Mémoires d’un Escargot
Genre : Drame
Pays : Australie
Durée : 1h34
Réalisateur : Adam Elliot
Acteurs : Sarah Snook, Jacki Weaver, Eric Bana
« Papa disait que l’enfance, c’est comme l’ivresse. Tout le monde se rappelle ce que vous avez fait, sauf vous. »
« La vie, c’est comme une boîte de chocolats. On ne sait jamais sur quoi on va tomber. » Grace est tombée sur les chocolats les plus mélancoliques, les écueils de la vie, sans cerise ni eau-de-vie pour réchauffer le cœur. Son existence ressemble à un immense kintsugi, un art japonais consistant à réparer les objets en gardant leurs fractures.
Elle commence comme un petit bonheur dans le ventre de maman avec Gilbert, son jumeau. Ils viennent au monde quand cette dernière le quitte. « Nous étions deux âmes avec un seul cœur ». Les petits malheurs s’accumulent. « La tristesse a toujours été un membre à part entière de la famille. »
Leur père devient alcoolique comme le type qui l’a laissé paraplégique. Qu’importe, cet ancien saltimbanque des rues ne laisse pas la vie, cette garce, le jeter à terre. Grace trouve dans les escargots un sens à donner à son existence. Comme eux, elle se forge une coquille pour avancer. Gilbert adore le feu au point de vouloir le manger.
À la mort du père, elle se retrouve dans une gentille famille en quête du bonheur. Gilbert tire la mauvaise carte, avec des intégristes religieux tenant une pommeraie. Un jour, il traversera le grand désert australien pour rejoindre Grace. En attendant, la petite se débrouille seule, collectionne les escargots et remplit la maison de bric-à-brac. Ses parents adoptifs sont partis vivre dans un camp de nudistes en quête d’on ne sait quoi. La vie en gris de Grace change avec la rencontre de Pinky, une vieille dame qui l’a remplie de couleurs.
Mémoires d’un escargot est signé par Adam Elliot, réalisateur oscarisé de films d’animation. Il s’agit de son deuxième long-métrage en pâte à modeler et du septième opus de sa « trilogie des trilogies » (trois courts-métrages, trois moyens-métrages, trois longs-métrages). Il faut regarder derrière les mots de cette voix off qui narre sa vie mélancolique à Sylvia, son escargot, poussant à la neurasthénie.
Elle n’est pas nihiliste. Il y a de l’espoir derrière ces couleurs fades, ces petits riens que l’on attend pour que tout change. Il n’y a pas de misérabilisme dans ce conte de jumeaux séparés par la vie. Gilbert est tombé en enfer dans cette secte qui met Dieu à toutes les sauces, mais ne s’interdit pas de pécher. Grace tombe sur un couple qui tente de la faire sourire mais n’y arrive pas. Tous ces personnages, marginaux à leur façon, cherchent le bonheur, comme nous tous. Grace se réfugie dans la lecture et ses escargots.
Tout est enfermement, jusqu’au livre de Grace comme Anne Frank ou Sa majesté des mouches pour Gilbert. Une petite fille prisonnière pour fuir la noirceur du monde et la bête nazie qui la guette, pour Anne. Des enfants tentent de construire une nouvelle société prisonnière d’une île. Chaque personnage possède sa propre cage qu’il forge avec les années. Cette prison qui nous empêche de voir le monde extérieur, prisonnier de la grotte où se reflètent les ombres du dehors.
C’est un peu cela, l’univers des deux jumeaux, mais aussi les chimères que nous poursuivons. Est-ce que la vie ne serait qu’une prison ? L’escargot est à la fois prisonnier de sa coquille, mais aussi hermaphrodite. La symbolique de ce gastéropode est multifacette, la lenteur, la patience, la dualité, la réunion des contraires, la protection par sa coquille, la fécondité. Mémoires d’un escargot développe tous ces thèmes et bien d'autres dans une seconde lecture. L’enfermement est au cœur du récit. Il change avec l’arrivée de Pinky, représentant la liberté. Cette vieille femme excentrique pousse Grace à sortir de sa coquille.
Car l’escargot, c’est aussi la renaissance, la quête de la connaissance et l’éveil. Les portes s’ouvrent et Grace appréhende le monde d’une autre manière, jusqu’au finale. Elle se libère de tout pour enfin s’envoler vers une vie qu’elle ne subit plus. Comme le dit Pinky : « On comprend sa vie en regardant en arrière, mais on la vie en allant de l’avant. On fabrique sa propre cage. La vie est merveilleuse, il faut en profiter. » Nous retrouvons aussi les thématiques chères à Adam Elliot, développées dans ce court-métrage, et deux longs.
C’est la différence, la discrimination en général, l’acceptation, la solitude, la marginalité. Il raconte des tranches de vie portées souvent par l’ironie, le désespoir, l’excès. Il existe pourtant, dans toutes ces fragrances, un moment où tout peut chavirer vers le bonheur, mais est-ce que nous le voulons vraiment ? Il nous faut pourtant accepter qu’il entre dans nos cœurs, brise nos chaînes pour nous ouvrir la porte vers l’horizon.
Patrick Van Langhenhoven
DVD
Distributeur : Wild Side Vidéo
Vidéo : 1080p AVC 16/9 - 1.85:1
Son : Anglais, Français DTS 5.1
Sous titres : Français
Sortie Vidéo : 14 mai
Bonus :
Dans les coulisses du studio (1’39”, VOST)
Dans les coulisses du tournage (4’42”, VOST) :
• Storyboard et tableau noir
• Brossage et patine
• Promenade sur Brunswick Street
• Denise prend vie
• Fidel joue au ping-pong
Bande-annonce (1’28”, VF/VOST)
Fiche technique
Titre Mémoire d’un Escargot
Titre original : Memoir of a Snail
Réalisation et scénario : Adam Elliot
Directeur artistique : Bob Shea
Photographie : Gerald Thompson
Production : Liz Kearne
Production exécutive : Robert Connolly et Robert Patterson
Sociétés de production : Arenamedia et Snails Pace Films
Sociétés de distribution : Madman Entertainment (Australie) ; Wild Bunch (France)
Pays de production : Australie
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genre : animation, drame
Durée : 94 minutes
Date de sortie :
France : 10 juin 2024 (Festival international du film d'animation d'Annecy) 15 janvier 2025
Distribution
Voix originales
Sarah Snook : Grace Pudel
Jacki Weaver : Pinky
Kodi Smit-McPhee : Gilbert
Dominique Pinon : Percy Pudel
Magda Szubanski : Ruth
Eric Bana : James The Magistrate
Adam Elliot : Denise Floyd
Nick Cave : Bill Clarke
Voix françaises
Barbara Probst : Grace Pudel
Frédérique Cantrel : Petit Doigt
Antonin Icovic : Gilbert
Anne Loiret : Ruth
Pierre Forest : James
Luc-Antoine Diquéro : Owen
Nicolas Vogel : Ken