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La Venue de l’avenir

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Genre : Ciné région

L'Actu

La Venue de l’avenir
Genre : Comédie Dramatique
Pays : France 
Durée : 2h
Réalisateur : Cédric Klapisch                                                                                                                      
Acteurs : Suzanne Lindon, Abraham Wapler, Vincent Macaigne


C’est une petite maison abandonnée au fin fond de la campagne normande. Ils sont une trentaine d’héritiers de cette vieille bâtisse que la mairie veut détruire pour construire un centre commercial. Seb, Céline, Abdel et Guy sont désignés pour faire l’inventaire et l’état des lieux. Ils découvrent, dans les vieux papiers, un tableau qui pourrait être l’œuvre d’un impressionniste et des photos en apparence sans valeur. Ils découvrent aussi bien plus que cela en poussant leurs recherches. Ils exhument tout un passé sur leur aïeule commune Adèle.

 La jeune fille, à la mort de sa grand-mère, part à la capitale retrouver sa mère. Cette quête déroule son tapis de souvenirs en écho aux recherches de nos héritiers. Leurs vies comme leurs aspirations sont un miroir à l’histoire d’Adèle. Est-ce que, sans le savoir, nos vies seraient liées au passé de nos ancêtres, comme des gènes de poussière glissés dans notre ADN ? C’est aussi un voyage dans ce Paris d’hier, quand Montmartre côtoyait les champs de blé, quand la lumière éclairait la ville pour la première fois sous les yeux ébahis des habitants. C’est la naissance de l’impressionnisme, de la photographie et des nouvelles technologies de l’époque qui enfanteront la société industrielle. C’est un écho à cette autre mutation que connaissent les héritiers, l’ère du numérique et bientôt de l’IA.

« On est de la même famille et on ne se connaît pas »

Le lien est sans aucun doute le cœur du cinéma de Cédric Klapisch, comme l’indique le titre d’un de ses films Ce qui nous lie. Ce petit rien qui nous rassemble, nous ressemble, crée à travers le temps un pont entre nos aïeux hier, et nous aujourd’hui. Il explore depuis toujours ce lien aux autres, au monde, au temps qui passe, à l’héritage, à nous-mêmes, à l’art, déclinable à l’infini. Il aime les fresques humaines, familiales, Le péril jeune, Chacun cherche son chat, L'auberge espagnole, En corps, tous ces thèmes ne sont que prétexte à explorer notre relation à l’autre.

 On cherche toujours quelque chose chez Kaplisch, un chat, son corps, son cœur, le prix d’un tableau, etc. Il est de nouveau question d’héritage dans ce film impressionniste, à l’image du courant qu’il évoque dans le temps. Comme cette première fresque de Monet, taches de couleur qui se précisent au fur et à mesure que l’on s’en éloigne. Elles deviennent l’eau paisible, les nymphéas jaunes, sortant du tableau. La Venue de l’avenir nous parle de demain quand hier et aujourd'hui se rencontrent pour l’enfanter.

 Les personnages découvrent qu’ils possèdent bien plus qu’une aïeule en commun. Ils possèdent une histoire commune qui les façonne, les construit. Ils sont l’écho d’Adèle, de cette campagne normande, baignée entre le bleu de la mer et le jaune des champs de blé. En explorant cette bâtisse, ils exhument une histoire qui est à la fois la leur, mais aussi toujours cette idée d’écho, inscrite dans celle du monde. La période n’est pas innocente.

Elle a vu naitre le cinématographe, l’impressionnisme, le déploiement du chemin de fer, l’arrivée de l’électricité, la psychanalyse, une révolution industrielle, technologique et culturelle importante. Une de ces fractures de l’histoire, marquante, peut-être comme celle que nous vivons avec le numérique, et bientôt l’IA, pour le meilleur et peut-être le pire. Le film oscille donc entre 1895, un peu avant le XXe siècle, dans une histoire que de nombreux romanciers ont racontée. Une jeune fille débarque à Paris pour retrouver sa mère qu’elle ne connaît pas. Une quête identitaire, un chemin initiatique, à l’image des héritiers, bien des années plus tard.

Klapisch amène à l’éveil au monde, à soi, aux autres. Des petites bulles d’existence dansent dans l’air frais du matin sur la campagne, explosent et deviennent rivière et mer. Nous allons surtout découvrir les impressionnistes, Monet en particulier, et tant pis si le réalisateur se permet quelques libertés pour les besoins de ce conte. Il existe presque toujours un petit air de conte chez lui, dans cette façon légère de saisir la profondeur des âmes.

Un petit air de conte de vie, de ceux qui nous aident à franchir les obstacles, nous rappellent combien elle est belle. C’est un film choral où chacun joue sa partition dans une symphonie globale. L’image, le regard sont au centre du récit, avec la peinture, la photographie, le cinématographe, l’image de soi et des autres. On remarque la composition à contre-emploi de Cécile de France en conservatrice snob. La mise en scène ne cherche jamais l’effet mais nous offre des moments magiques comme Adèle quittant sa campagne, le quartier de mon enfance, Montmartre, et un Paris qui s’éclaire vu du haut de la Butte. Il suffit de se laisser prendre par la main et de plonger au cœur des nymphéas pour voyager dans le temps et dans son âme.
 
Patrick Van Langhenhoven



Fiche technique

    Titre original : La Venue de l’avenir
    Réalisation : Cédric Klapisch
    Scénario : Cédric Klapisch et Santiago Amigorena
    Musique : Rob
    Photographie : Alexis Kavyrchine
    Montage : Anne-Sophie Bion
    Décors : Marie Cheminal
    Costumes : Pascale Paume
    Production : Cédric Klapisch, Bruno Lévy
    Sociétés de production : Ce qui me meut, en association avec 10 SOFICA
    Budget : 15,6 millions d'euros
    Pays de production : Drapeau de la France France
    Langue originale : français
    Format : couleurs
    Genre : comédie policière
    Durée : 126 minutes
    Dates de sortie : 22 mai 2025 (Festival de Cannes et sortie nationale)


Distribution
    Suzanne Lindon : Adèle
    Abraham Wapler : Seb / Claude Monet en 1874
    Vincent Macaigne : Guy
    Julia Piaton : Céline
    Zinedine Soualem : Abdel
    Paul Kircher : Anatole
    Vassili Schneider : Lucien
    Sara Giraudeau : Odette
    Cécile de France : Calixte de La Ferrière
    Pomme (sous le nom de « Claire Pommet ») : Fleur
    François Berléand : Victor Hugo
    Philippine Leroy-Beaulieu : Sarah Bernhardt
    Fred Testot : Félix Nadar
    Olivier Gourmet : Claude Monet en 1895
    Alice Grenier-Nebout : Berthe Morisot
    Raïka Hazanavicius : Rose
    Vincent Perez : Oncle Théophraste
    François Chattot : Marcel, le grand-père de Seb
    Aurore Broutin : Mme Michard
    Stéphane Foenkinos : Louis Leroy
    Jean-Marc Roulot : Le maire de Saint-Jouin Bruneval
    Marie-Christine Orry : La généalogiste
    Catherine Salée : Georgette, la tenancière du Rat Mort
    Louise Pascal : la cliente de Nadar
    Marco Prince : le cousin
    Raphaël Thiéry : Le charretier