Eddington
Genre : Western
Pays : USA
Durée : 2h25
Réalisateur : Ari Aster
Acteurs : Joaquin Phoenix, Pedro Pascal, Emma Stone
La petite ville du Nouveau-Mexique est atteinte à son tour par la pandémie et doit se plier aux règles de confinement et de port du masque. Cela agace le Shérif Joe Cross refusant de porter ce dernier à cause de son asthme. Il décide de se présenter à la mairie contre l’ancien maire, Ted Garcia, ex-petit ami de sa femme. Dans ce coin d’Amérique coincé entre le Mexique et la réserve amérindienne, la ville tranquille s’enflamme.
La situation tendue réveille les démons des uns et des autres dans un pays au bord de la folie. C’est la mèche qui explose dans une satire d’une Amérique entre Covid, Black Lives Matter, suprémacisme blanc, écologie, droit à l'armement, mouvements conspirationnistes, dérives des réseaux sociaux. Dans une deuxième partie, cette montée en puissance d’une Amérique libre de tout explose dans une bataille des suprémacistes blancs contre le shérif. C’est une course aux plus gros flingues dans les rues de la ville, digne d’un règlement de comptes à OK Coral.
Ari Aster était le nouveau chantre d’un cinéma horrifique délaissé par les Jason Blum, James Wan ou Jordan Peele. À son tour, il se tourne vers un western urbain, pamphlet de l’Amérique contemporaine. Il pointait déjà le bout de son nez dans son dernier film Beau Is Afraid avec Joaquin Phoenix. Ce dernier trouve un rôle à sa démesure avec le shérif Joe Cross. La première partie ressemble à une comédie satirique sur le malaise des Etats-Unis et d’une grande partie du monde.
Il ne fait aucun doute, comme le dit la philosophe Cynthia Fleury, que la pandémie de Covid fait entrer l’humanité dans une nouvelle ère où toutes sortes de transgressions autoritaires peuvent se produire, aux conséquences sans précédent. Au départ, c’est une simple rivalité entre le maire et le shérif qui prend le prétexte du port du masque pour partir en vrille.
La ville finit dans le chaos qui explosera dans la seconde partie. La jeunesse contestataire se lance dans une campagne tous azimuts, du Covid aux conspirationnistes, en passant par une critique des réseaux sociaux et de leurs débordements. L’auteur se garde bien de jouer les oppositions, bien, mal, bons, méchants, gauche, droite. Il nous montre, à travers certaines figures, du gourou aux discours hallucinants aux réseaux sociaux, quand tout le monde s’exprime sans réfléchir, comment les imbéciles sont devenus rois.
C’est à la fois la force et la faiblesse du film. En balayant trop de sujets, il finit par perdre le spectateur. Eddington se transforme en un grand bazar, une foire confuse. Joaquin Phoenix compose un shérif remarquable, rapidement débordé par une situation qui lui échappe de plus en plus. On croise de tout dans cette réduction d’un pays qui finira par élire le plus absurde des présidents, Donald Trump et le mouvement Maga (redonner sa grandeur à l’Amérique).
La deuxième partie rejoint les scènes finales d’anthologie des vieux westerns. La ville se transforme en une course-poursuite, un Survival entre le shérif et des suprématistes blancs, avec un arsenal de plus en plus imposant. Il aboutit à une finale qui est une métaphore de cette Amérique devenue folle, quand le héros n’est plus qu’un infirme dans son fauteuil. À l’image du « roi est mort », l’Amérique est morte, vive l’Amérique ! Ari Aster nous montre qu’il n’est jamais meilleur que dans cette farce loufoque, parfois surréaliste, que l’on n'a pas fini de ressentir. Dans ce trop-plein, qui parfois peut nous faire perd la tête, le spectateur choisira son chemin, en évitant la lecture au premier degré.
Patrick Van Langhenhoven
Fiche technique
Titre original et francophone : Eddington
Réalisation et scénario : Ari Aster
Musique : Bobby Krlic et Daniel Pemberton
Décors : Elliott Hostetter
Costumes : Anna Terrazas
Photographie : Darius Khondji
Montage : Lucian Johnston
Production : Ari Aster et Lars Knudsen
Production exécutive : Alejandro De Leon, Robert Dean, Harrison Huffman, Todd Lundbohm, Andrea Scarso
Sociétés de production : A24, Square Peg
Sociétés de distribution : A24 (États-Unis), Metropolitan FilmExport (France)
Pays de production : États-Unis
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genre : néo-western, néo-noir, horreur psychologique
Durée : 148 minutes
Dates de sortie : 16 mai 2025 (festival de Cannes), 16 juillet 2025
Distribution
Joaquin Phoenix : le shérif Joe Cross
Pedro Pascal : le maire Ted Garcia
Emma Stone : Louise Cross, l'épouse de Joe
Austin Butler : Vernon Jefferson Peak
Luke Grimes : Guy, un officier d'Eddington
Deirdre O'Connell : Dawn, la mère de Louise
Micheal Ward : Michael, un shérif stagiaire
Clifton Collins Jr. : Lodge