LES SORTIES DU 2 AVRIL 2025

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Genre : Ciné région

L'Actu

LES SORTIES DU 2 AVRIL 2025

LE COUP DE CŒUR

THE GRILL (Suède/USA/Mexique) - 2024 en N&B

(La Cocina) (2h19) d’Alonso Ruizpalacios

avec Raul Briones, Rooney Mara, Anna Diaz, Motell Foster, Laura Gómez, Eduardo Olmos, Oded Fehr, Soundos Mosbah, James Waterston, Lee Sellars, Spencer Granese

« The Grill » est le nom d’un restaurant, situé dans Times Square à New York. En cuisine, on y parle toutes les langues, une fille passe un entretien d’embauche en se faisant passer pour une autre, le comptable constate un manque de 823 dollars dans la caisse. C’est le coup de feu et tout dérape. Alonso Ruizpalacios s’est inspiré de la pièce de théâtre de Arnold Wesker et ressert le récit quasi intégralement dans les sous-sol du restaurant ou dans son arrière-cour, dans un N&B subjuguant. Ballet perpétuel, rythmé par les allées et venues des serveuses, la préparation des plats, les engueulades de la brigade, les conflits, en espagnol, anglais, parfois français. La mise en scène est époustouflante, toujours créative et met en lumière une classe invisibilisée par une Amérique qui a oublié ses racines originelles, celles de la diversité.

A VOIR CETTE SEMAINE

AU PAYS DE NOS FRERES (France/Iran/Pays-Bas) - 2024

(In the land of brothers) (1h35) d’Alireza Ghasemi et Raha Amirfazli

avec Hamideh Jafari, Bashir Niksad, Mohammad Hosseini, Marjan Khaleghi, Hajeer Moradi, Marjan Etefaghian, Mehran Vosoughi

Dans les années 2000, plusieurs millions de réfugiés afghans sont partis s’installer au « pays de leurs frères », en Iran. Le film raconte, en trois chapitres et sur trois décennies, l’histoire de familles déplacées. La vie, pour elles, sera moins prometteuse là-bas, qu’elles ne l’espéraient.

Deux cinéastes iraniens, Alireza Ghasemi et Raha Amirfazli (1), signent à quatre mains leur premier long métrage. Pour écrire le scénario, Raha Amirfazli a rencontré des réfugiés afghans et le tournage s’est déroulé dans cinq villes d’Iran. Ils abordent la difficulté pour le peuple afghan de s’intégrer, de se faire respecter, d’obtenir la nationalité iranienne. Le récit est bouleversant, l’image qui épouse les différentes saisons est d’une grande beauté.

(1) Leur film ne sera pas projeté dans des salles de cinéma iraniennes, mais il sera disponible en ligne, de façon illégale. Tous deux vivent désormais hors d’Iran.

CASSANDRE (France) - 2024

(1h43) d’Hélène Merlin (1^er long métrage)

avec Billie Blain, Zabou Breitman, Eric Ruf, Florian Lesieur, Laïka Blanc-Francard, Guillaume Gouix, Agathe Rousselle, Shanna Keil

Pour aborder un sujet douloureux – l’inceste dans le milieu familial -, Hélène Merlin a choisit un ton décalé, qui serait même en adéquation avec la saison estivale qui s’étend le temps du récit. La voix off de Cassandre, gamine de 14 ans au seuil de la puberté, se fait l’écho du propos autobiographique-libérateur de la réalisatrice. « Déjà, ma naissance était impossible, ma mère avait fait le régime-garçon, j’aurais dû m’appeler David, comme prévu ! » Elle raconte, comment ses parents se sont rencontrés, puis comment à la fin du primaire elle avait un an d’avance, et son frère un an de retard. C’est l’été 1998, La France gagne la coupe du monde du football, et elle a 14 ans. Cassandre – qui, dans la mythologie grecque prédisait l’avenir, sans jamais être crue -, vit dans une famille bourgeoise mais loufoque, militaire mais sans pudeur. Heureusement, la jeune fille va s’émanciper dans son club hippique et voler quelques heures loin de cette famille toxique. La direction d’acteurs est parfaite (inoubliable Zabou Breitman, entre autres), les situations sont surprenantes voire cocasses et désamorcent une situation que l’on ne voudrait pas deviner.

DEUX SŒURS (Espagne/UK) - 2024

(Hard truths) (1h38) de Mike Leigh

avec Marianne Jean-Baptiste, Michele Austin, David Webber, Tuwaine Barrett, Ani Nelson, Sophia Brown, Jonathan Livingstone

Presque trente après Secrets et mensonges (Palme d’Or 1996), Mike Leigh retrouve deux de ses interprètes - Marianne Jean-Baptiste et Michele Austin - et les réunit dans son nouveau film. « L’une chante, l’autre pas » pourrait-on dire, tellement Chantelle (Michele Austin) est solaire et sa sœur Pansy (Marianne Jean-Baptiste) en perpétuelle colère. Mike Leigh (82 ans), vieux briscard s’il en est, excelle dans ses portraits familiaux et sociaux. Ici, on découvre (ou plutôt on subit) une femme qui est fâchée contre ses concitoyens et sa famille, rien ne va jamais et elle le fait savoir très agressivement. Un mal la ronge et elle exprime son mal-être par une rage dévastatrice. Tout y passe, les chiens portant des manteaux, les bébés pas couverts, les gens qui demandent le code postal (et pourquoi pas tes clés ?), le maquillage de la vendeuse, celle qui ne sourit pas, le dentiste qui a fait plus d’années d’étude que de pratique et de finir par un « je me suis fait agressée toute la journée ! » C’est le jour de la fête des mères, la famille de Pansy est invitée chez sa sœur, peut-être l’occasion de s’expliquer, de panser les blessures. Excellent duo d’actrices en but à un drame familial, qui ne trouvera peut-être pas de résolution.

FANON (France/Luxembourg/CDN) - 2024

(2h13) de Jean-Claude Barny

avec Alexandre Bouyer, Déborah François, Stanislas Merhar, Mehdi Senoussi, Olivier Gourmet, Arthur Dupont, Salomé Partouche, Salem Kali, Sfaya Mbarki

Évocation du travail du docteur Frantz Fanon, psychiatre français originaire de la Martinique, pendant les années passées à l’hôpital de Blida-Joinville en Algérie. Nous sommes en 1953, le pays colonisé est alors français. Le récit demeure assez scolaire, mais livre les méthodes révolutionnaires pour l’époque des soins apportés aux malades psychiatriques, alors enchaînés comme des prisonniers. De son observation sur la violence des colonisateurs naîtra son œuvre majeure « Les Damnés de la terre », publié en 1961.

HYACINTHE (France) - 2024

(1h37) de Bernard Mazauric

avec Denis Lavant, Patrice Quarteron, Michel Jonasz, David Ayala, Eriq Ebouaney, Alexandre Medvedev, Hammou Graïa, Fadila Belkebla

Hyacinthe (Patrice Quarteron, champion de muay-thaï), une force de la nature, mais à l’esprit simple - diagnostiqué schizophrène -, enterre sa maman bien-aimée. Reda (Denis Lavant), un petit dealer à trois balles, est désigné comme tuteur de ce grand enfant de 35 ans. A cause d’une histoire de dette, Reda doit se mettre au vert, flanqué malgré lui de Hyacinthe. Au cours de leur escapade, ils vont faire des rencontres improbables. Opposant les dangers de la ville, ses voyous, Bernard Mazauric nous transporte dans une campagne plus accueillante et solidaire. Vivants de petits boulots au gré du jour, l’histoire bascule dans le film social façon « Des souris et des hommes » de Steinbeck. Le duo dissonant demeure malgré tout attachant ; une belle place est laissée aux seconds rôles, tels Michel Jonasz, Eriq Ebouaney ou encore David Ayala.

LADS (France/Belgique) - 2024

(1h31) de Julien Menanteau (1^er long métrage de fiction)

avec Marco Luraschi, Jeanne Balibar, Marc Barbé, Phénix Brossard, Léon Vital, Ethelle Gonzalez-Lardued

Le film aurait pu tout aussi s’appeler « jockeys », mais le passage obligé pour ce métier c’est de récurer les écuries, le boulot des lads. C’est ainsi que se fera l’apprentissage du jeune Ethan (Marco Luraschi), 17 ans et déjà un bracelet électronique à la cheville. Si l’histoire semble écrite d’avance, entre une Jeanne Balibar convaincante et un Marc Barbé parfait, on découvre le jeune Marco Luraschi (fils de Mario) portant magistralement le film. Le Festival d’Angoulême ne s’y est pas trompé en lui décernant le prix du Meilleur Acteur, en 2024.

MINECRAFT, Le film (Nouvelle-Zélande) - 2025

(A Minecraft movie) (1h40) de Jared Hess

avec Jason Momoa, Jack Black, Danielle Brooks, Emma Myers, Sebastian Hansen, Jennifer Coolidge, et la voix de Laura Felpin dans la version française

Le film est l’adaptation du jeu vidéo, le plus lucratif à ce jour, « Minecraft », un monde cubique où la créativité est de mise, construire des maisons en laine de mouton par exemple ou encore des huttes champignons. On y retrouve des Golems mais en fer… Une imagination débordante au service de situations ubuesques.

LE ROUTARD (France)

(1h27) de Philippe Mechelen

avec Hakim Jemili, Christian Clavier, Michel Blanc, Manon Azem, Fred Testot, Youssef Hajdi, Medi Sadoun, Nicolas Buchoux, Alice Taglioni, Philippe Lefebvre, Aude Gogny-Goubert, Yann Papin, caméo de Philippe Gloaguen (créateur du Guide du Routarden 1973)

Scénariste des Tuche et autres comédies à succès, Philippe Mechelen nous entraîne à Marrakech, sur les pas d’un pigiste débutant et maladroit (Hakim Jemili) - pour le Guide du Routard -, mais qui n’a jamais voyagé. Situations rocambolesques et trafic d’œuvres d’art entre deux cornes de gazelle, quelques dialogues qui font mouche, pas mal de seconds rôles survitaminés comme Fred Testot, Medi Sadoun et Youssef Hajdi et l’occasion de voir pour la dernière fois ensemble à l’affiche Clavier (très juste en rédacteur en chef) et Blanc (en expert d’Art louche), même s’ ils n’ont aucune scène en commun.

WET MONDAY (Pologne/Estonie/Tchéquie)

(Lany poniedzialek) (1h27) de Justyna Mytnik

avec Julia Polaczek, Nel Kaczmarek, Weronika Kozalowska, Jowita Budnik, Maja Kleszcz

Victime d’un traumatisme enfoui dans sa mémoire, la jeune Klara, 15 ans, a développé une phobie de l’eau. Le lundi de Pâques, et son cortège de rituels pour fêter la fin de l’hiver, approchant, Klara doit faire face à ses souvenirs. Pour son premier film, Justyna Mytnik glisse son récit vers le folklore local (sans jamais tomber dans le folk horror), et égrène un compte à rebours vers le jour fatidique. On assistera à son long voyage vers la vérité, dans les longs et sombres couloirs des égouts, où elle vaincra en combattante médiévale.

ET AUSSI

1 / CE N’EST QU’UN AU REVOIR (1h03) (France) - 2024

2 / UN PINCEMENT AU CŒUR (0h38) (France) - 2024

de Guillaume Brac

1 / Documentaire avec Aurore, Nours, Jeanne, Diane, Louison

2 / Documentaire avec Linda, Irina

JEUNESSE (Les tourments) (France/Luxembourg) - 2024

(Qing chun [ku]) (3h47) de Wang Bing

Documentaire, deuxième volet d’une trilogie, tourné sur plusieurs années.

LA MARSEILLAISE DES IVROGNES (Italie/France/Espagne) - 2024

(1h36) de Pablo Gil Rituerto

Documentaire, avec Maria Arnal, Marcel Bages, Lionello Gennero, Emilio Jona, Nacho Vagas