Cine-Region.fr
affiche Les nouveaux Héros Roy Conli et Don Hall

Les nouveaux Héros Roy Conli et Don Hall

___

Genre : Interview

L'Actu

C’est dans l’ambiance d’un grand hôtel parisien que nous avons rencontré le réalisateur Don Hall et le producteur Roy Conli du dernier Disney Les Nouveaux Héros. Comme d’habitude la rencontre devint un vrai plaisir, les invités se prêtant volontiers et avec sympathie au jeu des questions.

Roy Conli, après une brillante carrière au théâtre en tant que producteur et metteur en scène, fait ses débuts de producteur pour les studios d’animation Walt Disney en 1993 avec Le Bossu de Notre Dame, Raiponce.

Don Hall réalise en 2011 pour Disney Winnie l’Ourson, en collaboration avec Stephen J. Anderson.

Il participe à La Princesse et la grenouille en 2009 en tant que superviseur de l’histoire.

CR « Quelles ont été vos inspirations, on sent un mélange de plusieurs cultures dans ce film, non ? »

- Cela commence avec ma passion pour deux choses : les films d'animation de Disney et les comics Marvel. J'ai cet amour pour les dessins, et je voulais faire une fusion des éléments japonisants de Marvel et des dessins de Disney. Je voulais créer un monde qui soit une fusion des deux univers, une nouvelle ville qui n'existait pas. Je souhaitais faire un film sur la fusion des genres et des cultures. »

CR - « Comment se fait le chemin artistique et intellectuel pour passer du dragon Baymax du comics originel au robot ? »

- C'est vrai, c'était très important pour moi que ce personnage ait quelque chose qui le relie vraiment à notre réalité. Le dragon des comics je le trouvais un peu too much alors on a fait des recherches pour trouver ce robot au look un peu unique, quelque chose que l'on n’avait jamais vu. Et lors de celles-ci avec l'équipe de Disney, nous avons rencontré des chercheurs qui étaient spécialisés dans de la robotique souple et douce. Ils travaillent sur des robots en vinyle, et on s'est dit que c'était parfait. On a trouvé le design et le cœur de ce personnage, c'était avant tout quelqu'un qui voulait aider et soigner.

 CR- C'est vrai que ce qui était formidable aussi c'est que nous avons travaillé avec Marvel de façon intéressante.

- Dès le départ nous savions que nous allions faire un film 100% Disney, mais deux artistes Marvel ont rejoint notre groupe de travail artistique en tant que conseillers. Dès le départ nous avons eu leur bénédiction, ils nous encourageaient à trouver notre propre histoire, celle que vous avez vue. 

 CR- « Quelles ont été les évolutions du look de Baymax ? »

- Il a subi très peu de modifications et c'est vrai que c'est rare en animation. Souvent il y a un processus d'adaptation, mais Baymax est venu déjà tout fait en quelque sorte. J'ai fait un ou deux dessins et puis je les ai donnés au superviseur des personnages. Je voulais dès le départ qu'il ait un visage rond et agréable, qu'il dégage quelque chose de calme. C'est lors d'une visite dans un temple à Tokyo que j'avais vu deux cloches dont le dessin m'a inspiré énormément de calme en les voyant. Je les ai prises en photos et je les ai données également. 

CR « Connaissez-vous le bonhomme Michelin auquel votre personnage peut faire penser ? Est-ce vrai que vous vous êtes inspiré des pingouins pour sa démarche ? 

- C'est une coïncidence, mais c'est drôle. D'ailleurs si j'ai bonne mémoire, votre Michelin marche de manière plus énergique que notre personnage (rires).

Nous voulions qu'il soit super mignon, les animateurs ont discuté et cherché la démarche la plus mignonne au monde et nous sommes tombés d'accord sur la démarche du bébé pingouin. Je pense qu'aujourd'hui chez Disney, nous avons une équipe d'animateurs extraordinaires capables de réaliser non seulement l'animation des êtres humains, mais aussi celle des animaux et des robots comme Baymax etc. Je crois que ça commence avec Raiponce cette révolution. Nous faisons ce que les animateurs appellent, non pas de l'animation, mais de « l'unimation », de l'animation où le mouvement est distillé de façon très subtile. L'animation devient très puissante. Nous avons réussi à conserver l'héritage Disney, à la fois l'animation classique, à la main, et les nouvelles formes. 

 CR « Votre film parle aussi de l'origine des super héros, est-ce que ça a été facile de le faire, vu le nombre de films qui traitent des super héros ? »

-  Oui c'était la difficulté majeure de l'histoire. En surface il existe deux types d'histoires différentes : celle de ce super génie de 14 ans ayant perdu son frère et qui rencontre ce robot qui le guérit : ça, c'était le cœur de notre histoire. Et puis il y avait l'héritage Marvel avec les super héros. Pendant longtemps on a eu du mal à intégrer ces deux courants et puis nous avons trouvé en Baymax la solution. C'est lui qui fait le lien entre ces deux aspects et appelle les autres super héros.

 CR Envisagez  vous une suite ? 

- Peut-être... je ne sais pas… Nous n'avons pas encore discuté. C'est vrai que la manière dont se termine le film appelle une suite, mais nous ne savons pas encore. Nous voulons déjà prendre de longues et bonnes vacances (rires). Il ne faut pas oublier que lorsqu'on débute un film d'animation, ça nous prend 4, 5, 6 années de notre vie, donc il faut y réfléchir. S’il y a une idée juste et forte, pourquoi pas. 

CR  « C'est un film sur la vengeance, la gentillesse et la bienveillance. Est-ce que c'est ça qui vous a intéressé ? Est-ce que lorsque l’on réalise un film sur ces thématiques, il est difficile d'intégrer certaines séquences, des scènes violentes, etc. ? »

- En fait,  lorsque ma femme a vu le film, la première chose qu'elle m'a dite a été : « Est-ce que vous vous rendez compte que vous avez créé le premier film de super héros sans la moindre arme à feu ? » Nous n’avions jamais vraiment pensé en ces termes... Notre équipe a été très créative, car nous rendons hommage à l'héritage de Disney. Nous avions une responsabilité envers notre public, il faut garder l'esprit Disney et ne pas faire de films violents inutilement.

C'est vrai qu'il y avait une scène à mi-parcours qui nous posait problème. C'est quand Baimax  arrive à l'entrepôt du Hukay et j'avais un peu peur qu’elle soit un peu violente... et finalement les jeunes testeurs rient, car la présence de Baimax les faisait rire. Ça nous a donc rassurés sur le ton du film. 

 CR « Sur les qualités des nouveaux super héros, qu'ont-ils de différent des super héros traditionnels ? Et qu'ont-ils en commun au contraire ? »

Ce qui serait un peu traditionnel, c'est un peu comme lorsque l'on voit Peter Parker dans Spiderman ou encore certains personnages des 4 Fantastiques. Il existe cette tradition chez Marvel des personnages attirés par la science, des scientifiques un peu fous. Je crois que ce qui fait la différence avec nos héros c’est qu’aucun de ces héros n'a envie d'être un super héros, ce sont des héros improbables. Leur super pouvoir est collectif, il vient de leur attrait pour la science. Je crois que nous explorons un peu plus ce côté-là et j'espère que c'est ce qui rend nos personnages différents. 

 Interview réalisée par Patrick Van Langhenhoven retranscrite par Sarah Lehu et corrigée par Françoise Poul.