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affiche FEFFS 2013 : jours 4 et 5 : lundi 16 et mardi 17 septembre 1/2 : spécial fesses

FEFFS 2013 : jours 4 et 5 : lundi 16 et mardi 17 septembre 1/2 : spécial fesses

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Genre : Festival Cinéma

L'Actu


La programmation 2013 prouve que les programmateurs du festival ( Daniel Cohen, Consuelo Holtzer ) aiment rappeler l'acronyme de leur festival : le FEFFS et sans les fesses, le FEFFS n'est plus le FEFFS. Aujourd'hui, on découvre l'iconoclaste Big Ass Spider de Mike Mendez. Le titre ne se traduit pas par ' l'araignée a un gros cul ', comme les sous-titres facétieux le suggèrent, mais plutôt qu'elle est vraiment d'une taille phénoménale. Ouverture en forme de parodie des productions fauchées pour la télévision ou de direct en dvd d'invasions de monstres avec Greg Grunberg qui se lève, manifestement sonné, alors qu'autour de lui des gens paniqués hurlent et courent dans tous les sens en esquivant ( ou pas ) des débris venus du ciel. La réalité de cette menace se révèle petit à petit à nos yeux ébahis : une araignée impressionnante sème la terreur alors que l'on entend en guise de bande-son une libre adaptation de Where is my mind des Pixies par Storm Large. Par cette introduction brillante et filmée avec un art rare du burlesque, le ton est donné, nous sommes dans une comédie de monstres inventive et heureusement elle sera rythmée par les scènes d'action et le duo hilarant formé par l'acteur fétiche de J.J.Abrams ( les séries Alias et Lost ) et Lombardo Boyar, sémillant sidekick mexicain. Le premier est un exterminateur spécialisé en araignées : il pense comme une araignée, bouge comme une araignée, il devient une araignée !

Le deuxième est l'agent de sécurité d'un hôpital où une bestiole transformée lors d'une expérimentation militaire lance ses premières attaques. Leur alchimie, digne de celle du Frelon Vert et de Kato, est l'un des principaux moteurs de cette série B qui se révèle être un vrai coup de maître. Leur relation qui naît au début du film est croquée avec subtilité, comme si l'on assistait à la naissance d'une vraie amitié. Si le film est autant un vrai coup de coeur, cela vient pour beaucoup de ses personnages qui ne sont pas que des caricatures. Ils sont drôles, exagérés certes mais jamais trop excessifs, pas plus que nécessaire en tout cas. Big Ass Spider est une comédie ironique hilarante et volontairement bis, avec une distribution homogène. Greg Grunberg porte le film dès cette inimitable scène d'ouverture mais on peut aussi saluer en jolie soldate Claire Kramer, ex Glory de la série Buffy contre les vampires, qui va tenter de l'aider à sauver le monde après les habituelles chamailleries d'une comédie romantique. A noter encore la présence de deux sémillants vétérans du genre, Patrick Bauchau en officier scientifique dépassé malgré une pipe géniale et surtout Ray Wise, l'un des acteurs les plus cools de l'Histoire de l'univers depuis Twin Peaks, en officier autoritaire avec un grain. Il était déjà présent dans The Aggression Scale l'an dernier, une autre production de Travis Stevens, membre du jury 2013. C'est à lui que l'on doit la dernière réplique du film, annonciatrice d'une suite que l'on ne peut qu'espérer être aussi plaisante.

Malgré un budget manifestement limité, les effets spéciaux de Ice Animations sont réussis ( surtout dans la partie où l'araignée est de taille encore raisonnable ), et généreux : pas de monstres cachés à cause d'effets foireux. Les rares défauts, si l'on tient à en trouver, ne nuisent pas à une telle production qui assume sa bisserie sans se limiter à cela. Le réalisateur Mike Mendez sait créer quelques moments de réelle peur, plus que bien des productions dites plus sérieuses, notamment lorsqu'un patient de l'hôpital infesté voit avec horreur une araignée à gros cul s'approcher de lui via le conduit d'aération. Ainsi, à l'instar de Grabbers de Jon Wright, du FEFFS 2012, lorsque l'on crée des personnages humains et attachants, il est plus aisé de s'intéresser à leur sort, que le films soit drôle ou non. Les auteurs respectent le genre, tout en s'amusant, et nous avec. Lloyd Kaufman, père des productions Troma et du Toxic Avenger, fait une brève apparition en jogger victime de l'araignée. L'Actor's Studio a engagé des vigiles surarmés pour s'assurer qu'il ne viendrait pas contaminer ses trop dignes élèves. Le Festival de Cannes s'est contenté de lui interdire la projection de Inside Llewyn Davis des frères Coen car il avait un smoking plus bleu que noir. Des araignées surdimensionnées auraient depuis été repérées près du bureau de Thierry Frémaux. Le producteur Travis Stevens a démenti ces informations.

Même s'il ne fut découvert que le lendemain, je m'empresse d'associer le Bad Milo ( alias anus break ) de Jacob Vaughan, autant pour la même drôlerie communicative que pour son aspect fessier ou son intelligence à détourner les clichés du genre. Produit par les frères Duplass ( Humpday ), ce film est une comédie scatologique certes - une coloscopie en guise d'ouverture, ce n'est pas anodin - mais de très bonne tenue. Stressé par une vie de bureau difficile et manipulé par un patron peu scrupuleux ( l'excellent Patrick Warburton révélé par la série Seinfeld ) et une vie familiale qui ne l'est pas moins, avec notamment une mère à l'appétit sexuel peu discret ( Mary Kay Place ), Duncan va devoir affronter la triste réalité : il a un truc dans le popotin et il va l'appeler... Milo ! Ce dernier s'attaque sans pitié à ceux qui font du mal à son hôte avant de revenir dans son foyer intestinal, et par la petite porte. Soutenu par un psy hurluberlu adepte de l'hypnotisme, joué avec un joli excès par Peter Stormare, il va tenter d'apprivoiser la créature qui symbolise tout ce qui ne va pas dans sa vie. Très vite, ils comprennent que Milo est indissociable de son corps et le détruire équivaudrait à un suicide.

Si la dimension grotesque reste présente tout du long, on y trouve une bonne dose de tendresse grâce à l'apparence du monstre et à son rapport avec son hôte. Malgré sa violence criminelle, elle reste très attachante, et les effets spéciaux permettent à Milo de s'inscrire dans la continuité des créatures les plus inoubliables des années 80, de E.T. à Chucky en passant par les Critters de Charles Band ou surtout le Belial de Frank Henenlotter dans Basket Case. Sa double personnalité et sa voix le rapprochent encore de Mogwai / Gremlins dans le film de Joe Dante. On retiendra la performance de Ken Marino, détective rival de Veronica Mars dans la série télé du même nom, aussi hilarant qu'humain dans sa lutte interne pour retenir le monstre dans son intimité profonde. La dualité de son jeu le rapproche d'un Brendan Fraser lorsqu'il est à son meilleur. Acteur encore méconnu en France, il trouve ici son meilleur rôle car il est drôle, on le savait, mais il révèle une dimension un peu plus profonde.

Une très sympathique réussite, douce et drôle comme son improbable duo en tête d'affiche, qui aurait pu faire partie de la sélection des séances de minuit mais qui a heureusement connu les joies de la compétition. Aussi inattendu que gentiment crade, Bad Milo révèle un réalisateur de talent, soutenu par son coscénariste Benjamin Hayes. Le scénario est malin et spirituel, avec des ruptures de ton étonnantes, entre hystérie criminelle et petite émotion qui perce, dans des scènes de réunion entre père ( Stephen Root dans un registre de jeu moins comique que d'habitude ) et fils ou dans les multiples désarrois du héros.

Pascal Le Duff