier, Fatou N’Diaye, Denis Podalydès, Marcia Romano, et SebastiAn a décerné les prix suivants :

Grand prix : « Down With the King », de Diego Ongaro.

Retour à la nature, un rappeur retiré au fin fond de la campagne se voit fermier.

 Prix du jury : « Red Rocket », de Sean Baker.

Une pornstar revient au bercail après des années. Simon Rex nous livre une interprétation profonde et désabusée d’un homme en quête d’un sens à donner à sa vie.

 Prix du jury : « Pleasure », de Ninja Thyberg.

Bella, jeune suédoise, rêvait de la carrière de Mickey Saber dans Red Rocket. Elle fera tout pour atteindre le sommet au risque de s’y perdre.

Le jury de la Révélation de la 47ème édition du Festival, présidé par Clémence Poésy, entourée de Céleste Brunnquell, India Hair, Lomepal et Kacey Mottet Klein, a décerné les prix suivants :

Prix Fondation Louis Roederer de la Révélation : « John And The Hole », de Pascual Sisto.                                            John, 13 ans, réserve une belle surprise à ses parents. L’indépendance peut vous jouer un drôle de tour. 

Prix du Public de la Ville de Deauville : « Blue Bayou », de Justin Chon.                                                              Antonio LeBlanc, d’origine américano-coréenne, a été adopté et a passé sa vie dans un petit village du Bayou de Louisiane. Il sera rattrapé par son passé.

 Prix d’Ornano-Valenti : « Les Magnétiques », de Vincent Maël Cardona.

Le Jury de la Critique, composé de 5 journalistes, a décerné son prix à : « Red Rocket » de Sean Baker

 Patrick Van Langhenhoven

 Crédit Photos : Michel Haumont.