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Le dossier Maldoror

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Genre : Ciné région

L'Actu

Le dossier Maldoror
Genre : Drame
Pays : Belgique
Durée : 2h35 
Réalisateur : Fabrice Du Welz                                                                                                                     
Acteurs : Anthony Bajon, Alba Gaia Bellugi, Alexis Manenti
« Toi qui entre ici abandonnes toute espérance » La Divine Comédie, Dante.

Une fois de plus un prédateur hante la Belgique. Il vient de frapper de nouveau en enlevant deux jeunes filles innocentes. Ce drame enflamme l’âme de la population et embrase les médias. Toutes les polices de Belgique se lancent sur la trace du monstre capable d’une telle horreur. A Charleroi, un jeune gendarme idéaliste sur le point de se marier, rejoint l’opération Maldoror. Il s’agit de surveiller un suspect qui pourrait avoir des liens avec cette affaire.

Peu à peu, Paul Chartier dévoile une trame bien plus complexe qu’un simple individu abjecte. Derrière ce nœud, se cache peut-être un réseau pédophile. Il se confronte au dysfonctionnement de la police qui laissera passer pas mal d’occasion de mettre fin à la chasse du monstre. Plus tard, plus personne ne suivra le jeune gendarme dans sa quête de vérité. Paul n’abandonne pas. Sa traque obsessionnelle est faite d’indice de témoignages et d’autres chants, le rapprochant ou l’éloignant de sa proie.

Il est porté par un sentiment de justice bien plus profond. Il se rapproche chaque jour un peu plus du mal. L’enjeu est bien plus important qu’un criminel sans conscience. C’est la confrontation du bien et du mal, d’une société qui comme dans les chants de Maldoror qui a perdu à jamais son âme. Est-ce que l’on peut ressortir indemne d’une confrontation avec le diable.

 
« Par conséquent, âme timide, avant de pénétrer plus loin dans de pareilles landes inexplorées, dirige tes talons en arrière et non en avant. » Les chants de Maldoror, Issidor Ducasse Comte de Lautrémont.

Ce récit est librement inspiré de l’affaire Dutrout qui laisse encore des traces en Belgique aujourd’hui. Fabrice Du Welz sonde l’âme d’un pays confronté à la métamorphose des diverses figures vénéneuses, de l’humanité. Pour nous servir de guide il choisit un jeune gendarme que son obsession pour démasquer le mal conduit à la destruction.

C’est Anthony Bajon qui lui prête ces traits, relooké année 90, dans une composition remarquable. A l’aube de son mariage l’un des moments les plus heureux de notre vie, il se retrouve confronté à la noirceur du monde. Ce jeu du bonheur et de l’ombre noire ne cesse de s’interpeller dans un récit riche en métaphore. Maldoror s’impose comme la première image du poème de Lautrémont aux portes de notre modernité.


« J’ai vu, pendant toute ma vie, sans en excepter un seul, les hommes, aux épaules étroites, faire des actes stupides et nombreux, abrutir leurs semblables, et pervertir les âmes par tous les moyens. » Les chants de Maldoror, Issidor Ducasse Comte de Lautrémont.

A l’image du pervers que chasse Anthony, trouvant dans le vice, le mal sa raison de vivre comme le héros de Maldoror. C’est un long poème nihilisme, absurdité de la vie, inexistence de la morale et de la vérité. Cette quête ne contaminera pas notre héros qui malgré tout restera sur la face du bien. C’est toute cette zone entre les deux que déploie le film. Les moments de petits bonheurs volent en éclats face à la figure noire du monstre qu’il traque.

Lentement, Anthony s’enfonce dans la nuit s’éloignant du havre de paix que pourrait être son couple. Plus il pénètre dans les ténèbres, plus il perd ses illusions sur le genre humain. L’âge adulte est atroce ; la vieillesse est pourrie, la mères rongée par l’alcool. Seule différence avec le texte de Lautrémont, l’enfant garde encore son innocence que le mal, l’adulte pervertie. Les lieux prennent les couleurs crasseuses de l’époque, vieille casse, maison du démon de brique rouge, commissariat sans âme, Charleroi avec ses cheminées d’usines et ses rues tristes.

Tout concours à une vision du monde nihiliste passif comme le dit Nietzsche. « Le monde n’existe pas comme il devrait être. Le monde juste est totalement absent de notre société et de ce fait, l’existence n’a aucun sens. » L’autre thématique du dossier Maldoror s’intéresse aux institutions et particulièrement une police en pleine réflexion, réfection. Le jeune acteur est accompagné d’une pléiade de second rôle en quête d’un bonheur impossible ou déjà perdu comme le commandant.

Nous pourrions parler à l’image du roman noir, de film noir, explorant la noirceur des âmes et de la société. Il reste quoi de la justice, le sentiment d’impuissance. Parfois le bien l’emporte et éclaire la vie, parfois le mal fini vainqueurs ne laissant que le vide et le chaos au sein du jour. Le noir et le blanc se confondent dans le cœur de chacun, et le choix nous appartient toujours à la fin.
Patrick Van Langhenhoven





  Titre original : Le Dossier Maldoror
    Réalisation : Fabrice Du Welz
    Scénario : Domenico La Porta et Fabrice du Welz
    Musique : Vincent Cahay
    Direction artistique : Alexia Goryn
    Décors : Manu de Meulemeester
    Photographie : Manuel Dacosse
    Montage : Nico Leunen
    Société de distribution : The Jokers (France)
    Pays de production :  Belgique,  France
    Format : couleurs - Super 16, — 1,66:1
    Genre : drame, thriller
    Durée : 155 minutes
    Dates de sortie : 3 septembre 2024 (Mostra de Venise 2024) 15 janvier 20253

Distribution


    Anthony Bajon : Paul Chartier
    Alba Gaïa Bellugi : Jeanne Ferrara
    Alexis Manenti : Luis Catano
    Sergi López : Marcel Dedieu
    Laurent Lucas : Charles Hinkel
    David Murgia : Didier Renar
    Béatrice Dalle : Rita
    Lubna Azabal : Mme Santos
    Jackie Berroyer : Jacky Dolman
    Mélanie Doutey : Juge Remacle
    Félix Maritaud : Roberto Santos
    Guillaume Duhesme : Dardenne
    Mohamed Bordji  : Hassan