De retour de Deauville pour faire un peu le point sur cette fameuse saison 4. Deauville a ce charme des grands festivals qui pourtant est à notre portée et où l'on y croise les stars de tous les écrans qui sont étonnamment si accessibles. C'est donc avec un programme chargé que le vendredi je décide pour commencer de rencontrer John Travolta. Charismatique, sans être dénué d'humour, il envoûte et nous donne la fièvre du samedi soir bien en avance. Mais je ne suis pas là pour ça et très vite je file à la conférence sur les sérials killers.

Autre décor, autre ambiance, une petite salle plus à l'écart où l'on se croirait redevenu étudiant. Face à nous un quintet de dames, chacune maître de conférence et spécialisée dans le monde des séries et leur analyse. L'accent est mis sur le charme fatal des meurtriers en série et naturellement, les séries "Hannibal", "Bates Motel", "The Following" et "Dexter" étaient sous les projecteurs. Entre psychanalyse des personnages et avalanche  d'avis passionnés, le moment fut très agréable mais sans pourtant avoir eu l'impression de nous apprendre quelque chose de fondamental que l'on aurait pu manquer depuis des années alors que notre paysage audiovisuel nous offre du polar à toutes les sauces.

Restant malgré tout sur une note plutôt positive, je suis en condition pour visionner les deux premiers épisodes de la série "The Following". Un article détaillé viendra bientôt vous présenter cette série, sachez simplement en quelque mots que c'est l'histoire d'un tueur en série très intelligent qui va nous offrir un moment agréable avec des bains de sang, des effluves de mort et des massages au plomb. Il y a un peu de "Dexter" dans tout cela, mais avec une énorme différence, la série se veut bien plus réaliste et ne possède pas une once d'humour. Affaire à suivre donc, et avec tout le sang projeté, ça ne devrait pas être très compliqué.

Le temps défile très vite lorsque l'on est à Deauville et le samedi matin propose une table-ronde très alléchante ayant pour thème: "De la page à l'écran, le genre en question". Malgré l'absence d'Eric Overmeyer (The Wire), les présents promettent un très bon moment. En effet, autour de l'animateur Stéphane Foenkinos, on retrouvait Fabrice Gobert (Les Revenants), Frank Spotnitz (X-Files) et Marc Dugain (La Malédiction d'Edgar). Riches de leurs nombreuses expériences, les invités font un panorama des séries françaises et américaines et expliquent les différentes façons de les réaliser. Outre le fait que les manières de concevoir les séries soient très différentes, c'est toujours à terme la notion de financement qui creuse cet écart et qui fait que les Français auront certainement grand peine un jour à combler. Frank Spotnitz est vraiment une pointure dans cet univers cathodique et par une aura discrète, il a su inspirer le respect naturel auprès de ses homologues. Dans le public, Vince Gilligan écoutait tout cela très attentivement.

Vince Gilligan qui s'éclipse bien vite dès la fin de la table-ronde pour se préparer à présenter la master class qui lui est consacrée. La salle est archi pleine, il est acclamé tout aussi fort que Travolta la veille et pour cause, tout le monde n'est pas le concepteur de la série évènement "Breaking Bad" qui porte fièrement ses très nombreuses distinctions et qui est actuellement l'une des séries plus influentes et marquantes de ces dernières années. La fin de la série venant tout juste d'être tournée, il y avait un petit voile de tristesse dans la voix du réalisateur. Avec 5 saisons au compteur, lorsqu’une page de cette importance se tourne, il y a comme la sensation qu'un grand  vide va s'installer. Cette série va nous manquer par son originalité, sa réalisation et les différentes interprétations des comédiens. La master class fut de fait un moment intense et rare. Merci Monsieur Gilligan.

Il y eut aussi les projections des séries "La malédiction d'Edgar", "Bates Motel" et "Once Upon a Time - saison 2" qui feront l'objet d'articles complets prochainement. Le festival de Deauville a fermé son rideau sur une belle cérémonie avec un Vincent Lindon irrésistible et très drôle et la projection du film: "Le Transperceneige". Ce fut un bon festival qui a offert aussi la part belle aux séries.

Thomas Maniquaire