Les enjeux de l’éducation à l’image Face à la captation de l’attention des jeunes par les petits écrans et la puissance des réseaux sociaux, le secteur du cinéma doit relever le défi de l’éducation à l’image et faire retrouver le chemin de la salle à une génération entière qui s’en détourne.
C’est ce à quoi s’attellent nombre de festivals de cinéma, et en première ligne le festival de Sarlat, premier festival national des lycéens.L’attention a toujours été au centre des préoccupations de la télévision, de la radio et de la presse écrite. Elle conditionne la fidélisation et surtout l’efficacité des messages publicitaires dont vivent la majorité de ces supports, le fameux « temps de cerveau disponible ». Mais voilà que le numérique profite de moyens autrement plus efficaces que ces médias traditionnels. La multiplication des écrans et le temps que nous leur consacrons ont explosé, confinant à une addiction.
Les jeunes en sont la cible principale et les premières victimes, grâce notamment aux outils diaboliques que sont les réseaux sociaux.Les chiffres, sans cesse en augmentation, donnent le tournis. Une étude de 2024 (institut IPSOS pour le Centre national du Livre) révèle que les jeunes âgés de 16 à 19 ans passent plus de 5h10 min sur les écrans chaque jour. Snapchat et TikTok (95% des 15/18 ans sont inscrits sur un ou plusieurs réseaux sociaux) captent la moitié du temps passé en ligne.
Ces pratiques sont à l’origine de nombreuses pathologies : surpoids, troubles du sommeil et même ténosynovite, une tendinite du pouce, qui peut parcourir jusqu’à 200 mètres par jour en scrollant. La captation de cette attention détourne les nouvelles générations d’autres images animées, celles du cinéma, pourvues d’ambitions esthétiques, porteuses de plus de complexité, riches de regards multiples et découvertes collectivement. L’éducation à l’image est un des moyens de les rendre à nouveau accessibles.
Si le nouveau Projet de loi de finances prévoit que le budget de la culture passe de 3,7 Md€ en 2025 à 3,5 Md€, et si 50 M€ seront prélevés sur les ressources du CNC en 2026, il faut noter que « l’accès à la culture pour tous et sur l’ensemble du territoire demeure une priorité » de sorte que les crédits d’intervention pour l’éducation artistique et culturelle augmenteraient de 6 M€ pour atteindre les 135 M€.
C’est le sens d’un rapport élaboré en mai 2025 par Édouard Geffray, actuel ministre de l’Éducation nationale, alors qu’il siégeait au Conseil d’État. Ce rapport, intitulé « Offrir à chaque élève une éducation au cinéma et à l’image de qualité », visait à rappeler la nécessité de maintenir et de renforcer les dispositifs d’éducation à l’image, auprès d’une génération née avec les réseaux sociaux. C’est à ces défis que la filière cinématographique fait face, de manière toujours plus urgente.
Confronter les jeunes à des œuvres, les inciter à lever le regard sur de grands écrans à l’occasion d’une expérience partagée relève d’une ambition autant artistique que politique. C’est celle qui anime le festival de Sarlat, premier festival national des lycéens, qui accueille quelque 600 élèves des classes de spécialité cinéma audiovisuel.