Dossier 137
Genre : Policier
Pays : France
Durée : 1h55
Réalisateur : Dominik Moll
Acteurs : Léa Drucker, Guslagie Malanda, Mathilde Roehrich
Dans la tourmente des Gilets jaunes Stéphanie, l'enquêtrice de l’IGPN hérite d’un dossier difficile. Un jeune homme, en marge des manifestations, est touché par un tir de LBD qui le blesse profondément. Dans cette colère qui monte partie d’une braise aux carrefours de toute la France pour finir en incendie, qui est coupable ? Un jeune homme de province, monté en famille à Paris, pour crier son incapacité à vivre décemment ou la police ? La manif se termine en visite touristique, en marge des défilés qui s’évaporent violemment dans les rues de la capitale.
Un tir de LBD, dont il faudra trouver la cause et le coupable, sur un jeune, provocant ou innocent. Stéphanie est une enquêtrice qui ne laisse pas les pressions de toutes parts influencer son enquête, mais juste les faits. Tiraillée entre la victime et les présumés coupables, elle doit reconstituer un puzzle complexe pour trouver la vérité. Comme toute vérité elle n’est peut-être pas bonne à dire !
Le mouvement des Gilets jaunes est parfois comparé à celle de ces va-nu-pieds, comme notre histoire en a connu de nombreuses fois. Plus que montrer ce mouvement dans son ensemble, ce qui intéresse Dominik Moll, c’est de continuer son exploration du système policier. Il choisit l’IGPN, un service peu mis en lumière dans le cinéma, mais souvent à son désavantage. C’est la première fois qu’un film s’intéresse à son fonctionnement, loin de l'incontournable ripou.
C’est aussi interroger la violence policière aujourd’hui. Comme le dit le scénariste Gilles Marchand : « Sans prendre la défense de tous les gens que vous avez cités, dans leur logique sémantique, ils disent : « il n’y a pas de violence policière pour dire. Il n’y a pas de violence policière systémique, pour dire, ce sont des policiers qui commettent des actes violents. » Évidemment, la répétition de policiers qui commettent des actes violents et qui ne sont pas sanctionnés finit par poser la question de savoir si c’est systémique ou pas. »
Cela soulève une autre question « Est-ce que l’Etat a le monopole de la violence ? » Ce cas emblématique d’un groupe de personnes en marge de Gilets jaunes en fin de manifestation, devenus touristes, interroge forcément. Toute la question de l’enquête sera de savoir qui est responsable. On le découvre au fur et à mesure de celle-ci, montrée de façon objective dans son aspect clinique, reprenant les mots froids de la Justice. La réponse est beaucoup plus complexe et pointe des dysfonctionnements, à travers le jeu du mensonge et de la vérité, du blanc et du noir.
De la même manière, le fait que les victimes soient de la même ville que Stéphanie devient un élément de plus dans la quête de vérité. La force du récit emprunte les codes du roman policier, l’enquête d’une équipe de flics, avec ses tensions et son suspense. Ce sont aussi ceux du roman noir, qui se focalise plus sur les individus, un univers violent, un certain pessimisme sur la société et un engagement politique ou social.
La mise en scène s’appuie sur des images de vidéo d’archives, de reconstitutions, et un huis clos à la manière de Garde à vue de Claude Miller en 1981. La caméra joue de l’espace restreint, en privilégiant gros plans et regards, et des plans plus larges se mettant à distance, pour rester impartiale comme l’enquêtrice qui laisse la parole aux faits. Dossier 137 montre plusieurs points importants, comme la position entre-deux de l’enquêtrice et la difficulté à interroger l’institution, voire de remettre en cause son fonctionnement.
Il montre aussi comment une situation peut basculer dans une suite de circonstances particulières. Dans la crainte d’une révolte plus grande, l’Etat n’hésite pas à placer des services habitués à une certaine violence comme la BRI, dans des situations qui leur échappent. C’est bien le fonctionnement d’un service mal aimé, l’IGPN, le maintien de l’ordre et le rapport Police et citoyens, plus que la corruption, qui est le cœur du récit. Le tout est vu à travers le regard de Léa Drucker, remarquable dans un rôle complexe, tout en retenue.
Patrick Van Langhenhoven
Fiche technique
Titre original : Dossier 137
Réalisation : Dominik Moll
Scénario : Dominik Moll et Gilles Marchand
Musique : Olivier Marguerit
Décors : Emmanuelle Duplay
Photographie : Patrick Ghiringhelli
Costumes : Elsa Capus
Son : François Maurel
Montage : Laurent Rouan
Production : Carole Scotta, Caroline Benjo, Barbara Letellier et Simon Arnal
Sociétés de production : Haut et Court et France 2 Cinéma en association avec 6 SOFICA
Société de distribution : Haut et Court (France)
Pays de production : France
Langue originale : français
Format : couleur - DCP - 1,85:1
Genre : policier,
Durée : 115 minutes
Dates de sortie : 15 mai 2025 (Festival de Cannes) 19 novembre 2025
Distribution
Léa Drucker : Stéphanie
Théo Navarro-Mussy : Mickael Fages
Théo Costa-Marini : Arnaud Lavallée
Valentin Campagne : Rémi Cordier
Guslagie Malanda : Alicia Mady
Stanislas Merhar : Jérémy
Côme Peronnet : Guillaume Girard
Mathilde Riu : Sonia Girard
Jonathan Turnbull : Benoît Guérini
Antonia Buresi : une collègue de Stéphanie
Kevin Debonne : un chef de brigade
Laurent Bozzi : Santoni
Dorothée Martinet : Chrystelle
Étienne Guillou-Kervern : le syndicaliste de la police
Yoann Blanc : un policier interrogé
creditphoto@FannyDeGouville