Des jours meilleurs
Genre : Comédie dramatique
Pays : France
Durée : 1h44
Réalisateur : Elsa Bennett et Hippolyte Dard
Acteurs : Valérie Bonneton, Michèle Laroque, Sabrina Ouazani
Suzanne, veuve depuis peu, trouve la solution à son mal-être, une petite goutte d’alcool de temps en temps pour se réchauffer le cœur et l’âme. Un petit verre et tout va bien, mais les voilà qui s’accumulent et deviennent une bouteille et plus. Suzanne finit par tirer le gros lot à la loterie du malheur. On lui retire la garde de ses enfants. « Mes enfants, c’est tout pour moi ». Elle accepte de suivre une cure dans un centre de désintoxication pour retrouver le bonheur perdu.
Elle croise la route d’autres femmes addict à l’alcool comme elle. Elles cachent toutes leur addiction sous des prétextes, faire la fête, un petit verre ne gêne en rien, etc. Les anciennes finissent par accepter l’inéluctable sans arriver à se défaire de la bouteille. Elles effectuent des allers-retours entre le centre et l’extérieur. Grâce à Denis, éducateur sportif, Suzanne, Diane et Alice se lancent dans un pari fou, le rallye des Dunes au Maroc. Elles devront, au cœur de ce paysage du Petit Prince, trouver le courage pour se dépasser et vaincre leur pire ennemi.
Elsa Bennett, de passage aux Rencontres de Cinéma de Gérardmer nous disait combien le projet n’avait pas été simple à monter. (Voir interview de la réalisatrice) L’alcoolisme au féminin reste encore en France un sujet tabou. C’est sans doute parce qu'on sacralise encore la femme, nous dit la réalisatrice. Ces femmes sont donc en souffrance et doivent être guéries de cette maladie.
Elsa Bennett et son complice Hippolyte Dard choisissent la voie de la comédie qui ne fait pas toujours rire pour aborder le sujet sans concession ni complexe. Comme dans Quand Harry rencontre Sally où des couples racontaient leur amour, des comédiennes adoptent les mots et les histoires d'anciennes alcooliques dans un faux documentaire. Derrière le rire se cache une souffrance bien plus profonde qui trouve bien des détours pour ne pas avouer ses maux.
Ce sont des femmes en souffrance qui arrivent dans ces centres. Elles ont toutes un parcours différent qui les mène à cet excès, de « la fête sans alcool, ce n’est pas la fête » à un drame qui les jette à terre. Suzanne ne se remet pas de la perte de son mari, elle coule doucement mais surement vers le pays des ombres. Diane est une actrice connue que l’alcool a fini par sombrer sans qu’elle s’en aperçoive.
Elle a perdu des contrats et l’estime de sa fille. Alice s'est noyée dans la fête l’alcool coulant à flots pour mener parfois à la transe jusqu’au coma éthylique. Dans ce centre, d’autres histoires racontent des parcours différents. Elsa Bennett évite le misérabilisme, le pitoyable, pour explorer, entre douleur et rire, le sujet en profondeur. Le film en devient touchant pour ceux qui, comme moi, connaissent le problème de cette déchéance des femmes que vous aimez bien, comme ma tante.
Je garde encore cette image de cette femme pleine de vie qui pouvait sombrer d’un coup dans l’improbable. La deuxième partie prend plus les couleurs de l’aventure et du dépassement de soi. C’est un parcours de rédemption, de la nuit au soleil du désert, pour le cœur d’une rose. La mise en scène passe de l’enfermement dans le centre à l’horizon sans fin du désert, de la prison intérieure à la liberté sans fin.
Il faut saluer le travail remarquable des comédiennes, loin de la caricature, et du trio Valérie Bonneton, Michèle Laroque, Sabrina Ouazani. Valérie Bonneton, souvent cantonnée à la comédie, trouve ici l’un de ses meilleurs rôles. Elle montre sa capacité à prendre les battements du cœur du drame. C’est surement un film militant qui a le courage de mettre sur la place publique un sujet souvent honteux et caché. C’est peut-être (sûrement) une nouvelle cause à défendre.
Patrcik Van Langhenhoven
Fiche technique
• Titre original : Des jours meilleurs
• Réalisation : Elsa Bennett et Hippolyte Dard
• Scénario : Elsa Bennett, Hippolyte Dard et Louis-Julien Petit
• Musique : Clémence Ducreux
• Décors : Noëlle van Parys
• Costumes : Laetitia Bouix
• Photographie : Thomas Lerebour
• Son : Yves Bemelmans et Damien Lazzerini
• Montage : Fabrice Rouaud
• Production : Vanessa Djian
◦ Production exécutive : Éric Jollant et Julie Carrière
• Société de production : Daidai Films, Impact, Capa Cinéma, Newen et Les Gens
• Société de distribution : Wild Bunch
• Pays de production : France et Belgique
• Langue originale : français
• Format : couleur — 2,39:1 — son 5.1
• Genre : Comédie dramatique
• Durée : 104 minutes
• Dates de sortie :23 avril 2025
Distribution
• Valérie Bonneton : Suzanne
• Michèle Laroque : Diane
• Sabrina Ouazani : Alice
• Clovis Cornillac : Denis
• Sophie Leboutte : Chantal
• Myriem Akheddiou : Dr Mathys
• Laurence Cottet : Colette
• Manuel Ginion : Théo
• Isabelle de Hertogh : Huguette