Les Gaspards
Genre : Comédie
Pays : France
Durée : 1h30
Réalisateur : Pierre Tchernia
Acteurs : Philippe Noiret, Michel Serrault, Annie Cordy
Jean-Paul Rodin, un petit libraire de quartier, historien du vieux Paris à ses heures, part à la recherche de sa fille disparue dans les profondeurs de la capitale. Le ministre des travaux se la joue Haussmann et Napoléon III dans un grand chantier de reconstruction. C’est un immense trou au cœur des anciennes halles qui donnera bientôt un quartier de haut standing avec son musée Beaubourg.
Notre petit libraire est bien décidé à lever le voile sur ces disparitions et retrouver Marie-Hélène, sa fille. Il plonge sous la capitale des amoureux dans un labyrinthe de souterrains et de carrières oubliées. Il découvre un autre monde, avec son seigneur, Gaspard de Montfermeil, sorte d’irréductible résistant à l’époque. Les Gaspards, rats en argot, n’ont rien à envier à leur modèle, sortant la nuit pour quelques méfaits. Jean-Paul devra secouer tout ce beau monde pour retrouver la belle Hélène et calmer un ministre rêvant de Byzance avec ses grands travaux.
C’est le deuxième film sur quatre, excepté l’animation, que réalise Pierre Tchernia dans l’esprit du cinéma burlesque des Marx Brothers et de la bande dessinée. Cette comédie surréaliste qui enchanta nos jeunes années garde encore un certain charme nostalgique. Il vient après Le Viager avec la même équipe de trublions, Michel Serrault, Michel Galabru et deux petits nouveaux, Gérard Depardieu, et Charles Denner, un acteur oublié de la jeune génération actuelle.
Ce dernier en fait des tonnes dans le rôle du ministre des transports, se la jouant Napoléon III des travaux publics. Michel Serrault est fidèle à lui-même face à Philippe Noiret, loin de ses rôles plus sombres. Pierre Tchernia, homme de télé, scénariste de nombreux films et des adaptations d’Astérix de son complice au scénario René Goscinny, connaît la musique. Le film reste encore d’actualité, avec la phobie et la folie des grands travaux dans l’esprit d’Hausmann.
Les moins de vingt ans n’ont pas connu le scandale de ce trou des halles qui servira de décor à quelques films dont le fabuleux Touche pas à la femme blanche de Marco Ferreri en 1974. C’est au cœur des carrières et catacombes du vieux Paris que l’intrigue prend toute sa folie. L’esprit de la bande dessinée plane sur cet univers improbable où des touristes et autres disparus pédalent, pompent comme les Shadocks. Philippe Noiret, en seigneur des lieux, profite de ce quart d’heure humoristique pour déployer une autre facette de son talent.
Galabru, dans la lignée du Gendarme de Saint-Tropez, en commissaire plus pressé de partir en vacances que de résoudre l’affaire, est excellent. C’est la grande période de cet humour cartoonesque, décalé, surréaliste, produisant des petites pépites et quelques nanars devenus cultes. Les Gaspards appartient à cette catégorie d’un cinéma qui savait encore jouer sur nos zygomatiques pour nous faire rire à donf !
Derrière le rire du clown se cache une réflexion sur la société de l’époque, qui reste encore très moderne. Les grands travaux pharaonesques, l’écologie, la vie en communauté, les petits libraires en voie de disparition, la bétonisation, la circulation automobile et bien d’autres sujets encore d’actualité. Le film n’a pas si mal vieilli et garde encore, avec son côté vintage, un certain charme.
Les Gaspards rejoint l’excellente collection des années 70 que Canal+ remet au goût du jour en remastérisant les vieilles bobines 35mm. Dans les bonus, le quidam averti comme Jean-Christophe (jeu de mots, NDLR) * découvrira une petite présentation par le directeur de la collection, Jérôme Wybon. Pour le plaisir, un commentaire généreux de Pierre Tchernia, cet amoureux du cinéma qui nous émerveillait avec L’ami public numéro 1. C’est une bonne raison pour se procurer ce petit bijou qui vous rappellera que le cinéma de papa, il en avait !
Patrick Van Langhenhoven
*Jean-Christophe Averty : homme de télévision, créateur visionnaire et iconoclaste auteur entre autres de la collection d’émissions Les raisins verts et du méga clip qui accompagne l’album culte Melody Nelson avec Gainsbourg et Birkin.
DVD
Distributeur : Canal +
Vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 2.35,
Son : Français Dolby Digital 2.0 mono
Sous titres : malentendant
Sortie Vidéo : 5 mars 2025
Bonus :
Préface de Jérôme Wybon (5’)
Reportage sur le tournage, émission « Pour le cinéma » du 14 novembre 1973 (INA, 3’)
Commentaire audio de Pierre Tchernia (archives Studiocanal, 2008)
Interview de Gilles Thomas, auteur de « L’Atlas du Paris souterrain », par Pierre Tchernia (archives Studiocanal, 2008, 10’)
Fiche technique
Titre original : Les Gaspards
Réalisation : Pierre Tchernia, assisté de Paul Feyder
Scénario : Pierre Tchernia et René Goscinny
Décors : Willy Holt
Costumes : Monique Dury
Photographie : Jean Tournier
Montage : Françoise Javet
Musique originale : Gérard Calvi
Production : Raymond Leblanc ; Saul Cooper (producteur délégué) ; Claude Miller (directeur de production)
Société de production : Albina Productions, Les Films de la Seine, ORTF
Pays de production : France / Belgique
Langue originale : français
Genre : comédie
Durée : 90 minutes
Date de sortie : 6 février 1974
Distribution
Michel Serrault : Jean-Paul Rondin
Chantal Goya : Marie-Hélène Rondin, sa fille
Philippe Noiret : Gaspard de Montfermeil, chef des « Gaspards »
Michel Galabru : le commissaire Lalatte
Annie Cordy : Ginette Lalatte, sa femme
Charles Denner : le ministre des Travaux publics
Marie-Pierre de Gérando : Jérôme Aubier, son directeur de Cabinet
Bernard Musson : Albert Galmier, son huissier (non crédité)
Bernard Lavalette : le ministre de l'Intérieur
Paul Demange : le concierge du ministère des Travaux publics
Gérard Depardieu : le facteur
Jean Carmet : Paul Bourru, le marchand de vin
Pierre Destailles : l'homme au chapeau blanc
Daniel Ivernel : le clochard
Gérard Hernandez : l'inspecteur Hervé Balzac
Henri Poirier : le brigadier Pommier
Robert Rollis : Marcel Merlin, le chauffeur de bus
Ruytchi Souzouki : le touriste japonais du bus
Roger Carel : Alberto Sopranelli, le ténor (doublé au chant par Bernard Plantey)
Prudence Harrington : Pamela Pendleton-Pumkin
Hubert Deschamps : l'abbé Lestinguois
Raymond Meunier : Mathieu
Françoise Cingal : Sophie
Jacques Legras : Georges Bougras
Michel Muller : Nicolas
Denise Metmer : Éva
Jean-Claude Rémoleux : le contremaître / son jumeau
Conrad Von Bork : Helmut Von Sturmundrang
Reginald Lombad : Averell Nixon (non crédité)
Christine Moneger : Cosette
Nono Zammit : l'accordéoniste
Claude Legros : l'ouvrier à la sortie des catacombes (non crédité)
Philippe Dumat
Gérard Lemaire
Martin Trévières