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La Vie devant moi

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Genre : Ciné région

L'Actu

La Vie devant moi
Genre : Drame
Pays : France
Durée : 1h31
Réalisateur : Nils Tavernier                                                                                                                     
Acteurs : Guillaume Gallienne, Violette Guillon, Adeline D'Hermy

Nous sommes en 1942, Vichy fait un pas de plus vers l’innommable, avec la Rafle du Vel d’Hiv. Tauba et ses parents s’échappent d’une destinée menant à la mort. Des amis, les Dinanceau, leur proposent de les cacher au grenier, dans une pièce minuscule. C’est ici que la petite Tauba, au fil des années et du bruit des bottes sur le pavé, verra fleurir ses jeunes années comme un lionceau en cage. C’est dans le silence, l’économie des gestes, que se déroulent les mois, les années, jusqu'à la Libération. Chacun tente comme il le peut de tenir, dans cette promiscuité obligée. Le père reste à scruter la cour de l’immeuble depuis la petite lucarne, le seul œil donnant sur le monde qui continue de s’agiter à l’extérieur. La mère, madone immobile, garde la famille en attendant que le printemps éclaire de nouveau son visage d’un sourire. Tauba s’évade parfois sur les toits, scrutant Paris, loin des uniformes gris. Parfois, un groupe de résistants passe comme un vol d’oies sauvages partant pour de nouveaux horizons. C’est ici qu’elle croisera son futur mari, comme quoi l’amour peut tout.

« C’était un temps déraisonnable - On avait mis les morts à table - On faisait des châteaux de sable - On prenait les loups pour des chiens - Tout changeait de pôle et d’épaule - La pièce était-elle ou non drôle - Moi si j’y tenais mal mon rôle - C’était de n’y comprendre rien - Est-ce ainsi que les hommes vivent - Et leurs baisers au loin les suivent » Aragon

Ce poème d’Aragon évoque pour moi cette période sombre d’une époque sans âme parsemée de quelques miracles. Nils Tavernier explore, scrute, le cœur de l’humanité, dans ses retranchements les plus intimes depuis toujours, par exemple à travers ses documentaires, plongeant jusque dans le ventre des mères pour voir germer la vie (L’Odyssée de la vie). Il n’est pas étonnant que, parmi les témoignages recueillis par la fondation de Steven Spielberg, il retienne cette histoire vraie d'une famille vivant la guerre dans une chambre de bonne. C’est l’occasion de se rapprocher encore plus de l’intimité de ses personnages. Comment survivre dans ces temps sombres ? Les années passent et toujours aucune espérance derrière la porte. Chacun réagit à sa façon, le père regrette de ne pas être assez fort pour être un résistant.

La mère tient la famille de toutes ses forces pour qu’elle ne s’effondre pas. La jeune Tauba voit se flétrir ses années de jeunesse où tout est possible, bercée par le vent sauvage et le bonheur de croire en tout. Aujourd’hui, il ne reste plus grand-chose pour imaginer que le monde puisse un jour redevenir ce champ de bonheur aux couleurs des coquelicots. Elle regarde les toits de la ville, avec parfois des chats de gouttière gris, particuliers, se glissant dans la nuit pour résister à la folie qui envahit le monde. C’est filmé au corps à corps, aux visages jouant une palette de mille expressions, passant de la joie à la peur. La mise en scène, sans doute à cause du sujet, reste assez sage.

Nils Tavernier ose moins que dans ses autres films comme dans L'Incroyable histoire du Facteur Cheval. Il évite le pathos, défaut de certains films sur la Shoah. Il semble enfermé avec cette famille sans arriver à suivre les chemins de traverse de l’âme. Il esquisse la perte de l’adolescence de Tauba sans jamais plonger en plein cœur. Il joue sur les sons et les extraits d’images d’archives montrant ce qui se passe à l’extérieur. La vie devant moi est un peu trop sage mais ne manque pas de soulever des nouvelles questions sur cette période sombre de notre histoire.

Patrick Van Langhenhoven


Fiche technique

 Titre original : La Vie devant moi
    Réalisation : Nils Tavernier
    Scénario : Nils Tavernier, Guy Birenbaum et Laurent Bertoni
    Musique : Baptiste Colleu et Pierre Colleu
    Photographie : Vincent Gallot
    Décors : Mathieu Menut
    Montage : Thomas Beard
    Costumes : Alice Cambournac
    Sociétés de production : Apollo Films Production, Echo Studio Production, Federation Studios Production et Bonne Pioche Cinéma Production
    Distribution : Apollo Films (France)
    Pays de production : France
    Langue originale : français
    Genre : drame biographique et historique
    Durée : 93 minutes
    Date de sortie : 26 février 2025

Distribution

    Guillaume Gallienne : Moshe Zylbersztejn, le père
    Violette Guillon : Tauba Zylbersztejn
    Adeline d'Hermy : Rywka, la mère
    Sandrine Bonnaire : Rose, l'épouse Dinanceau
    Laurent Bateau : Désiré
    Rod Paradot : Alfred
    Claude Mathieu : Marta
    Bernard Le Coq : le médecin hôpital
    Xavier Mathieu : le médecin débarras
    Éric Savin : Propriétaire appartement