Cine-Region.fr
affiche Devolver du jeux vidéo au cinéma

Devolver du jeux vidéo au cinéma

___

Genre : Interview

L'Actu

C.R : Pourquoi une société de jeux vidéo s'investit aujourd'hui dans le cinéma ? Quel est le lien entre ces deux secteurs selon vous ?

 Mike Wilson : Mes partenaires et moi avons travaillé avec des artistes indépendants comme des éditeurs de jeux vidéo depuis plus de 16 ans dans trois sociétés. Maintenant que nous somme Devolver Digital et que tout ce que nous faisons est distribué en numérique, nous sommes bien positionnés pour fournir une aide au cinéma indépendant puisque leur secteur passe également par le numérique.

C.R : Vous êtes producteur et distributeur. Où vous situez-vous dans la chaine du film ?

 M.W : Dans la partie jeux vidéo de la société, on est plutôt des producteurs/éditeurs, c’est-à-dire que nous validons et finançons des projets et faisons en sorte que tout le processus atteigne le marché mondial. A ce jour du côté des films, on joue principalement un rôle de distributeur et on débute à peine quelques productions maisons dont des documentaires sur les joueurs de jeux vidéo.

C.R : Films, jeux vidéos… Avez-vous déjà envisagé de travailler dans d’autres secteurs comme l'édition par exemple ?

M.W : On adore travailler avec des artistes indépendants et le marché du numérique brouille les pistes entre les différents secteurs. Nous vendons séparément les bandes originales de nos jeux vidéos sur Steam (plateforme de distribution de contenu en ligne), par exemple. Je nous verrais bien dans le livre ou la bande dessinée numérique et bien d’autres… On aime aider les indépendants à trouver leur public, point final.

C.R : Vous produisez des films aux genres diamétralement opposés (horreurs, drames, comédies, documentaires…). Comment sélectionnez-vous vos projets ?

 M.W : À vrai dire, nous ne faisons que les distribuer pour le moment et les faisons écumer tous les festivals de cinéma à travers les Etats-Unis en priorité. Nous essayons de ne pas nous concentrer sur un genre en particulier mais plutôt d’être le conservateur d’une large gamme de films de qualité qu’on estime mériter de trouver un public. Quelque soit le support, nous essayons de sélectionner des projets que nous pensons faire évoluer.

C.R : Voudriez-vous produire des films à grands spectacles (blockbusters) où préférez-vous rester dans les films d’auteur ?

 M.W : Il existe une multitude de personnes plus qualifiées que nous pour produire des blockbusters. Nous aimons travailler avec les plus petits, les indépendants, qui de temps en temps arrivent à atteindre le niveau d’un blockbuster au terme de leur exportation internationale et de leur rentabilité.

C.R : Vous distribuez vos productions uniquement aux Etats-Unis ou vous prévoyez de les distribuer dans le reste du monde ?

 M.W : Nous sommes absolument porté sur l’échelle mondiale de la même façon que nous croyons que tout le monde devrait être dans l’ère numérique.

C.R : Avez-vous l'intention comme les grands studios de créer vos propres équipes de scénaristes, réalisateurs... ?

M.W : Nous ne souhaitons pas posséder ou contrôler une équipe d’artistes ; ce que nous faisons c’est former une relation forte basée sur le respect et l’enthousiasme pour le travail, ainsi que sur une complète transparence du côté des affaires. La plupart des projets que l’on reçoit vient de personnes qui ont entendu parler de nous par d’autres qui ont eu une bonne expérience avec nous.

C.R : Quels sont pour vous les enjeux économiques et artistiques ?

 M.W : Pour le moment, nous sommes préoccupés par le futur du micro-cinéma (films au budget inférieur à 250 000 $). Nous travaillons dur pour être certain que ces projets soient viables et durables. Si nous échouons, on a le sentiment que c’est un secteur qui laisse tomber les plus faibles, alors que c’est si simple pour les célébrités. C’est vraiment un boulot important qui permet de faire émerger des stars.

C.R : Voudriez-vous ajouter quelque chose avant la fin de cet interview ?

 M.W : Simplement un petit message à tous les cinéastes indépendants en difficulté et les musiciens… N’abandonnez pas ! Voyez à travers la réussite de créateurs de jeux indépendants un message d’espoir, nous pouvons tous nous soutenir et vivre de notre passion.

Interview de Patrick Van Langhenhoven Traduit et corrigé par Eve Brousse