Genre : Ciné région
LES SORTIES DU 19 MARS 2025
LES COUPS DE CŒUR
LUMIERE, L’AVENTURE CONTINUE ! (France) - 2025
(1h44) de Thierry Frémaux
Documentaire
Le 19 mars 1895, les frères Auguste et Louis Lumière donnaient le premier tour de manivelle de leur caméra Cinématographique (du grec « écrire le mouvement ») au 21-23 rue Saint-Victor dans la quartier de Monplaisir à Lyon, immortalisant ainsi La sortie de l’usine Lumière. Et comme le hasard fait bien les choses, c’est ce mercredi 19 mars 2025 que sort le nouveau documentaire de Thierry Frémaux, célébrant comme il se doit le 130ème anniversaire de cet évènement. On sait que trois versions ont été tournées à différentes époques de l’année (en se référant aux vêtements portés par les ouvrières qui sortirent les premières de leur usine). Nous les découvrons montées en triptyque. Alors que l’américain Thomas Edison proposait un petit film montré à une seule personne à la fois, et qui payait, les frères Lumière eurent l’idée, quant à eux, de projeter leurs films sur grand écran, dans une salle devant plusieurs spectateurs. Le samedi 28 décembre de la même année eu lieu dans le salon indien du Grand café à Paris, la première représentation publique payante, au tarif de un franc. Dix films tournés dans l’année 1895 furent ainsi projetés à 35 curieux, le cinéma était né. Le bouche à oreille fera le reste, on enregistre par la suite la vente de 2500 billets par jour.
Huit ans après la sortie de Lumière ! L’aventure commence, les équipes de « Sorties d’Usine Productions » et de « l’Institut Lumière » ont restauré pas moins de 110 « vues Lumière » - pour beaucoup inédites, au format et vitesse respectés – et nous offre à découvrir Paris et le monde en ce début de XXème siècle. Le tout commenté par Thierry Frémaux, qui nous détaille les points techniques, la façon dont est placée la caméra, le jeu de ces nouveaux acteurs malgré eux au regard-caméra malicieux, presque déjà cabotins. On y apprend que la caméra ne pouvant bouger, les plans seront fixes, qu’ils durent cinquante secondes (le temps de la bobine). Si les frères Lumière pensaient que cette attraction n'avait aucun avenir commercial (lourde erreur), ils s’appliquèrent, dans un premier temps, à envoyer des opérateurs aux quatre coins du monde (jusqu’en 1905 seulement) afin que ceux-ci rapportent ces petits films destinés à informer les spectateurs éblouis.
Alors, ne pensez pas que le cinéma muet, en N&B, avec des personnages sautillants n'est pas pour vous. Bien au contraire, c’est une page d’histoire qui défile, des impressions que vous n’avez jamais ressenties, comme celles qu’ont dues ressentir les premiers spectateurs de l’époque.
LA CACHE (France/CH/Luxembourg) - 2025
(1h30) de Lionel Baier
avec Dominique Reymond, Michel Blanc, William Lebghil, Aurélien Gabrielli, Liliane Rovere, Ethan Chimineti, Adrien Barazzone, Larisa Faber, Gilles Privat
En 2015, Christophe Boltanski (journaliste au Nouvel Observateur à l’époque) publie La cache, qui obtient la même année le Prix Femina. Il y raconte l’histoire de sa famille et plus particulièrement comment son grand-père juif (Michel Blanc, dans un de ses derniers rôles) se cacha pendant plusieurs mois dans une pièce camouflée de la maison, à l’époque des rafles allemandes. Il a laissé carte blanche au réalisateur Lionel Baier (Les grandes ondes), qui lui, a resserré son scénario sur le mois de mai 1968, soit quelques lignes seulement dans le livre.
L’on y découvre une famille d’artistes-intellectuels fusionnelle, qui prend ses repas sur le lit des grands-parents pour économiser les dépenses en chauffage, une arrière-grand-mère nommée affectueusement l’Arrière-Pays (Liliane Rovere), c’est tout dire. Au dehors, ça chauffe et on reste replié à la maison rue de Grenelle, sauf quand la grand-mère (Dominique Reymond) conduit tout ce petit monde dans son Ami 6, entre autre pour aller coller des affiches - parmi les slogans des étudiants (« Chacun est libre d’être libre !») - pour l’exposition de l’oncle plasticien (Aurélien Gabrielli).
A travers les yeux du jeune Christophe (Ethan Chimineti), neuf ans, on se replonge à l’époque des jours troublés du mois de mai, on lit Gaston Lagaffe, on entend chanter Jean Yanne, on apprend que Jean-Louis Barrault n’est plus directeur du Théâtre de l’Odéon et on doit rappeler à l’arrière-grand-mère que Pétain est mort ! Une tribu bien sympathique, bourgeoise-bohème, où l’émotion, mais aussi les rires, nous guettent à chaque scène.
Le film est dédié à Michel !
A VOIR AUSSI CETTE SEMAINE
AICHA (France/Tunisie/Italie) - 2024
(2h03) de Mehdi M. Barsaoui
avec Fatma Sfar, Nidhal Saadi, Yasmine Dimassi, Hela Ayed, Mohamed Ali BenJemaa, Ala Benhamad, Sawssen Maalej
La jeune Aya (Fatma Sfar) est employée comme femme de ménage dans un hôtel du sud de la Tunisie. Le minibus qu’elle emprunte tous les jours se renverse, elle est la seule survivante. Enfermée dans un carcan familial (qui lui impose un mariage arrangé) et professionnel (son chef lui fait miroiter un bel avenir), elle profite de l’occasion pour se créer une nouvelle identité. Elle devient Amira et part à Tunis.
Filmé comme un thriller, le film de Mehdi M. Barsaoui (Un fils) est une parfaite analyse de la société tunisienne de nos jours, et souligne les manquements d’une police corrompue. Fatma Sfar est impressionnante dans sa quête de la vérité.
Le film est basé sur des faits réels.
THE ALTO KNIGHTS (USA) - 2025
(2h02) de Barry Levinson
avec Robert De Niro, Debra Messing, Cosmo Jarvis, Kathrine Narducci, Michael Rispoli, Michael Alder
Robert De Niro revient pour notre plus grand plaisir à ses rôles de mafieux, qui ont fait ses jours de gloire. Il endosse deux rôles, dans un jeu parfait, celles de deux figures redoutables de la mafia new-yorkaise, Frank Costello et Vito Genovese. Avec un Barry Levinson aux manettes, parfait. Inspiré d’une histoire vraie.
BABY (Brésil/France/Pays-Bas) - 2024
(1h47) de Marcelo Caetano
avec João Pedro Mariano, Ricardo Teodoro, Ana Flavia Cavalcanti. Bruna Linzmeyer, Luiz Bertazzo
Le film a été présenté dans le cadre de la Semaine de la Critique au Festival de Cannes en 2024.
BLANCHE NEIGE (USA) - 2025
(Snow White) (1h48) de Marc Webb
avec Rachel Zegler, Gal Gadot, Andrew Burnap, Ansu Kabia, Jeremy Swift, Tituss Burgess, Andrew Brath Feldman, Martin Klebba, Jason Kravitz, George Salazar, Andy Grotelueschen, Andy Grotelueschen, Patrick Page
LES BODIN’S PARTENT EN VRILLE (France) - 2025
(1h45) de Frédéric Forestier
avec Vincent Dubois, Jean-Christian Fraiscinet, Guillaume Clerice, Kamel Abdelli, Hajar Abourachid, Michel Bompoil, Teddy Moulin, Nelson Monfort
L’ECHAPPEE BELLE (France) - 2024
(1h28) de Pamela Varela
avec Astrid Adverbe, Dimitra Kontou, Mariana Giani, Miquel Escudero, Jeanne La Fonta, Frank Williams, Victor Blatrix, Philippe Calloix, Marc-Antoine Vaugeois, Roman Williams, Annie Lupin, Sophie Deshayes
J’AI VU TROIS LUMIERES NOIRES (Colombie/Mexique/Allemagne/France) - 2024
(Yo vi tres luces negras) (1h27) de Santiago Lozano Alvarez
avec Jesus Maria Mina, Julian Ramirez, Carol Hurtado, John Alex Castillo
MAGMA (France) - 2024
(1h25) de Cyprien Vial
avec Marina Foïs, Théo Christine, Mathieu Demy, Mikaël Blameble, Genny Dagnet, Dimitry Zandronis, Djanyss Adelo, Daren Delannay Marinette, Robin Breton, Aude Massengo
Loin d’un film catastrophe à grands effets, Cyprien Vial ressert son sujet sur la directrice de l’observatoire volcanologique de Guadeloupe (Marina Foïs) et sur son assistant local (Théo Christine) prêt à faire ses preuves. Que feront-ils face à des signes de réveil de la Soufrière pour assurer la sécurité de la population, face à un préfet (Mathieu Demy) ignorant donc prudent ?
MA MERE, DIEU ET SYLVIE VARTAN (France/CDN) - 2025
(1h40) de Ken Scott
avec Leïla Bekhti, Jonathan Cohen, Joséphine Japy, Jeanne Balibar, Milo Machado-Graner, Anne Le Ny, Lionel Dray, Naïm Naji, David Foenkinos et Sylvie Vartan
Tiré du roman autobiographique de Me Roland Perez, Ken Scott évoque, non sans une certaine nostalgie, les années 60, l’époque des Yéyés et les débuts d’une jeune chanteuse, Sylvie Vartan. Le jeune Roland (Jonathan Cohen) donc, petit dernier d’une famille nombreuse, nait avec un pied bot. Pour la maman (formidable Leïla Bekhti, qui tient le film de bout en bout) ce sera son combat pour que d’une il ne soit pas appareillé et de deux qu’il se produise un miracle. La veuve d’un rebouteux (Anne Le Ny) préconise une immobilisation totale dans le salon familial afin qu’il puisse regarder la télévision, et comme ses sœurs adorent Sylvie, Roland en fera sa passion, ce qui le sauvera.
Poignant témoignage d’une mère envahissante certes, mais profondément touchante. Mais aussi le parcours d’un jeune garçon choyé mais différent, qui réalisera l’impensable.
PROSPER (France) - 2025
(1h32) de Yohann Gloaguen
avec Jean-Pascal Zadi, Cindy Bruna, Makita Samba, Ralph Amoussou, Jean-Claude Muaka, Salimata Kamate, Mamadou Minté
Une histoire de possession avec deux Jean-Pascal Zadi dans le rôle-titre. Impressionnant dans les deux rôles, celui du simple chauffeur de taxi, Prosper et celui d’un sapeur charismatique et adulé, King. L’élégance du second permettra au premier de s’affirmer et de régler ses comptes.
QUELQUE CHOSE DE VIEUX, QUELQUE CHOSE DE NEUF, QUELQUE CHOSE D’EMPRUNTE (Portugal/Argentine/Espagne) - 2024
(Algo Viejo, algo nuevo, algo prestado) (1h40) d’Hernan Rosselli
avec Maribel Felpeto, Alejandra Canepa, Juliana Simoes Risso, Leandro Menedez, Javier Abril Rotger, Marcelo Barbosa
Le film a été sélectionné dans le cadre de La Quinzaine des Cinéastes, lors du festival de Cannes en 2024.
RADIO PRAGUE, Les ondes de la révolte (Tchéquie) - 2024
(Vlny) (1h55) de Jiri Madl
avec Vojtěch Vodochodský, Stanislav Majer, Táňa Pauhofová, Ondřej Stupka, Martin Hofmann, Tomáš Maštalir, Igor Bareš, Marika Šoposká, Vojtěch Kotek
Du Printemps de Prague à l’invasion de la Tchécoslovaquie, en août 1968, par les troupes du pacte de Varsovie, quelques journalistes d’une radio, qui défie sans cesse la censure de l’État, s’organise pour continuer à transmettre l’information. Un défi prenant, lorsque ces hommes et ces femmes trouvent le courage de continuer, de se battre avec leurs maigres moyens contre les puissants chars qui les encerclent. Une page d’histoire qui résonne autant encore aujourd’hui.
SARIRI (Chili) - 2024
(1h17) de Laura Donoso Toro
avec Martina González, Catalina Ríos, Mauro Flores, Luis Jiménez, Claudio Navarro, Emilia Colivoro, Catalina Vásquez, Enzo Escobar, Belén Herrera-Riquelme, Paula Dinamarca, Camila Vega, Muriel Piña, Rafael Cerda, Gabriel Torrejón
VERMIGLIO ou la mariée des montagnes (Italie/France/Belgique) - 2024
(Vermiglio) (1h59) de Maura Delpero
avec Tomasso Ragno, Giuseppe De Domenico, Roberta Rovelli, Martina Scrinzi, Orietta Notari, Carlotta Gamba, Santiago Fondevila Sancet, Rachele Potrich, Anna Thaler, Patrick Gardner, Enrico Panizza, Luis Thaler, Simone Bendetti, Sara Serraiocco
Vermiglio (vermillon en français) est un petit village de montagne du nord de l’Italie. L’hiver 1944 s’installe ; on ne verra rien de la guerre, juste un soldat qui cherchant refuge va tomber amoureux de la fille du maire.
Il faut tout le talent de Maura Delpero, pour nous retranscrire la vie simple dans ce village, aux habitudes bien rangées, qu’un jeune homme va bouleverser. Une reconstitution magnifique et rigoureuse, servie par une lumière naturelle sublime.
Le film a obtenu le Grand Prix du Jury lors de la Mostra de Venise 2024.
Véronique REGOUDY-BAZAIA