Un jury c’est toujours un ensemble de personnalités souvent différentes, réunies pour juger un ensemble de films différents. Dans cet orchestre de voix multiples, le président doit trouver un point de convergence commun. C’est la lourde tâche d’Arnaud Desplechin, réalisateur de l’intime, souvent au coeur de la famille. C’est un peu la thématique rajeunie de cette sélection de la compétition. Pour l’accompagner, des acteurs, actrices, un écrivain, toujours prêts à pousser une porte vers l’inconnu. Ils font des choix de carrière qui les entrainent à pousser toujours plus loin la palette de leurs talents. Leurs rôles les portent sur un cinéma de l’intime, de l’exploration de l’âme et du désir au cœur des blessures de la vie. C’est sans doute un film marqué au fer rouge par les cicatrices de l’existence qui emportera leur adhésion. Mais il nous faudra attendre le samedi 10 septembre pour savoir si notre pronostic est bon…

 Patrick Van Langhenhoven

Arnaud Desplechin Président  Scénariste, Réalisateur, Metteur en scène

 « Ce qui me bouleverse dans le cinéma, c’est quand le réel se met à scintiller, quand le réel devient une épiphanie. »

Né en 1960 à Roubaix, passionné de cinéma, Arnaud Desplechin intègre l’IDHEC en section « réalisation et prise de vue ». Il débute ensuite comme directeur de la photographie sur plusieurs courts métrages. La Vie des morts, son premier moyen métrage, qu’il tourne en 1991, remporte le Prix Jean Vigo. L’année suivante, son premier long métrage, La Sentinelle, est sélectionné au Festival de Cannes. Il devient la figure centrale du jeune cinéma français grâce à plusieurs de ses films suivants, parmi lesquels Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) (1996) ou encore Esther Kahn (2000). En 2004, Arnaud Desplechin achève Rois & reines avec Emmanuelle Devos et Mathieu Amalric. Le film remporte un succès à la fois commercial et critique, Mathieu Amalric obtenant notamment le César du meilleur acteur. En 2007, le cinéaste tourne le documentaire L’Aimée dans lequel il aborde ses secrets de famille. Il choisit ensuite Catherine Deneuve et Jean-Paul Roussillon pour jouer dans sa comédie dramatique Un conte de Noël (2008). En 2013, il se rend aux États-Unis pour tourner Jimmy P. (Psychothérapie d’un Indien des plaines) dans lequel il retrouve son acteur favori, Mathieu Amalric, aux côtés de Benicio del Toro. En 2016, il reçoit le César du meilleur réalisateur pour Trois souvenirs de ma jeunesse. Arnaud Desplechin met ensuite en scène avec succès « Père » d’August Strind­berg à la Comédie Française, puis « Angels in America » de Tony Kushner. En 2019, Roubaix une lumière, comme la plupart de ses films précédents, est sélectionné en compétition au Festival de Cannes. Son dernier long métrage, Frère et sœur, est également présenté sur la Croisette cette année.

2022 Frère et Soeur

En Thérapie Saison 2 (série pour Arte)

2021 Tromperie

2020 Angels in América (Comédie française)

2019 Roubaix une lumière

2017 Les Fantômes d’Ismaël

2015 Trois souvenirs de ma jeunesse

Prix Jacques Prévert du Scénario, Prix Lumière du Meilleur réalisateur, César du Meilleur réalisateur

2014 La Forêt (téléfilm Arte)

2012 Jimmy P. (Psychothérapie d’un indien des plaines)

2008 Un conte de Noël

César du Meilleur acteur dans un second rôle pour Jean-Paul Roussillon

2007 L’Aimée (documentaire)

Prix du Meilleur documentaire, Festival de Venise 2007

2004 Rois et Reines

César du Meilleur Acteur pour Mathieu Amalric & Prix Louis Delluc

2003 Léo en jouant “Dans la compagnie des hommes”

2000 Esther Kahn

1996 Comment je me suis disputé… (Ma vie sexuelle)

César du Meilleur espoir masculin pour Mathieu Amalric

1992 La Sentinelle

César du Meilleur espoir masculin pour Emmanuel Salinger

1991 La vie des morts (court métrage)

Grand Prix du festival d’Angers & Prix Jean Vigo

Jean Paul Civeyrac  Réalisateur, scénariste

Jean Paul Civeyrac fait des études de philosophie à l’Université de Lyon avant d’étudier à la Fémis à Paris où il réalise son court métrage La Vie selon Luc, sélectionné en compétition au Festival de Cannes 1991. Six ans plus tard, il tourne son premier long métrage, Ni d’Ève ni d’Adam, suivi des films Les Solitaires (2000), Fantômes (2002), qui obtient le Prix du Jury au Festival de Belfort, Le doux amour des hommes (2002) et Toutes ces belles promesses, qui remporte le Prix Jean Vigo 2003. Il signe ensuite À travers la Forêt, présenté au Festival de Toronto 2005, Des filles en noir, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs 2010, Mon amie Victoria (2014) et Mes Provinciales, présenté à la Berlinale en 2018 dans la section Panorama. Jean Paul Civey­rac se consacre parallèlement à l’écriture et enseigne à la Fémis, à l’Université Paris VIII et au Cours Florent. « Écrit entre les jours », un recueil de textes consacrés au cinéma et à la musique, est publié en 2014 chez De l’Incidence Editeur et « Rose pour­quoi », un essai sur le cinéma, chez POL en 2017. Son long métrage Une femme de notre temps, dans lequel il dirige Sophie Marceau, est sélection­né au dernier Festival de Locarno et sera dans les salles à la fin de l’année.

Pierre Deladonchamps  Comédien

Pierre Deladonchamps suit les cours d’art dramatique de Sandrine Gironde à Nancy, sa ville natale. En 2001, il intègre le Cours Florent, puis apparaît dans des séries télévisées comme Famille d’accueil, Engrenages ou Central Nuit. En 2013, il tient le rôle principal dans L’Inconnu du lac d’Alain Guiraudie, présenté à Un Certain Regard. Sa prestation lui vaut le César du meilleur espoir masculin l’année suivante. Le comédien enchaîne alors les tournages : Une enfance de Philippe Claudel (2015), Le Fils de Jean de Philippe Lioret (2016), pour lequel il est nommé au César du meilleur acteur, Nos années folles d’André Téchiné (2017), Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré (2018), Les Chatouilles d’Andréa Bescond et Éric Métayer (2018), Notre Dame de Valérie Donzelli (2019), Vaurien de Peter Dourountzis (2020) ou plus récemment Eif­fel de Martin Bourboulon (2021). Il foule aussi régulièrement les planches, entre autres dans les pièces « Inspecteur Whaff » de Tom Stoppard, et cette année « Les Amants de la commune » de Laurent Seksik au théâtre Antoine. Il sera pro­chainement à l’affiche des films Vous n’aurez pas ma haine de Kilian Riedhof, Hawaii de Mélissa Drigeard et La Syndicaliste de Jean-Paul Salomé.

Léa Drucker  Comédienne

For­mée chez Véra Gregh et à l’Ensatt, Léa Drucker com­mence une carrière sur les planches, jouant notamment sous la direction de Roger Hanin, puis Hans Peter Cloos, Benno Besson, Zabou Breitman, Michel Fau ou encore Bernard Murat. Elle est nommée quatre fois aux Molières, pour les pièces « Danny et la grande bleue », « 84 Charing Cross Road », « Un amour qui ne finit pas » et « La Dame de chez Maxim ». En 2017, elle incarne une mère de famille peu épanouie dans « Cuisine et dépendances » et « Un air de famille » d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri. Parallèlement à sa riche carrière théâtrale, elle est actrice pour le petit et le grand écran ; elle est notamment dirigée par Cédric Klapisch, Coline Serreau, Mathieu Amalric, Nadav Lapid, Jérôme Bonnell et récemment Quentin Dupieux pour Incroyable mais vrai ou Catherine Breillat pour L’Eté dernier. En 2007, Léa Drucker obtient le Globe de cristal de la meilleure actrice pour L’homme de sa vie de Zabou Breitman. En 2019, elle reçoit le César de la meilleure actrice pour son interprétation d’une femme victime de son mari dans Jusqu’à la garde de Xavier Legrand. Elle sera prochainement à l’affiche de Close de Lukas Dhont, Grand Prix du dernier Festival de Cannes, Les femmes du square de Julien Rambaldi et Couleurs de l’incendie de Clovis Cornillac.

Yasmina Khadra Ecrivain

Romancier algérien, Yasmina Khadra est né dans le Sahara. À l’âge de neuf ans, son père le confie à l’école militaire des Cadets, où il sera destiné à une carrière d’officier. De 1984 à 1989, il publie six romans sous son vrai nom, Mohammed Moulessehoul. En 1989, sa hiérarchie lui impose un comité de censure qui l’oblige à écrire dans la clandestinité durant onze ans, avant d’opter définitive­ment pour le pseud­nyme de Yasmina Khadra, constitué des deux prénoms de son épouse. L’écrivain prend sa retraite de l’armée en septembre 2000 pour se consacrer à la littérature. Adaptées au cinéma, en bandes dessinées et au théâtre, ses œuvres, comme « Les Hirondelles de Kaboul », « L’Attentat » ou « Ce que le jour doit à la nuit », sont traduites dans 58 pays et touchent des millions de lecteurs.

Sophie Letouneur  Réalisatrice, scénariste, Actrice

Après des études d’art à l’École Duperré et à l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs, Sophie Letourneur réalise tout d’abord des vidéos expérimentales, des installa­tions, des documentaires, ainsi qu’un court métrage avec une caméra super 8. En 2004, elle signe son premier court métrage de fiction, La Tête dans le vide, avant de réaliser deux moyens métrages : Manue Bolonaise, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs 2006, et Roc et canyon (2008). En 2009, elle coécrit et réalise son premier long métrage, La Vie au ranch, qui remporte le Prix du public et le Prix du film français au Festival Entrevues de Belfort. Avec son court métrage Le Marin masqué (2011) et son second film Les Coquillettes (2012), tous deux présen­tés au Festival de Locarno et dans lesquels elle joue également, elle propose un dispositif original en liant ses deux réalisations. En 2014, elle fait appel pour la première fois à des interprètes professionnels comme Lolita Chammah, Benja­min Biolay et Félix Moati pour Gaby Baby Doll. En 2020, elle dirige Marina Foïs et Jonathan Cohen dans la comédie Énorme. Son nouveau film, Voyages en Italie, est actuellement en post-production.

Alex Luzt  Comédien, Réalisateur, Metteur en scène, Humoriste

 Alex Lutz fait ses premiers pas en tant que comédien et assistant à la mise en scène dans la troupe Les Foirades de Pascale Spengler. Il fonde en 2002 la compagnie Le coût de la pomme, avec laquelle il crée plusieurs spectacles en province. Il monte à Paris et fait ses premiers pas de comédien à la télévision. Il rencontre alors Sylvie Joly, pour qui il coécrit et met en scène le dernier spectacle « La Cerise sur le gâteau » au Théâtre des Mathurins, ainsi que Pierre Palmade, pour lequel il assure la mise en scène des pièces « Le Comique », nommée aux Molières 2009, et « Ils se re-aiment » avec Michèle Laroque. Alex Lutz fait ses débuts sur le grand écran en 2009 dans OSS 117 : Rio ne répond plus de Michel Hazanavicius ; il alterne alors cinéma, one man show, théâtre et télévision. De 2011 à 2019, avec Bru­no Sanches, ils incarnent Catherine et Liliane sur Canal+. En 2016, il reçoit son premier Molière de l’humour, puis un deuxième en 2018. En 2015, il écrit, réalise et joue dans son premier long métrage, Le Talent de mes amis, puis dans son second film en tant que réalisateur, Guy (2019), pour lequel il reçoit le César du meilleur acteur pour son interprétation d’un chanteur de variétés. Au prin­temps dernier, il est à l’affiche des films Vortex de Gaspard Noé et À l’ombre des filles d’Étienne Comar ; il sera prochainement dans Une comédie romantique de Thibault Segouin. Il vient de finir le tournage de Une nuit, son troisième film en tant que réalisateur, dans lequel il donne la réplique à Karin Viard.

Marine Vacth  Comédienne

Marine Vacth est repérée par un agent de mannequins et devient rapidement l’égérie des maisons les plus prestigieuses. En 2011, le réalisateur Cédric Kla­pisch lui offre son premier rôle au cinéma dans Ma part du gâteau. Deux ans plus tard, François Ozon lui permet d’accéder à la consécration en lui confiant le rôle principal féminin de son film Jeune et Jolie, présenté en compétition au Festival de Cannes. Sa prestation, unanimement saluée par la critique, lui vaut en 2014 une nomination aux Lumières de la presse internationale, dans la catégorie révélation féminine de l’année. Elle est ensuite à l’affiche de Belles familles de Jean-Paul Rappeneau (2015), La Confession de Nicolas Boukhrief (2016) et Si tu voyais son cœur de Joan Chemla (2017). Elle retrouve François Ozon en 2017 pour L’Amant double. En 2020, elle incarne une fée dans Pinocchio de Matteo Garrone et la sœur cadette de Maïwenn dans son film ADN. Marine Vacth est parallèlement l’héroïne de la série fantastique Moloch sur Arte. Cette année, elle est à l’affiche du thriller Entre la vie et la mort de Giordano Gederlini et sera prochainement sur le grand écran dans Le Soleil de trop près de Brieuc Carnaille et Mascarade de Nicolas Bedos.