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Les sorties du 2 Juin 2021

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Genre : Ciné région

L'Actu

« The amusement park » (0h53) de Georges A. Romero

Ce moyen métrage (que l’on croyait disparu) du maître des zombies, a été exhumé par Suzanne Desrocher-Romero, un an après la mort de son mari en 2017. Cette pépite cauchemardesque à l’état pur était à l’origine un film de commande financé par la communauté luthérienne de Pennsylvanie en 1973. L’on y découvre un homme âgé mais portant beau (Lincoln Maazel) qui s’apprête  à profiter d’une journée dans le parc d’attractions de West View Park à Pittsburgh. Quelle ne sera pas sa déconvenue face à la horde de ses congénères (on est pas loin de la démarche saccadée des morts-vivants). Il sera tour à tour incompris, humilié, bousculé, terrorisé. Véritable brûlot à charge contre la société américaine bien-pensante de l’époque, les commanditaires refuseront la diffusion de ce film. Heureusement, le public peut enfin découvrir ce film qui s’inscrit légitiment dans la filmographie de Romero.

« Billie Holiday, Une affaire d’état » (2h08) de Lee Daniels

Quelques mois après la sortie du documentaire « Billie » de James Erskine, basé sur les recherches de la journaliste Linda Lipnack Kuehl, Lee Daniels (« Precious », « Le majordome ») nous livre le portrait d’une des plus grandes icônes du jazz, avec pour toile de fond la loi anti-lynchage proposée en 1937 et toujours pas ratifiée (malgré la qualification de crime fédéral). Le lynchage des noirs du Sud est justement au cœur de la chanson « Strange fruit », interprétée par Billie Holiday (Andra Day) dès 1939, à une époque où sévit la ségrégation raciale. La métaphore ne trompe pas, J. Edgar Hoover déclare que la chanson est anti-américaine et ordonne de l’interdire. Rien n’y fait et comme Billie consomme de la marijuana, c’est assez pour l’envoyer un an en prison. C’était un pari risqué de confier ce premier rôle principal à la chanteuse Andra Day, au nom prédestiné - Billie était surnommée Lady Day. Mais sa grande préparation la rend incroyable. Elle interprète elle-même les chansons dans ce film aux accents de militantisme d’une artiste adulée, alcoolique, droguée et broyée par un gouvernement puritain et raciste.

« Mère et fille » (1h37) de Jure Pavlovic

Installée avec son mari et ses enfants près de Berlin, Jasna (Daria Lorenci-Flatz) doit se rendre en Croatie, au chevet de sa mère Anka (Neva Rosic). Le médecin lui annonce un cancer au stade terminal. Jasna, qui s’était éloignée de sa mère, se retrouve à devoir s’occuper d’elle. Entre les deux femmes ni tendresse, ni complicité, qui laisse deviner une enfance dure. Jure Pavlovic, dont c’est le premier film, prend le parti de filmer au plus près son héroïne, son visage le plus souvent, triste et dépassé, qui parle peu face à une mère acariâtre, cruelle et toujours en révolte. Il ponctue son récit par le temps qui passe, un jour, une semaine, un mois. C’est le temps qu’il leur faudra pour l’apaisement.

« Petite maman » (1h12) de Céline Sciamma

La grand-mère de Nelly (Joséphine Sanz) vient de mourir. La fillette de huit ans aide ses parents à vider sa maison, la maison d’enfance de sa mère Marion (Nina Meurisse). Un matin, son père (Stéphane Varupenne) lui apprend que sa maman, inconsolable, est partie. Ce jour-là dans la forêt, elle rencontre, Marion (Gabrielle Sanz), une fillette de son âge qui lui ressemble ; c’est sa petite maman. Les deux enfants sympathisent, s’inventent des jeux, font des crêpes. Jeu de miroir entre fille et mère au même âge, un scénario tendre sur la transmission. Un conte fantastique d’une grande poésie.

« Playlist » (1h28) de Nine Antico

Autrice de bande-dessinée, on dit « roman graphique » maintenant, Nine Antico réalise son premier long métrage, d’après un scénario original dans lequel elle distille du vécu mais pas que. Elle plonge donc son héroïne, Sophie (Sara Forestier), dans un univers filmé en noir & blanc, qui donne au récit une certaine intemporalité, accentuée par la voix off de Bertrand Belin. Chroniques d’une jeune femme de 28 ans (même si elle dit qu’elle en a 26), qui se rêve dessinatrice, mais qui faute de ne pas avoir fait une école d’arts, enchaîne aussi bien des petits boulots que des amoureux. Un scénario réjouissant, qui traite des inquiétudes de filles aussi naturellement que possible. C’est cru tout en restant drôle. Le tout servi par une Sara Forestier à l’énergie contagieuse.

Animation :

 « Les ours gloutons » (42 mn) d’Alexandra Majova et Katerina Karhankova – à partir de 3 ans

Au cœur d’une forêt, un petit ours (Mika) doit garder la maison de son oncle en son absence. Il fait la connaissance d’un grand ours (Nico) et l’invite à séjourner avec lui. Le film, dont les personnages et les décors sont en papiers découpés et peints à la main, est chapitré en six histoires qui tournent essentiellement autour des bons petits plats, des recettes de cuisine, mais aussi de l’amitié, de l’entraide et de la bienveillance. A travers leurs aventures, ils vont apprendre à s’apprécier et à rester unis quoiqu’il arrive. Dans la pure tradition du cinéma d’animation tchèque avec un joli final où toutes les espèces d’ours sont réunies autour… d’une bonne table.

Et aussi :

 « All my life » (1h33) de Marc Meyers

 « Chacun chez soi » (1h23) de et avec Michèle Laroque

 « Des hommes » (1h41) de Lucas Belvaux

 « Marée, histoires de montagne » (1h10) de Manon Coubia / à partir du 5 juin

 « Mission Paradis » (1h46) de Richard Yong

 « Nobody » (1h32) d’Ilya Naishuller

«  Opération Panda » (1h23) de Vasiliy Rovenskiy et Natalya Nivola

 « Les séminaristes » (1h18) de D’Ivan Ostrochovsky      

« Suzanna Andler » (1h31) de Benoît Jacquot

 « Villa Caprice » (1h43) de Bernard Stora

Véronique Regoudy-Bazaia