Pépé Le Moko
Genre : Policier
Pays : France
Durée : 1h34
Réalisateur : Julien Duvivier
Acteurs : Jean Gabin, Mireille Balin, Line Noro
Pépé le Moko est le caïd de la Casbah d’Alger. Dans cette cour des miracles exotique, il est le cador des voyous. Le gouvernement souhaite mettre la main sur le parrain des malfrats échappant à leurs filets malgré les quelques descentes surprises. L’inspecteur Slimane a sa petite idée pour s’en emparer. Pépé rêve de la capitale et de ses quartiers populaires, Pigalle, Montmartre et des plus chics. Quand la belle Gaby, en balade dans la Casbah des mauvais garçons, débarque, le cœur du voyou se met à battre pour la belle. Elle succombe au charme de Pépé le Moko qui se laisse charmer par ses beaux yeux. Inès, sa compagne du moment, comprend que le diable d’homme lui échappe. Slimane comprend qu’il tient une piste pour faire descendre Pépé l’intouchable en ville. Hors de la Casbah, il n’aura aucun mal à arrêter le caïd et mettre fin à pas mal de trafics. Il est certain que cette histoire finira mal.
« Avoir l’air du faux jeton à ce point-là, je te jure, c’est vraiment de la franchise » Pépé Le Moko à l’inspecteur Slimane.
Pépé Le Moko appartient aux films mythiques de l’histoire du cinéma français. C’est la grande période d’un Gabin en tombeur de ces dames, jouant les voyous au grand cœur, les ouvriers dans un style nouveau. Gabin est un acteur naturel, venu du music-hall, qui s’impose avec sa « gueule d’amour », son charisme et surtout un jeu loin du théâtre. Il endosse le costume de personnages souvent en marge de la société, comme Pépé Le Moko. Le scénario, assez simple, un voyou rencontre une fille de la haute succombant à son charme. Pépé le Moko rappelle à Gaby une jeunesse loin de son présent de femme entretenue et dépendante. C’est ce qui les rapproche, avec la nostalgie de la capitale et des quartiers qu’ils égrènent ensemble. La romance est enveloppée dans un canevas aux couleurs du polar avec son lot de mensonges, de trahisons, d’inspecteurs que les voyous baladent. Le film appartient à un des courants importants du cinéma français, le réalisme poétique, souvent imprégné du mélodrame tragique. C’est ce romantisme désespéré et cette dimension de l'échec, poussée à son paroxysme par Julien Duvivier.
Jacques Krauss, pour la facilité du tournage, reconstitue la Casbah dans les studios de Joinville-le-Pont. On retrouve les dialogues d’Henri Jeanson qui ne sont pas pour rien dans le classement en mythe du film. Le couple formé par Gabin et Mireille Balin s’échappe pour préparer le tournage et vivre une belle histoire d’amour secrète. L’autre intérêt du film, ce sont ses seconds rôles qui marquent le cinéma français, offrant un écrin aux acteurs de premier plan. Dans la galerie des figures incontournables du genre, Lucas Gridoux dans la peau de l’inspecteur Slimane, fourbe, est remarquable. C’est sans doute grâce à tous ces éléments que Pépé Le Moko traverse le temps en gardant une certaine aura. La mise en scène de Julien Duvivier, comme dans un huis clos, donne vie à une Casbah crédible et surtout, porte pour tous ces exilés la nostalgie de Paris. Elle est incarnée par la chanteuse déchue, jouée par Fréhel, qui entonne un air évoquant sa gloire et sa beauté passées. La caméra du réalisateur montre un lieu qui est à la fois un asile mais aussi une prison. Il est renforcé par cette échappée par les toits où pointe le ciel bleu, comme unique ouverture. Pépé le Moko reste un film qui mérite d’être redécouvert pour mieux comprendre l’âge d’or du cinéma français et son impact mondial.
Patrick Van Langhenhoven
DVD
Distributeur : Canal
Vidéo : Format 4/3, Format DVD-9, Film en Noir et Blanc
Son : Français Dolby Digital 2.0 mono
Sous titres : Français Sourd et malentendant
Bonus :
Niro avant De Niro un certain Jean Gabin un documentAire de Dominique Maillet
ce dernier raconte, la fabrication et le tournage du film avec de nombreuse anecdotes.
Fiche technique
Titre : Pépé le Moko
Réalisateur : Julien Duvivier
Scénario : Julien Duvivier et Henri La Barthe, d'après le roman de ce dernier (sous le nom de Détective Ashelbé)
Adaptation : Jacques Constant
Dialogues : Henri Jeanson
Assistant réalisateur: Robert Vernay
Montage : Marguerite Beaugé
Image : Jules Kruger et Marc Fossard
Son : Antoine Archimbaud
Musique : Vincent Scotto et Mohamed Iguerbouchène
Chanson : Où est-il donc ?, paroles d'André Decaye/Lucien Carol et musique de Vincent Scotto, est interprétée par Fréhel
Décors : Jacques Krauss
Production : Paris Film, Robert et Raymond Hakim
Directeur de production : André Gargour
Régisseur général : Jean Erard, Lucien Pinoteau
Date de tournage : 1936
Lieux de tournage : Casbah d'Alger, Sète et Marseille, pour les extérieurs, et dans les studios Pathé-Cinéma
Pays d'origine : France
Format : Noir et blanc — 1.37:1 — Monophonique (RCA Photophone System) — 35 mm
Genre : Policier, romantique
Durée : 94 minutes
Dates de sortie : 28 janvier 1937
Sortie Vidéo restaurée BR et Dvd : 16 octobre 2024
Distribution
Jean Gabin : Pépé le Moko
Mireille Balin : Gaby Gould, la belle Parisienne
Line Noro : Inès, la maîtresse de Pépé
Lucas Gridoux : Slimane, l'inspecteur algérien
Fernand Charpin : Régis, l'indicateur
René Bergeron : l’inspecteur Meunier
Marcel Dalio : l’Arbi, un mouchard
Fréhel : Tania
Gilbert Gil : Pierrot, le jeune ami de Pépé
Gabriel Gabrio : Carlos, un homme de la bande
Saturnin Fabre : le grand-père
Roger Legris : Max, un homme de la bande
Gaston Modot : Jimmy, un homme de la bande
Olga Lord : Aïcha
Renée Carl : la mère Tarte
Charles Granval : Maxime Kleep, protecteur de Gaby
Philippe Richard : l’inspecteur Janvier
Jean Temerson : M. Gravère, un ami de Maxime Kleep
Paul Escoffier : le commissaire Louvain
Robert Ozanne : Gendron
Georges Peclet : Barsac
Franck Maurice : un inspecteur
Antoine Mayor : un figurant dans le bled