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affiche Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg 2013 : jour 1

Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg 2013 : jour 1

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Genre : Festival Cinéma

L'Actu

Woula, c'est la fête ! Sur ces belles paroles, l'animatrice survitaminée et survoltée de la soirée d'ouverture annonce une certaine réalité vécue chaque année par les spectateurs du Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg de cet événement annuel consacré aux pépites du genre actuelles ( en numérique ) et passées ( en 35mm dans la mesure du possible ).

Nous aurons donc le loisir et le plaisir de revoir des films de gorilles gentils et méchants à l'occasion du 80ème anniversaire du King Kong d'Ernest B.Schoedsack et Merian C.Cooper ou des films du champion du lucha libre ( le catch en VF ) Santo ( Superman en VF ) pour accompagner l'avant-première de l'étonnant Nos héros sont morts ce soir, premier long de David Perrault. Il y aura aussi du documentaire, du court-métrage, une compétition de longs inédits, des expositions et bien d'autres choses, à voir dans les autres news.

Pour des raisons de place, appelons ce festival par son petit nom : le FEFFS, à la notoriété sans cesse grandissante, comme nous le confirment les Frères Jacques qui nous chantaient goulûment ces belles paroles : ' depuis quelques années, tout ce dont on entend parler, c'est... du FEFFS, du FEFFS '... la preuve en images :


la preuve en images en cliquant sur le lien vidéo par dvdcap

Le film d'ouverture, car il faut un ( Super en 2011 et Robot et Frank en 2012, que du bon ) était We are what we are bien choisi car l'histoire commence un vendredi. Le réalisateur est Jim Mickle, un talent montant ( Mulberry Street et Stake Land ) et désormais confirmé du cinéma de genre, la preuve, il est passé cette année par la case cannoise de la Quinzaine des Réalisateurs, avec ce portrait glacé d'une famille, les Parker aux moeurs pas très catholiques, ou alors trop, et gastronomiques bien particulières.

Lorsque la mère pourvoyeuse de pitances sanglantes est victime de son addiction au prion, le père, ses deux filles et le petit dernier sont venus chez moi pour se serrer la pince ( ??? ) et se retrouvent seuls. L'aînée doit alors prendre la succession de maman et préparer la viande fraîche qui se trouve dans la cave. Ambiance poisseuse à souhait certes et mise en scène professionnelle ( malgré l'abus de montées de tension avec actions parallèles significatives et pourquoi pas un split-screen tant qu'on y est ) mais l'on peine à retrouver l'originalité de Somos lo que hay / We are what we are / Nous sommes ce que nous sommes de Jorge Michel Grau dont il est le remake plus fadasse que badass. Le scénario de la version mexicaine n'était pas exempt de défauts mais était bien plus complexe. Finis les sous-textes autour de l'homosexualité inavouée du fils de la famille, la tentation de l'inceste ou l'inexistence sociale des prostituées, principales victimes des héros de cette première version.

Ici, Jim Mickle se contente de choquer avec de la barbaque, d'inverser le rapport au sein de la famille ( c'est le père qui meurt dans l'original ) et les filles, pourtant programmées pour devenir des cannibales sont en réalité gentilles, sauf quand elles sont un peu méchantes. Une inconsistance de caractérisation qui finit par être lassante. Dans le rôle du docteur du village, Michael Parks reste excellent, surtout dans les moments où il évoque la disparition de sa fille. Mais il est parfois victime du texte, notamment lorsqu'on lui fait dire : ' avez-vous mangé ma fille ? ' . Le film est encore victime ( ça ressemble à du bémol cette critique ) de son insistance à bien faire comprendre au spectateur que le sujet du film est le cannibalisme, c'est même écrit dans un livre avec arrêt sur image. Le flash-back sur l'origine du mal est inutile et superfétatoire et le final se perd dans du grand-guignol grotesque.

Au moins pour un film d'ouverture, We are what we are a le mérite d'ouvrir l'appétit d'un festival qui s'annonce ragoûtant en cerveaux étalés et chair explosées, avec du sang, des tripes, des filles nues promises à tout spectateur qui achètera six places pour le festival et des critiques jamais contents, barbus à lunettes ou qui ressemblent à Bob Balaban dans La Jeune fille de l'eau de M.Night Shamallow. Vivement samedi demain pour découvrir le nouveau Lucky McKee, All Cheerleaders die, dont le titre québécois risque bien d'être Toutes les pom-pom girls meurent un jour. Je suis donc tranquille...

Pascal Le Duff