Genre : Interview
Ciné Région : Parlez nous du caractère cocktail cinématographique et de la dimension sociale et politique de votre film.
Matthew Vaughn : Je voulais recréer ce que j’avais ressenti quand j’étais gosse, je regardais bien sur les James Bond et Indiana Jones et je voulais recréer ce sentiment d’excitation que j’avais eu à l’époque. Après, je crois qu’il y a toujours une dimension ludique dans ce que l’on fait mais quelque soit sa dimension ludique, je pense qu’il y a aussi quelque chose qui est basé sur la réalité et la réalité sociale. Je crois qu’en ce moment le monde entier a besoin d’aide parce que si on enseignait davantage les bonnes manières, le respect, la dignité de l’autre, le monde serait un endroit meilleur. Je crois aussi que ne donne pas assez à la jeunesse la possibilité de briller, d’exceller et c’est très important de donner à la jeunesse ce sentiment que l’on peut y arriver.
Ciné Région : Parlant de jeunesse, Taron Egerton, qu’est-ce que ça fait de se retrouver pour son premier grand rôle dans une superproduction avec une exposition mondiale ?
Taron Egerton : Pour moi c’est évidemment une expérience extrêmement excitante et puis je crois, assez unique car je n’ai pas en tête d’autres jeunes acteurs qui aient eu ce changement aussi extraordinaire si vite. Donc je ne vais pas faire semblant de vous dire que je ne suis pas excité. Alors évidemment, je me méfie un peu de ce que représente le succès ou la renommée et j’espère que je vais arriver à gérer ce succès.
M.V : Ce n’est pas encore un petit con.
T.E : Laisse-moi le temps, Matthew. Pour le moment, ma famille est très heureuse pour moi ce n’est pas encore le réel, on ne le sent pas, c’est comme une illusion parce que la réalité pour moi c’est lorsque je joue avec ma petite soeur chez moi ou bien aller boire une pinte de bière avec un pote.
C.R : Colin Firth, il s’agit de votre premier rôle physique, est-ce que c’est cette dimension qui vous a intéressé dans le personnage et êtes-vous prêt à prendre la relève de James Bond ?
Colin Firth : Apparemment vous n’avez pas vu Le Journal De Bridget Jones dans lequel je me bats… Pour être plus sérieux, j’ai maintenant 54 ans donc s’il y a effectivement un jour un James Bond qui aurait 80 ans par exemple et que je suis là, je suis prêt. Pour revenir à votre question, au départ, faire un film d’action ne paraissait pas quelque chose de naturel en soi mais je m’y suis mis de façon surprenante et je m’y suis tout à fait adapté avec une motivation certaine pour battre enfin mon ennemi de toujours Hugh Grant.
C.R : Vous avez eu un entrainement spécial ?
C.F : Matthew m’avait prévenu lorsqu’il m’a demandé de faire ce rôle, il m’avait dit : « tu vas me détester avant même le début du tournage parce qu’il y a 6 mois d’entrainement et un entrainement intense ». C’était important que je m’engage en amont pour que Matthew se rende compte que j’étais vraiment prêt et que j’avais tout à fait l’intention d’être à la hauteur de ses attentes. Je crois que s’il m’a justement choisi pour ce rôle, c’est qu’il voulait précisément surprendre le public sinon il aurait pu prendre un acteur typique de film d’action. Je crois qu’il y avait là une volonté de convaincre les sceptiques de me faire travailler comme ça et je crois personnellement que c’est très important de voir des combats où il y a une énergie humaine réelle qui se dégage plutôt que tout se fasse au montage. Ici, c’est vraiment moi qui fais la plupart des scènes d’action.
C.R : Matthew, la violence est très présente dans le film mais elle est dépeinte façon B.D et dédramatise l’action. Est-ce qu’il s’agit selon vous de la meilleure manière de rendre cette violence qu’il y a dans les comics et par quel processus ?
M.V : C’est très simple, je puise toute mon inspiration de Tom & Jerry. C’est à la fois très violent mais très drôle. C’est une violence d’ailleurs qu’il est difficile de copier parce que, évidemment les têtes qui explosent ou bien Colin qui descend plus de 100 personnes dans une église, c’est de la B.D, c’est de la violence de B.D. D’ailleurs il y a très peu de sang dans le film, il faut que la violence soit ludique, il faut qu’elle fasse rire, elle n’est jamais là gratuitement et surtout surtout il ne faut pas qu’elle soit dégoutante à l’image.
C.R : Colin, pensez-vous sincèrement que les gentlemen peuvent sauver le monde ? Et quel est l’importance de My Fair Lady dans se cinéphilie ?
C.F : Je pense que si on était tous réellement des gentlemen et des gentlewomen, le monde serait en tout cas sur la bonne voie. Mais évidemment, chacun a sa définition de “gentle“. En ce qui concerne My Fair Lady, je crois que c’est une des meilleures comédies musicales jamais écrites et même si je ne suis pas personnellement un grand fan du genre, je trouve que My Fair Lady est admirablement bien structuré et il me touche particulièrement.
C.R : Matthew, est-ce que le film aujourd’hui correspond au film que vous aviez envisagé et imaginé ?
M.V : Absolument, la bonne ou la mauvaise nouvelle, selon le point de vue duquel on se place, c’est que le film est exactement image par image celui que j’avais en tête.
C.R : Quelles ont été vos influences pour ce film, on peut voir un peu de Mars Attacks !, un peu de Octopussy dans l’affiche du film et un peu de Docteur Folamour de Kubrick. Qu’en dites-vous ?
M.V : J’ai regardé ces films quand j’étais petit, vous avez mentionné Docteur Folamour, ce film est dans mon top 3. Quand on est gosse, on regarde, on imite et on interprète et puis évidemment on met la barre plus haut on donne ce côté moderne. Plus précisément je me suis inspiré des films d’espionnage des années 60 et 70 avec leur panache, leur humour fin, leur esprit et surtout leur sens de l’amusement.
Entretient réalisé par Patrick Van Laghenhoven et retranscrit par Eve Brousse