Dracula
Genre : Fantastique
Pays : France
Durée : 2h09
Réalisateur : Luc Besson
Acteurs : Caleb Landry Jones, Christoph Waltz, Zoe Bleu
Le prince Vladimir aime sa bien-aimée, d’un amour si profond qu’il pourrait briser le cercle du temps. Les généraux doivent séparer ce couple soudé pour que Drakul remplisse sa mission vaincre les armées ottomanes aux portes des Carpates. Hélas, Elisebeta meurt dans une embuscade en tentant de le rejoindre. Drakul furieux renie Dieu qui n’a pas su protéger sa dulcinée. Désormais, sous le nom de Dracula, il est condamné à errer dans les méandres du temps en quête de celle qu’il cherche à jamais.
Quatre cents ans plus tard il n’espère plus rien, et se terre dans son château rongé par l’éternité. L’arrivée d’un clerc de notaire Jonathan Harker relance toutes ses espérances. La fiancée de celui-ci n’est autre qu’ Elisebeta qui s'est réincarnée. Un prêtre et sa confrérie sont sur les traces du Comte Dracula depuis quatre cents ans. Il espère mettre fin à la damnation en lui proposant de racheter son âme. C’est donc à Paris à l’approche de l’exposition universelle que se joue le dernier acte d’une malédiction rattrapée par le temps.
En février, 2024 Luc Besson annonce son nouveau projet avec Caleb Landry Jones l’acteur de Dogman. Pour luc Besson : « Quand vous lisez le livre, pour moi, la partie la plus intéressante est cet homme qui va attendre pendant des siècles et des siècles de revoir sa femme. Pour moi, c’est l’histoire d’amour ultime. » Le projet s’annonce alléchant en choisissant de mettre en avant l’aspect romantique de Dracula. Bram Stoker, tout comme Ann Radcliffe, Matthew Grégory Lewis, Mary Shelley appartiennent au courant du roman gothique. Il mêle l’horreur, le mystère, le romantisme dans une atmosphère sombre, inquiétante, des décors gothiques moyen-âgeux, et des intrigues surnaturelles.
De Nosferatu, le Vampire de Friedrich Murnau en 1922, au Dracula de Coppola introduisant pour la première fois une romance entre Dracula et Mina Murray ; en passant par celui de Tod Browning 1931, avec Bela Lugosi, les adaptations sont nombreuses des meilleures au pires. C’est vous dire si nous attendions avec impatience, cette version qui effacerait toutes les autres. Luc Besson, tout comme Jean-Jacques Beinex, Leos Carax, bouscule le cinéma des années 80 avec ce qu’on appellera le cinéma du look. Il se caractérise par une écriture baroque, barrée, décalée, une esthétique des clips ou des spots publicitaires.
Il tranche avec le cinéma naturaliste de l’époque, et est vu comme une révolution importante par la critique anglo-saxonne. D'ailleurs, aujourd'hui certains films américains n’en ont gardé que le look. C’est donc de ce point de vue qu’il faut analyser la version du Dracula de Besson. On est plus prêt du cinéma de Jean Rollin et de sa vision des vampires. La première séquence est plus proche du cinéma érotique et des clichés naïfs sur le romantisme, tapis de rose, éclairage à la Hamilton. La mort de la princesse Elisebeta rejoint le cinéma du look, avec un sens visuel propre à Luc Besson que l’on aime.
Après le mythe du vampire se réduit à l’essentiel, pas de transformation, une armée de gargouilles sorties d’un film de Disney, un prêtre à la place de Van Helsing. Londres devient Paris sans que cela ne bouleverse le récit. Besson privilégie certains personnages au détriment d’autre comme de Jonathan Harker, de Mina, et du romantisme gothique. C’est le combat, entre d'un homme damné par Dieu pour amour, qui se rachètera en acceptant sa pénitence, pour retrouver les voies du seigneur qui sont impénétrables, on le sait.
Les séquences majeures du roman se réduisent en un début, la visite de Jonathan Harker au château, et les trois femmes deviennent une horde de gargouilles grand-guignolesques. Le fond du roman, de la même manière s’évanouit en fumée comme un vampire. Nous sommes plus, dans un esprit de bande dessinée aussi bien pour les dialogues simples que pour l’esprit du film que de la noirceur du roman de Bram Stoker. Pourtant, il reste un sens du visuel et de la symbolique des couleurs plus vive, le sang de la vie, la révolution, le blanc de l’innocence, le vert des forêts, le noir des ténèbres où règne le mal.
Nous trouvons le meilleur comme le pire du cinéma de Luc Besson ce qui est dommage. L’idée était intéressante comme la séquence de la foire qui aurait pu être mieux exploitée avec ces monstres, le parfum envoutant, la séquence de versailles. Luc Besson ne manque pas d’idée, l’innocence, la damnation d’un dieu tout-puissant, et son rachat par la pénitence, le personnage du prêtre va dans ce sens. Que reste-t-il de cet amour franchissant les siècles par un homme qui choisit le mal pour retrouver sa bien-aimée, qui elle revient à travers le cycle des réincarnations ? Le Dracula de Luc Besson ne sera pas la révolution annoncée juste une version amusante.
Patrick Van Langhenhoven
Fiche technique
Titre original : Dracula
Titre de travail : Dracula: A Love Tale
Réalisation et scénario : Luc Besson, d'après le roman Dracula de Bram Stoker
Musique : Danny Elfman
Décors : Hugues Tissandier
Costumes : Corinne Bruand
Photographie : Colin Wandersman
Production : Virginie Besson-Silla
Sociétés de production : LBP Productions et EuropaCorp
Société de distribution : SND (France)
Budget : 45 millions d'euros
Pays de production : France, Royaume-Uni
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genre : fantastique, romance, horreur
Durée : 129 minutes
Date de sortie : 30 juillet 2025
Classification : Interdit aux moins de 12 ans
Distribution
Caleb Landry Jones : le prince Vladimir / Dracula
Christoph Waltz (VF : Bernard Gabay) : le prêtre
Matilda De Angelis : Maria
Zoë Bleu : Elisabeta / Mina
Ewens Abid : Jonathan Harker
Haymon Maria Buttinger : le cardinal
Ivan Franěk : le capitaine
Guillaume de Tonquédec : le docteur Dumont
Raphael Luce : l'employé