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Le cinéma se la raconte!

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Genre : Ciné région

L'Actu

Le cinéma se la raconte !

Cette semaine Batman.

– Tu es sûr que c’est pour ton âge ?

– Oui, mamie.

La dame qui fait la queue devant moi a environ 75 ans, et visiblement, elle accompagne son petit-fils au cinéma. Il s’appelle Kévin, a environ 8 ans, et le regard un peu coquin.

– Ce n’est pas trop long, j’espère… ajoute la mamie, puis, baissant d’un ton : parce que je ne tiens pas plus de deux heures sans aller aux toilettes…

– T’inquiète, Mamie, ça dure une heure et demi.

Le petit Kévin a très envie d’aller voir The Batman, alors il fait croire à sa grand-mère que c’est un petit film de super-héros, d’une heure et demi, avec des gentils et des méchants. « Un peu comme les dessins-animés sur Gulli », explique-t-il juste avant qu’elle achète les places.

Mamie ne se rend pas compte qu’elle se fait avoir, qu’elle part pour un voyage de presque 3 heures au cœur des ténèbres. Jamais un film n’a entrainé le spectateur aussi profondément dans des abysses aussi sombres, humides et glauques. Si le réalisateur s’est autorisé deux mini séquences au lever du jour, tout le reste est noir, noir et noir. Aussi noir que le costume du Batman, que les cheveux de Robert Pattinson ou que le scenario. Même le manoir des Wayne est sombre et gothique.

Kévin et Mamie sont installés au rang devant nous et, de temps en temps, j’observe les réactions de la grand-mère bernée. Après seulement 3 minutes, elle lâche le premier « Qu’est-ce que tu m’as emmené voir ? ». Après 15 minutes, elle lance un « Ce n’est vraiment pas un film pour toi ». Après une heure, elle dort de tout son soûl. Kévin kiffe.

Le film ne perd pas un instant, on ne présente pas Batman ni aucun personnage, de toute façon, cela fait longtemps qu’on connait la musique. Justement, en parlant de musique, quelle bande son ! De Schubert à Nirvana, la musique nous entraine encore plus bas dans les ruelles sinistres de Gotham.

Le scénario est bon, sans être dingue. Un jeu de piste classique avec un méchant très méchant. Ça, c’est un peu cliché, il faut l’avouer, mais le reste est un régal et on ne voit pas passer les 3 heures. Certains plans sont absolument somptueux, notamment la scène d’action uniquement éclairée par les flashes des mitraillettes.

Tout est prêt pour un deuxième opus et franchement, on a déjà hâte.

Kévin ressort enchanté. Sa mamie s’est réveillée un peu avant la fin quand ça criait, car forcément, vers la fin du film y a un climax avec de l’action, du suspense et quelques considérations un peu philosophiques.

– Ça t’a plu ? demande la grand-mère.

– Carrément ! C’était trop cool !

– Ouais ben… tu m’as bien eue sur ce coup-là.

Kévin fait un grand sourire coupable.

– Si tes parents demandent ce qu’on est allé voir, on est d’accord, hein… c’était Maison de retraite.

–      On est d’accord.

David Berry