Genre : Ciné région
LES SORTIES DU 30 OCTOBRE 2024
LE COUP DE CŒUR
FLOW, Le chat qui n’avait plus peur de l’eau (Lettonie/France/Belgique) - 2024
(Flow) (1h24) de Gints Zilbalodis
Animation à partir de 7 ans.
Le réalisateur letton, Gints Zilbalodis, nous avait livré en 2020 son tout premier film d’animation, conçu et créé entièrement seul. Ailleurs mettait en scène un jeune garçon qui se réveillait suspendu à son parachute en haut d’un arbre. Sans dialogue, aucun, uniquement sa respiration, on suivait alors sa quête pour retrouver le chemin de sa maison. On ne savait rien de ce garçon, ni comment il s’appelait, ni le monde dans lequel il vivait et pourtant, on ne pouvait qu’être fasciné par son aventure.
Pour Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau, il reprend son idée de n’écrire aucun dialogue (c’est ce qu’il préfère), tout passant par l’image. Bien lui en a pris, car ce deuxième long métrage est une pure merveille de création, d’émotion, de beauté visuelle. Cette fois, l’on suit un adorable chat noir - Flow – dont les immenses yeux lumineux passent par divers sentiments, l’étonnement, la surprise, l’inquiétude, la frayeur… Ici encore, on ne sait rien de l’avant. Monde post-apocalyptique ? Peut-être ! Toujours est-il que les humains se sont comme envolés, laissant à peine les traces d’une civilisation passée. Le danger arrive sous la forme d’un raz-de-marée géant, qui engloutit tout sur son passage, laissant juste le temps à Flow de sauter à bord d’une sorte de jonque à la voile déchirée. Il devra alors composer avec ses nouveaux compagnons d’infortune, également réfugiés sur le voilier, à savoir un labrador, un lémurien, un capybara et un serpentaire. Un immense défi pour ce groupe hétéroclite qui va apprendre, non sans mal, la tolérance et l’acceptation de l’autre. Leur salut ne pourra résulter que d’une solidarité, qu’ils vont finalement développer, afin de surmonter les épreuves qui jalonnent leur périple vers un ailleurs.
Soutenu par un décor enchanteur au service d’une image sublime, le film déroule un récit initiatique, terriblement ancré dans une actualité écologique catastrophiste. Il pose enfin la question que serait un monde sans humains ? A voir et revoir sans modération !
A VOIR CETTE SEMAINE
ANORA (USA) - 2024
(2h18) de Sean Baker
avec Mikey Madison, Mark Eydelshteyn, Yura Borisov, Karren Karagulian, Vache Tovmasyan, Ivy Wolk
Sean Baker, scénariste-réalisateur-monteur-producteur indé, est l’auteur de huit long métrages. On avait pu découvrir une partie de ses films en France dès 2017 avec The Florida project et en 2021 Red Rocket. Cette année, il rafle la Palme d’Or à Cannes, coiffant au poteau les Audiard, Rasoulof, Gomes ou autre Lanthimos. Filmé avec un petit budget, Sean Baker reprend les thèmes qui lui sont chers en décrivant les petites gens, ceux qui vivent à la marge de la société américaine, avec beaucoup d’empathie pour eux.
Anora (Mikey Madison, découverte dans Scream, 2022) officiellement entraîneuse (prostituée à l’occasion) dans un club de luxe à Brooklyn se retrouve au centre d’un conflit familial, pour avoir épousé à Las Vegas le rejeton d’un oligarque russe richissime. S’ensuivent une course-poursuite et des situations plutôt cocasses car, la petite ne va pas se laisser faire et sait se défendre (surtout pour beaucoup de billets verts). Énergique et drôle, la mise en scène n’est pas en reste et réserve bien des surprises. On y retrouve également dans le rôle d’Igor (l’homme de main du papa), l’impressionnant Yura Borisov, vu dans Compartiment Tueur n°6 et Le Capitaine Volkonogov s’est échappé. Une Palme d’Or en forme de conte de fées avec un happy end qui n’est celui que l’on attendait.
JURE N°2 (USA) - 2024
(Juror # 2) (2h37) de Clint Eastwood
avec Nicholas Hoult, Toni Colette, J.K. Simmons, Kiefer Sutherland, Zoey Deutch, Leslie Bibb, Chris Messina, Gabriel Basso
Pour sa 41ème réalisation, et peut-être sa dernière, Clint Eastwood s’offre un film procès. Le juré n°2 (Nicholas Hoult) comprend pendant le procès d’un homme - qui aurait poussé sa compagne dans un ravin -, que c’est lui-même qui l’a renversée accidentellement. Comment faire pour retourner le jury, qui le pense coupable – toutes les circonstances aggravantes sont contre lui -, et établir l’innocence du prévenu ? Bien sûr on pense au film de Sidney Lumet 12 hommes en colère, mais aussi à un film moins connu de Georges Lautner, Le septième juré, dans lequel Bernard Blier se retrouve juré aux assises afin de délibérer sur le meurtre d’une femme qu’il a tuée lui-même. Véritable cas de conscience alors pour ce juré, tout comme chez Eastwood, parler et se condamner ou se taire et faire punir un innocent.
De facture très classique, on se laisse néanmoins emporter par le déroulé captivant du procès. On y retrouve un Nicholas Hoult très convaincant, rongé par sa lâcheté. Le parfait anti-héros américain. Le plan final est dément.
ET AUSSI :
L’ART D’ETRE HEUREUX (France/Belgique) - 2024
(1h50) de Stefan Liberski
avec Benoît Poelvoorde, Camille Cottin, François Damiens, Gustave Kervern, Loretta Cravotta, Laurence Bibot
D’après le roman La dilution de l’artiste de Jean-Philippe Delhomme.
LE REPLI (France) - 2023
(1h33) de Joseph Paris
Documentaire avec Yasser Louati, Logan de Carvalho
RIVIERE (France/CH) - 2023
(1h44) de Hugues Hariche (1er long métrage)
avec Flavie Delangle, Sarah Bramms, Camille Rutherford, Till Clémence, Claude Fugère, Faustine Mathieu
SUR UN FIL (France) - 2024
(1h56) de Reda Kateb
avec Aloïse Sauvage, Philippe Rebbot, Jean-Philippe Buzaud, Sara Giraudeau, Samir Guesmi, Massil Imine
Inspiré du livre Le journal du docteur Girafe de Caroline Simonds, Sur un fil est le premier long métrage de l’acteur Reda Kateb.
TOTEM (France/Mexique/DK) - 2023
(1h35) de Lila Avilés
avec Naíma Sentíes, Monserrat Marañon, Marisol Gasé, Saori Gurza, Mateo Garcia, Teresa Sanchez
Une journée de préparation d’un anniversaire, vue à travers les yeux d’une fillette.
VENOM : THE LAST DANCE (UK/USA) - 2024
(Venom the last dance) (1h50) de Kelly Marcel (1er long métrage)
avec Tom Hardy, Juno Temple, Chiwetel Ejiofor, Rhys Ifans, Peggy Lu, Alanna Ubach, Stephen Graham
3ème volet de la saga et 5ème film de l’univers Spider-Man de Sony, après les deux premiers Venom, Morbius et Madame Web.
Véronique Regoudy-Bazaia