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affiche La chambre de Mariana

La chambre de Mariana

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Genre : Ciné région

L'Actu

La chambre de Mariana
Genre : Drame
Pays : France
Durée : 2h11
Réalisateur : Emmanuel Finkiel                                                                                                                      
Acteurs :  Mélanie Thierry, Artem Kyryk, Julia Goldberg
« Nulle part où je vive ou meure - Je passais comme la rumeur - Je m'endormais comme le bruit » *

La vie s’écoule comme un ruisseau paisible, bordé de prés aux fleurs parfumées embaumant de bonheur les petits matins pleins de promesses. Demain il ne restera que des cendres, mais avant il faut fuir. C’est ainsi que la mère du jeune Hugo le confie aux bons soins d’une fille de rien, devenant tout pour lui. Elle l’enferme dans le placard, non pour le punir mais pour le protéger des regards et de la folie qui s’abat à l’extérieur du clandé. Il faut vivre de quelques sorties d’un placard pour errer dans une chambre de désirs. Vivre de souvenirs, d’images que l’on rappelle pour se sentir vivant. Vivre de rêves qui s’évaporent dans l’air, comme le parfum des fleurs au printemps. L’enfer existe dehors, et le paradis nulle part. Pour Mariana, c’est une existence de passes qui ne passera jamais, que le temps n’effacera pas. Plus de blessures que de bonheur, comme l’enfant caché dans le placard. Combien de jours, combien de nuits à attendre, espérer la délivrance qui ne vient pas. Les souvenirs, les mots s’échappent, il ne reste bientôt plus que le lieu sombre, noir et peut-être encore un peu d’espoir.


« Que faut-il faire de mes jours ? Que faut-il faire de mes nuits ? »*

Le film s’ouvre sur un tunnel noir, semblable à cette période de l’Histoire. Une petite lumière apparaît, disparait, comme l’espoir. La dernière vision de sa mère est un visage derrière une palissade de bois, des barreaux. Elle est déjà prisonnière d'une destinée qu’elle n’a pas choisie. Quelle ironie dans ces temps déraisonnables. C’est une putain, une fille de rien qui devient l’ange sauveur. Une Marie-Madeleine, une pécheresse qu’aucun camp de la haine n’épargnera. La symbolique est forte, le réalisateur la montre comme une passeuse de vie, ce qui explique une des scènes finales. Dans ce tombereau de douleurs, d’horreurs, de corps meurtris, de désespoir, elle se sacrifie pour qu’un enfant rie de nouveau aux flaques d’eau dans le caniveau. Ces deux vies se ressemblent, portées par des blessures profondes et la haine du monde à leur encontre.

« On prenait les loups pour des chiens -Tout changeait de pôle et d'épaule - La pièce était-elle ou non drôle ? »*

Elles se ressemblent un peu dans la douleur, deux existences sans horizon, sans avenir. Emmanuel Finkiel adapte fidèlement le roman homonyme d'Aharon Appelfeld La chambre de Mariana. Le film est vu à travers les yeux d’Hugo. C’est donc son point de vue qui nous guide dans ce labyrinthe de folie. C’est la découverte d’un monde qui avance sans lui, par les trous dans le mur, les planches mal jointes, la fenêtre de Mariana, les sons qui parviennent des clients et des hommes sur la place. Ce regard partiel donne une vague idée de cette société qui sombre dans les ténèbres. La maison close devient un microcosme, entre collaboration et Résistance. Hugo finit par sortir et découvrir le prix du sacrifice de Mariana. Il attend une libération de sa protectrice, le retour d’une mère, seul, assis sur sa valise, métaphore d’une solitude qui sera désormais sa compagne pour la vie.

« Moi, si j'y tenais mal mon rôle - C'était de n'y comprendre rien » *

C’est un film des sens et même si, comme le dit Marguerite Duras : « Tout ce qui s’est passé est inscrit dans les cellules du corps et non dans la mémoire ». Hugo est comme un aveugle. Privé de la vue, ses autres sens s’aiguisent pour mieux comprendre le monde. Il lui reste les souvenirs anciens, sa petite copine Anna et son imagination pour s’évader. Derrière la porte, il y a Mariana, remarquable interprétation de Mélanie Thierry. Mariana tient par la force de l’alcool, de l’oubli de ces hommes de passage et son attachement à Hugo. Il est le fils qu’elle n’a jamais eu. C’est le lien qui les unit dans la douleur et leur permet d’échapper à la folie.

Patrick Van Langhenhoven
* Extrait du poème Est‐ce ainsi que les hommes vivent ? De Louis Aragon.





Fiche technique

Titre original : La Chambre de Mariana
Réalisation : Emmanuel Finkiel
Scénario : Emmanuel Finkiel, d'après l'œuvre d'Aharon Appelfeld
Décors : Yvett Rotscheid
Costumes : Gaëtane Paulus
Photographie : Alexis Kavyrchine
Son : Antoine-Basile Mercier, Paul Heymans, Olivier Dô Huu
Montage : Anne Weil
Production : David Gauquié, Julien Deris et Olivier Delbosc
Production associée : Jean-Luc Ormières, Sivan Cohen, Émilien Bignon et Jean-Luc Olivier
Coproduction : Viktoria Petranyi, Joseph Rouschop et Ruth Cats
Pays de production : Drapeau de la France France, Drapeau de la Belgique Belgique, Drapeau de la Hongrie Hongrie, Drapeau d’Israël Israël et Drapeau du Portugal Portugal
Société de production : Tarantula Belgique, Curiosa Films, Metro Communications, Cinéfrance, Proton Cinéma, Sunshine Films Production et Arte France
Société de distribution : Ad Vitam et WestEnd Films
Langue originale : ukrainien, allemand, yiddish et russe
Format : couleur — 2,39:1 — son 5.1
Genre : Drame historique
Durée : 131 minutes
Sortie en salles: 23 avril 2025

Distribution
    Mélanie Thierry : Mariana
    Artem Kyryk : Hugo
    Julia Goldberg : Yulia
    Yon Rozenkier : Yacov
    Minou Monfared : Anna