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affiche Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère)

Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère)

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Genre : Ciné région

L'Actu

Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère)
Genre : Drame
Pays : Thaïlande
Durée : 2h12
Réalisateur : Pat Boonnipat                                                                                                                     
Acteurs : Putthipong Assaratanakul, Usha Seamkhum, Tontawan Tantivejakul


Dans les familles thaïlandaises d’origine chinoise, le jour des ancêtres est l’occasion de se retrouver sur leurs tombes, d’interroger la jeune génération sur ses projets d’avenir. M n’a pas vraiment de projet ambitieux, si ce n’est se la couler douce en jouant aux jeux vidéo, soi-disant un métier. Sa mère supporte ce brave garçon qui ne voit pas grand-chose du futur. Il est coincé entre un oncle qui a fait fortune et un autre toujours dans des plans foireux.

 Il reste Amah, la grand-mère, qu’il regarde de loin avec son grand âge. Vous l’avez compris, cette famille, pas si particulière, avance sur le chemin de la vie dans une valse à mille temps. M découvre, grâce à sa cousine Mui, que les vieux, surtout en fin de vie, ça peut rapporter gros. Mui vient d’hériter de la maison de l’oncle Agong qu’elle a soigné jusqu’au bout.


Quand il apprend que sa grand-mère Amah a un cancer en phase terminale, il n’en faut pas plus pour qu’il se rapproche de la vieille dame pour la dorloter. Dans ce jeu de la roulette pour tirer le gros lot, cette dernière n’est pas dupe et le jeune M pourrait bien être surpris.


Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère) enflamme les salles d’Asie et d’ailleurs par son discours et ses thématiques universelles. La mise en scène, sobre, s’attache à creuser le cœur de ses personnages, surtout le duo M et Amah. C’est le premier rôle d’Usha Seamkhum, la grand-mère, remarquable. La première partie oscille entre la comédie, la chronique familiale et comment arnaquer nos vieux en fin de vie.

C’est avec la délicatesse d’un lotus fleurissant sur le lac et dans des dialogues simples mais percutants que Pat Boonnipat donne le ton. Il ouvre le film sur une journée sur la tombe des ancêtres pour clore le cercle dans le même lieu. C’est le parcours initiatique de cette famille qui s'est perdue en chemin. Au centre, un adolescent qui ne rêve plus et une vieille femme qui sait que la vie peut nous emporter ailleurs. C’est un regard sur une société qui paraît parfois lointaine, exotique, ancienne dans ses rapports et la place des femmes.

Il n'y a ni résignation ni douleur dans leur condition, mais une force bien plus sourde qui se dévoile peu à peu. Amah et sa fille apparaissent bien moins résignées qu’on ne le pense. La jeune Mui a tout compris du système et comment trouver un boulot facile qui rapporte gros. M finit par découvrir que les apparences sont trompeuses et que l’amour peut prendre bien des chemins de traverse pour dire je t’aime. Dans la deuxième partie, l’argent est au cœur du récit, que ce soit la fortune du fils ainé, les dettes du cadet, le prix d’une tombe, d’une maison.

Comme le dit le réalisateur : « En Thaïlande, exprimer son amour à travers l’argent est mal perçu, car cela pourrait sembler remettre en cause la sincérité du sentiment. Pourtant, dans la réalité, il est impossible de dissocier totalement les relations familiales des questions financières. J’ai trouvé intéressant de faire de l’argent un élément central du récit car il permet de réunir la famille tout en révélant les véritables intentions de chacun. »

Il dévoile aussi les faiblesses, fractures, blessures, que chacun porte au fond de son âme. Le dicton « l’argent ne fait pas le bonheur » trouve ici tout son sens. Comme le dit Sew, la mère de M à Amah, sa mère : « Les fils héritent des biens et les filles des cancers ». Si l’argent est au centre, il n’en est pas l’âme. Ce sont ces liens perdus, gardés précieusement, qui donnent du sens à la vie et au mot famille.

 Le film explore de nombreuses thématiques universelles, le lien entre générations, les tensions liées à l’héritage, la solitude, la jeunesse, le deuil, l’amour maternel dans un pays entre modernité et passé. On pense à Ozu pour la façon dont le réalisateur saisit le quotidien, filme la relation petit-fils et grand-mère. Comme dans le cinéma du Taiwanais Hou Hsiao-hsien, il se passe toujours quelque chose dans l’arrière-plan. Nous pouvons aussi parler d'Hirokazu Kore-eda, grand spécialiste de la famille. Ces sources d’inspiration créent une œuvre nouvelle, à ne pas manquer et à suivre de près.

Patrick Van Langhenhoven



Fiche technique


Réalisateur : Pat Boonnitipat
Producteurs : Jira Maligool , VANRIDEE PONGSITTISAK
SCÉNARIO THODSAPON THIPTINNAKORNPAT BOONNITIPAT
PRODUCTEURS JINA OSOTHSILP
EXÉCUTIFS BOOSABA DAORUENG PAIBOON DAMRONGCHAITHAM
CO-PRODUCTEUR YANNASSMA THANNITSCH
DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE  WEERACHAI YAIKWAWONG
 DIRECTRICE PRODUCTION BOONYANUCH KRAITHONG
MONTEUR THAMMARAT SUMETHSUPACHOK
MUSIQUE JAIRAROENG COMPANY LIMITED
COMPOSÉ PAR JAITHEP RAROENGJAI
CONCEPTION SONORE KANTANA SOUND STUDIO
DÉCORATRICE PATCHARA LERTKAI
CRÉATRICE DE COSTUMES CHAYANUCH SAVEKVATTANA
CHEF DE PRODUCTION PANUTDA BRUDKRUT

Distribution
M :  Putthipong Assaratanakul
AMAH :  Usha Seamkhum
KIANG : Sanya Kunakorn
SEW : Sarinat Thom
ASSOEI : Pongsatorn Jongwilas
MUI : Tontawan Tantivejakul