Genre : Ciné région
Réalisateur : Éric Besnard
Acteurs : Grégory Gadebois, Bernard Campan, Alexandra Lamy
Jean Valjean, figure tutélaire de l’une des plus célèbres œuvres de la littérature française, et aussi un des plus adaptés au cinéma (ou sur scène), revient sur nos écrans. Eric Besnard, à qui l’on doit Louise Violet sorti en 2024, nous propose une nouvelle adaptation du roman de Victor Hugo, ainsi, il ne s’intéresse qu’aux deux premiers chapitres.
Comme dans le roman, on suit donc les pas d’un homme sorti du bagne de Toulon en 1815 où il a purgé dix-neuf ans de travaux forcés (condamné à cinq ans pour un vol de pain avec effraction pour nourrir ses sept neveux et nièces, puis condamné à nouveau à quatorze années supplémentaires pour tentative d’évasion). Si théoriquement le galérien est libre, il est cependant marqué à vie par le sceau de l’infamie, à savoir son passeport jaune. De couleur jaune, ce passe-port (appelé ainsi autrefois) devait être présenté à chaque contrôle des gendarmes et à toutes les entrées de ville.
La suite, on la connaît, tous les villageois ou bons bourgeois se méfient et refusent toute hospitalité, et encore plus du travail. C’est ainsi que notre homme (magistral Grégory Gadebois) va se présenter à la porte de Monseigneur Myriel (remarquable Bernard Campan), évêque de Digne. Ce dernier se nommait Charles-François-Bienvenu, c’est pourquoi tous l’appelaient Bienvenu, ce qui lui allait fort bien d’ailleurs. D’une simplicité et d’une bonté infinie, il avait délaissé le palais épiscopal pour loger plus modestement dans l’ancien hôpital, qui était mitoyen. (Le palais servant alors à loger les nombreux malades.) Il vivait là avec sa jeune sœur (Isabelle Carré) et leur domestique, Madame Magloire (Alexandra Lamy), n’ayant conservé que quelques couverts en argent pour seule marque de richesse.
L’habileté du scénario d’Éric Besnard est qu’il revient à l’essence même du discours de Victor Hugo, à savoir s’insurger contre le travail forcé des enfants (évoqué par l’épisode des neveux et plus tard par Cosette) et également de s’indigner des conditions de travail des bagnards, qui survivant dans des conditions indignes d’un homme, ne pouvaient qu’engendrer le pire. C’est cette misère (à l’origine, en 1845, l’ébauche du livre s’appelait Les Misères), qui pousse Valjean à voler Monseigneur Myriel. Et si Bienvenu lui donne finalement les « fameux » chandeliers en argent, c’est que le saint homme lui dit que c’est son âme qu’il achète. Ainsi, en deux chapitres seulement, la trame de ce qui va suivre est posée. Le parcours de la rédemption.
Grégory Gadebois incarne avec force et conviction le forçat taiseux, brisé par des années d’un travail dur et harassant dans des carrières de pierre (une fois libérés, les prisonniers touchaient un pécule pour le labeur effectué) et dénué de toute compassion envers ses infortunés compagnons. Face à lui, Bernard Campan compose un évêque aux yeux pétillants d’amour et de commisération sincères.
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En attendant la version de Fred Cavayé, prévue pour décembre 2026, avec Vincent Lindon, retour sur un succès international :
C’est le 3 avril 1862, que paraissent Les Misérables aux Éditions Lacroix (prédestiné comme nom d’éditeur !). Le livre est un vrai succès populaire à l’époque, il est même traduit en plusieurs langues et rencontre le même succès à l’étranger. Quarante-cinq ans plus tard, c’est une femme qui tournera le premier court métrage de cinq minutes tiré de l’œuvre d’Hugo, « L’Émeute » (répertorié également sous les titres de « L’enfant de la barricade » et « On the barricade »), qui s’inspire lointainement de l’épisode des barricades. Mais c’est en 1909 que sort la véritable première adaptation par l’Américain J. Stuart Blackton. Suivront plus d’une trentaine d’adaptations au cinéma : des courts, des muets, une version de 6 heures par Henri Fescourt en 1925, une première adaptation sonore en 1929 réalisée par Norman McKinnell (« The bishop’s Candelsticks »), des versions italienne, japonaise, mexicaine, arabe, indienne, russe. La télévision s’empare également du roman et on l’on recense également des dessins animés. En 2012, Tom Hopper réalise une version chantée, interprétée par Hugh Jackman (sorti en France en 2013). Plus près de nous, une version télévisée anglaise réalisée par Andrew Davies, avec Dominic West dans le rôle de Valjean est diffusée entre 2018 et 2019.
Et c’est sans compter les comédies musicales !
Véronique REGOUDY-BAZAIA
Fiche Technique:
Titre original : Jean Valjean
Réalisation : Éric Besnard
Scénario : Éric Besnard, d'après Les Misérables de Victor Hugo
Musique : Christophe Julien
Décors : Bertrand Seitz
Costumes : Madeline Fontaine
Photographie : Laurent Dailland
Montage : Lydia Boukhrief
Production : Clément Miserez et Matthieu Warter
Sociétés de production : Mediawan Studios, Radar Films, France 3 Cinéma, OCS, HBO Max, Entourage, Cinécap et Warner Bros. France
Sociétés de distribution : Warner Bros. France (France), Ginger & Fed
Budget : 7 000 000 €
Pays de production : France
Langue originale : français
Format : couleur
Genre : drame historique
Date de sortie : 19 novembre 2025
Distribution
Grégory Gadebois : Jean Valjean
Bernard Campan : Monseigneur Bienvenu
Isabelle Carré : Baptistine
Alexandra Lamy : Magloire
Dominique Pinon : Boîte à mots
Patrick Pineau : Le vieux citoyen
Albert Dupontel : Claude Gueux
Photo David Koskas © 2025 Radar