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affiche FEFFS 2013 : jour 6 : mercredi 18 septembre

FEFFS 2013 : jour 6 : mercredi 18 septembre

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Genre : Festival Cinéma

L'Actu

Kiss of the damned de Xan Cassavetes laisse la majorité de mes confrères circonspects, je suis moi plutôt séduit par cette entreprise romantique et sexy et premier long-métrage de fiction de la réalisatrice du documentaire Z Channel: A Magnificent Obsession. Sa cinéphilie que l'on pouvait ressentir dans ce premier film transparaît d'ailleurs ici à travers les quelques références, les évidentes, lorsqu'un personnage regarde à la télévision Station Terminus de Vittorio De Sica avec Jennifer Jones et Montgomery Clift ou Viridiana de Luis Bunuel, mais surtout dans ses références esthétiques, citons notamment le vampirisme façon Jean Rollin dans sa meilleure période, dans le rapport au vampire féminin et jusqu'au choix de l'affiche et au graphisme du titre, mais l'on pense aussi beaucoup aux Prédateurs de la Nuit ( The Hunger ) de Tony Scott par son esthétique racée et sa bande-son soignée, pop/rock. Que raconte cette variation sur le thème rebattu du vampirisme gothique ? L'histoire d'amour entre Djuna et le ténébreux écrivain Paolo qui entre dans un nouveau monde, celui des vampires donc.

Leur coup de foudre réciproque explose à travers l'embrasure d'une porte, et détourne la règle du ' laisse-moi entrer ' et cette fois c'est à l'humain de quémander l'accès à la demeure du vampire et non le contraire, Djuna tentant de réprimer son désir qui ne pourra être que mortel. Milo Ventimiglia, l'un des frères Petrelli dans Heroes, surnommé depuis la veille l'autre ' Bad Milo ' et l'une des trois françaises de la distribution Josephine de la Baume forment ce couple maudit dès leur rencontre. S'ils forment un couple intéressant à suivre, ils se font très vite, et aisément, voler la vedette. En effet, après une ouverture mordante, leur passion naissante est très vite compromise par l'arrivée de Mimi, la soeur de Djuna. Elle mord la vie à pleines dents et ne peut se passer de sang humain, au contraire d'une majorité grandissante de ses congénères. Mimi assume sa vie de bohème et ne met aucun frein à son goût pour le sang humain frais.

Ainsi le récit qui n'aurait pu être que romantique est rapidement perverti par ce personnage envahissant et campé avec énergie par Roxane Mesquida, une nouvelle fois impressionnante dans le cinéma de genre, après le Rubber de Quentin Dupieux ou Kaboom de Gregg Araki. Chacune de ses actions est un geste d'agressivité envers ceux qui l'entourent, sa principale activité n'étant pas tant de tuer avec un plaisir non dissimulé que de confronter ses proches à assumer leur réelle nature, leur part animale. Elle les pousse dans leurs retranchements et il en faut peu pour que son retour aie un effet dévastateur sur sa soeur ou sa ' mère ' Xenia. Celle-ci est campée par Anna Mouglalis dans l'un de ses meilleurs rôles, incapable de résister au parfum d'une jeune vierge. ' Je n'ai pas réfléchi ' feint de s'excuser Mimi, le sourire en coin, après lui avoir présenté cette jeune femme admirative du talent de Xenia, actrice à succès.

Xan Cassavetes assume d'ailleurs dans cette séquence un clin d'oeil à l'Opening Night de son père John Cassavetes, avec la même sortie de théâtre sous la pluie et sa part de dangerosité, la même intensité de la jeune fan promise à un sort tragique. Malgré quelques afféteries et un rythme certes languissant ( comme chez Rollin par exemple ), la mise en scène est enlevée et rehaussée par une bande-son quasi érotique. Et bon point pour miss Xan, le héros humain est transformé plus rapidement ( ouf ! ) que Bella dans Twilight ( un petit quart d'heure contre cinq films ! ). Dans la séquence du salon bourgeois de Xenia, des vampires aristocrates devisent avec mépris contre les frêles humains, et l'on s'étonne de voir parmi eux Jonathan Caouette en dandy pour son premier vrai rôle en dehors de ses réalisations Tarnation et Walk away Renee où il mettait en scène sa relation avec sa mère malade. Il devient ici un acteur à suivre.


Avez-vous déjà entendu parler de Kong ? Voici de bien agréables retrouvailles avec l'un des films les plus aimés de tous de l'histoire du cinéma. Revoir King Kong dans la version originale de 1933 signée Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsackest toujours un bonheur et permet de rendre un hommage indirect au magicien Ray Harrhyhausen. Décédé le 7 mai dernier, le maître de l'animation image par image doit sa vocation à la vision de ce chef d'oeuvre alors qu'il était adolescent. Il sera lui-même l'élève de Willis O'Brien, père du Kong. Poétique, inquiétant, romantique, sauvage, King Kong demeure un sommet du septième art et ne cesse de surprendre et d'émouvoir.


Tremblant de peur à l'idée de fondre sous la pluie, j'abandonne la rencontre avec le jury, attendant que les prédictions de beau temps de la météorologiste exagérément optimiste Nathalie F. ne se réalisent. Espoir une nouvelle fois déçu, on se croirait en Bretagne...


Romantisme et suicide avec Love Eternal de Brendan Muldowney, adaptation irlandaise du roman Loving the Dead du japonais Keo Oishi. Témoin d'un suicide à l'adolescence, Ian se réfugie chez lui pour ne plus en sortir jusqu'au décès de son dernier parent, sa mère protectrice qui laisse un dernier mot d'amour maternel ( magnifique ) avant de disparaître. Il tente de mettre fin à ses jours lorsqu'il se retrouve seul, mais ne parvient pas à passer à l'acte. Il rencontre alors une jeune femme qu'il sauve, à sa manière, d'un suicide collectif. Lorsque leur relation s'achève de façon étonnante, il se trouve une nouvelle vocation : se lier avec de belles suicidaires, les accompagner mais sans lui-même aller jusqu'au bout. Malgré l'originalité du concept, je suis victime du syndrome de mi-festival : la fatigue. Lorsque je fais remarquer à ma voisine que j'ai piqué du nez pendant la séance, elle me répond, perfide : ' tu as dormi ! ' J'ai néanmoins pu apprécier la jolie prestation de Amanda Ryan, sosie de Zoe Kazan, première morte du parcours du jeune homme ( Robert de Hoog, déjà vu dans APP et sosie du Sherminator de American Pie ) avant de sombrer. Surprise : ce drame romantique permet d'entendre la voix de Pollyanna McIantosh alias The Woman de Lucky McKee, dans le rôle de l'une des rares femmes de la vie du héros qui ne souhaite pas mourir. Son répertoire vocal était jusqu'alors limité à de bien limités ' Brr ! Aaarr ! ' et l'entendre prononcer de réelles phrases est bien surprenant, même si sa prestation est moins marquante que dans l'Octopus d'or de 2011. Le film est parfois un peu trop bavard et éthéré, avec une bande-son surchargée, jusqu'à l'envahissante musique qui lorgne un peu trop vers celle de Little Miss Sunshine. L'atmosphère romantique a certes son charme mais paraît trop factice, et curieusement, malgré de vraies qualités, rien dans la mise en scène ni l'écriture ne donnent envie de donner une deuxième chance à ce film vu seulement à moitié et que je ne peux par conséquent que modérément dénigrer.

Pascal Le Duff