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affiche Maria

Maria

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Genre : Ciné région

L'Actu

Maria
Genre : Drame
Pays : Italie
Durée : 2h03
Réalisateur : Pablo Larraín                                                                                                                       
Acteurs : Angelina Jolie, Pierfrancesco Favino, Alba Rohrwacher
« L’opéra est un champ de bataille. »

La silhouette glisse sur le parquet de bois, accompagnée par ses fidèles compagnons, deux chiens. Ailleurs, Ferruccio et Bruna, gardiens des derniers jours, veillent sur celle qui autrefois enflamma le monde, fantôme d’une époque, qui connut les beaux jours des scènes, quand sa voix s’élançait pour toucher le ciel d’azur, tel un rossignol. Aujourd’hui, Maria erre entre un passé qui la hante, un amour qui la brisa, et un présent où le mandrax l’aide à tenir encore debout.

C’est le dernier chant du cygne, celui qui porte en lui tout ce qui fut et ne sera plus. Elle marche dans les couleurs de l’automne, la dernière saison avant l’hiver aux tonalités froides des tombeaux. Peu à peu, La Callas s’estompe dans les dernières lueurs du jour. Il ne reste que Maria, debout, et ses hallucinations, ses souvenirs gravés dans le cœur, de cette jeune fille qu’une mère force à chanter jusqu’à devenir la Diva. Et cet amour qui emporte tout et ne lui laisse qu’un goût amer de trahison. Il lui reste à jouer la dernière scène, la plus belle, le Requiem de La Callas.


« Quand je chantais, je sentais que j’étais vraiment aimée. […] Alors chanter est progressivement devenu le remède à mon complexe d’infériorité. » La Callas.

Après Jackie, sur Jacqueline Kennedy-Onassis, Spencer sur Diana Spencer, Pablo Larraín  choisit une autre figure forte, à l’histoire proche d’une tragédie. C’est dans une atmosphère automnale que le film retrace les grands moments d’une vie entre douleur, espoir, et arc-en-ciel. Angelina Jolie prête sa silhouette et sa voix à La Callas, dans une interprétation retenue, tout en profondeur. Je me souviens des jours anciens, du petit appartement, d’un tourne-disque bleu et d’une voix transformant la pièce.

Je retrouve dans cet instant magique le présent et le passé s’entremêlant pour définir un autre temps. Dans le film, Madame Butterfly, moment magique exprimant en cet instant du film toute la détresse d’une Diva. Les musiciens, la pierre froide d’un monument, le froissement des kimonos, les lanternes comme une lumière dans une nuit de la folie. Et au centre, Maria retrouve La Callas, au bout d’une route, d’une vie perdue dans un absolu qui ne reviendra jamais.

« Nous sommes grecs, la mort est une compagne familière »

Le corps tombe lentement, la pluie fait glisser le maquillage, plus de fard, plus d’artifice, plus de voix, rien que la musique et la détresse, en route vers le néant. Dans Maria, tout est symbole, comme dans la tragédie et la mythologie grecques, escalier en colimaçon, madone dans l’ombre, noir et blanc, couleurs des ombres et de la lumière.

Une vie se définit à ce que l’on en fait, au rendez-vous manqués ou accomplis. Les couleurs de l’automne pour le dernier chant, les feuilles tombent et meurent sur le sol fragile. Elles donneront demain du terreau pour nourrir l’arbre, leur mère. Entre onirisme, illusions, réalité et les grandes fractures d’une vie au sein du dernier chaos, le film déploie un requiem. Angelina Jolie trouve un rôle à la mesure d’un talent immense qui habite peut-être une Maria en écho, miroir d’hier et d’aujourd’hui avec la vie de la comédienne.

Maria parle aussi de la musique, de ce qu’est l’art, une voix de Diva, une actrice incarnant mille vies pour voir s’échapper la sienne. Quelques fragrances si fortes qu’elles touchent plus que l’esprit, l’âme comme la voix de La Callas. Elles arrachent plus que des larmes, elles touchent l’âme dans ce moment d’innocence où la fin et le début ne font plus qu’un.

La mort est plus que présente dans ce chant final qui ne résonnera plus que sur la pellicule et dans les salles. Pablo Larraín   nous montre que le cinéma est parfois bien plus. Il peut être la vie, tout simplement. La dernière séquence devient un de ces instants de cinéma magique, tragédie d’un opéra quand la mort transforme la Diva en mythe. Elle restera pour toujours une voix inégalable, ineffable. Maria nous rappelle simplement que derrière la Callas, il y a juste une femme qui ne demandait qu’à vivre sa vie.

Patrick Van Langhenhoven



Fiche technique

 Titre original : Maria
    Réalisation : Pablo Larraín
    Scénario : Steven Knight
    Musique : John Warhurst
    Direction artistique : Attila Illés
    Décors :  Guy Hendrix Dyas
    Costumes : Massimo Cantini Parrini
    Photographie : Edward Lachman
    Montage : Sofía Subercaseaux
    Production : Jonas Dornbach, Juan de Dios Larraín et Lorenzo Mieli
    Producteur délégué : Miki Emmrich
    Sociétés de production : Apartment Pictures, Fabula Pictures, Fremantle Media Company et Komplizen Film
    Pays de production : Allemagne, États-Unis,  Émirats arabes unis, Italie
    Langue originale : anglais
    Format : couleur
    Genre : drame biographique
    Durée : 124 minutes
    Dates de sortie : 5 février 2025

Distribution

    Angelina Jolie : (VF:Françoise Cadol) Maria Callas
    Aggelina Papadopoulou : Maria Callas jeune
    Valeria Golino : Yakinthi Callas
    Haluk Bilginer : Aristote Onassis
    Alba Rohrwacher : Bruna Lupoli
    Pierfrancesco Favino : Ferruccio Mezzadri
    Kodi Smit-McPhee : Mandrax
    Alessandro Bressanello : Giovanni Battista Meneghini
    Caspar Phillipson : John Fitzgerald Kennedy
    Vincent Macaigne : docteur Fontainebleau
    Lydía Koniórdou : Lista Callas, mère de Maria et Yakinthi
    Stephen Ashfield : Jeffrey Tate

    Crédit Photo ©Pablo Larraín et ©ARP-FilmNation