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affiche La rivière des sens

La rivière des sens

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Genre : Ciné région

L'Actu

La rivière des sens
Genre : Erotique
Pays : Chine
Durée : 1h31
Réalisateur : Xue Ma                                                                                                                     
Acteurs : Yuan Tian, Ning Feng Song, Weihao Xu


« Le corps est comme une feuille de papier vierge permettant d’écrire dessus avec force. Que cela soit la vérité ou un mensonge. Le crayon taillé laisse une marque ou une cicatrice. »

Entre Yanjio, ville-dortoir et Pékin passe une rivière blanche. Un trait filant au rythme de l’eau, s'enfuyant entre ciel et terre vers l’océan. Yan Fan est confinée chez elle par le gouvernement et un virus qui n'a pas de frontière. Elle se livre à des tâches ménagères toute la journée. La chaleur monte, s'envole, créant un courant d'air agitant sa robe.

 Un glaçon tente d'apaiser le désir qui enflamme son corps. Commence un lâcher prise pour Yan Fan prenant un serveur pour amant afin de calmer le feu des désirs. C'est la luxure qui explose dans un ballet à la Jules et Jim et s’élance sans aucune limite. De l’amant au mari voyeur, du mari à l’amant voyeur, les associations se transforment en une symphonie du plaisir, apaisant le désir. Tout se décompose et se recompose comme l’eau du fleuve.


« Si l’idée d’emprisonnement est de gagner la liberté, je peux attendre un peu plus longtemps. »

Faut-il trouver un sens à un film expérimental, jouant du silence, d’un certain esthétisme pour réinventer, le jeu du désir et des plaisirs ? Quelques phrases s'envolent dans l'air, données par une jeune fille entre enfant et adulte. C'est le mélange du confinement et du sexe, dans le creuset de l’alchimiste en quête d’une nouvelle pierre philosophale.

Les mots prennent la forme de la philosophie, de la poésie, du silence. Nous pensons au magnifique Empire des sens de Nagisa Ōshima. La rivière des sens crée une harmonie parfaite du désir d'un absolu divin, quand l’un et l'autre ne font plus qu'un. Très vite, il se perd dans une danse frôlant parfois la pornographie. Yan Fan dévoile un concerto du sexe cru, libre, sabre tranchant avec l'idée d'un poème érotique.

Les corps s’effacent derrière le désir pour ne plus être que jouissance. Tentative d'inscrire la nature dans ce jeu des corps, elle se fracasse sur la relation de deux humains copulant comme dans les reportages sur la faune sauvage. Le mélange du sexe brut, sans fard, cohabite difficilement avec une main caressant les roseaux, dans l’esprit de Terence Malick. Deux corps nus au cœur de la nature s'agitent dans un va-et-vient plus proche d'Orange mécanique que de L'empire des sens.

 Le film se perd dans sa volonté d'associer la poésie, la nature, et l’érotisme. Il réussit pourtant à composer des petits haïkus résonnant comme la cloche du temple et le clapotis de la rivière, frontière entre Yanjio et Pékin. Dans ces non-dits, dans ses silences, le film murmure une parabole sur l'enfermement et la liberté sans fard. Il est aussi un retour à l’état primaire, au sexe libre marqué par le rouge, couleur de la révolution et du petit le livre de Mao. Xue Ma nous propose un premier film érotique chinois qui n’est pas sans intérêt.

Patrick Van Langhenhoven




Fiche technique

Réalisatrice : Xue Ma
Scénaristes : Xue Ma,   Weihao Xu
Compositeur : Disha Zhang
Production Xue Ma
Société : Space Odyssey