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affiche Arnaud Desplechin

Arnaud Desplechin

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Genre : Star

L'Actu

A l'occasion de la sortie de Jimmy P (Psychothérapie d'un indien des plaines), neuvième long-métrage d'Arnaud Desplechin, revenons sur la carrière d'un réalisateur qui s'est attaché à décrire les relations humaines et le rapport au passé que ce soit dans ses œuvres de fictions ou incursions dans le documentaire.

Arnaud Desplechin grandit dans le nord de la France, entouré de ses frère et sœurs qui, eux aussi, se destinent à des carrières artistiques. Fabrice Desplechin est diplomate mais jouera plusieurs rôles dans les films de son frère. Quant à Marie et Raphaëlle, elles se tournent toutes deux vers l'écriture, la première en tant que scénariste, la seconde en tant que romancière.

Passionné de cinéma, Arnaud Desplechin se rend à Paris pour suivre des études dans ce domaine. D'abord à l'Université Paris III puis, il tente le concours de l'IDHEC (l'ancienne Femis) qu'il réussit à la seconde tentative et intègre donc la célèbre école dans la section « Réalisation et prises de vues » en 1981. Cette formation le conforte dans son désir de réaliser des films et il se fait au sein de l'école des amis qui deviendront des collaborateurs à long terme tels que Pascale Ferran, Noémie Lvosky et Eric Rochant.

Après ses études il fait d'ailleurs ses armes en tant que co-scénariste d'Un monde sans pitié, réalisé par Eric Rochant. Arnaud Desplechin travaille également en tant que chef opérateur sur plusieurs autres fictions d'Eric Rochant tels que Comme les doigts de la main (1984), French Lovers (1985) et Présence Féminine (1987).

En 1990, Arnaud Desplechin se lance dans une première réalisation personnelle (si l'on ne compte pas ses divers films d'école). La vie des morts est un moyen métrage qui raconte l'hospitalisation d'un jeune homme ayant tenté de mettre fin à ses jours. Alors qu'il se trouve entre la vie et la mort, sa famille se réunit dans la maison familiale. Le casting est composé de Marianne Denicourt (l'épouse d'Arnaud Desplechin durant plusieurs années), Emmanuelle Devos, Emmanuel Salinger et Thibault de Montalembert avec qui il collaborera pour de nombreuses autres de ses réalisations.

Le film sort en 1991 et est couronné d'un succès critique dans plusieurs festivals. Il reçoit plusieurs prix au festival d'Angers, reçoit le prix Jean Vigo la même année et est sélectionné pour la Semaine de la Critique au festival de Cannes.


Fort de ce succès, Arnaud Desplechin trouve la même année un financeur pour tourner son premier long métrage en la personne de Pascal Caucheteux. Pour écrire son film, il s'entoure de ses amis de toujours, Pascale Ferran, Emmanuel Sallinger et Noémie Lvovsky. La sentinelle est un film d'auteur qui aborde la réflexion sur le devoir de mémoire dû aux morts et à la situation de l'Europe après la chute du mur de Berlin. Le film mêle donc plusieurs niveaux de récits et croise divers genres cinématographiques (thriller, film d'espionnage, film noir, film social...). La forme narrative et les thèmes abordés rappellent plusieurs œuvres d'Alain Resnais, cinéaste qu'admire Arnaud Desplechin.

Ce film marque également la première collaboration d'Arnaud Desplechin avec les acteurs Mathieu Almaric et László Szabó.

Le film est très bien reçu par la critique et sélectionné dans divers festivals. Il entre en compétition au festival de Cannes en 1992, Emmanuel Salinger remporte le prix du meilleur espoir masculin et, en 1993 obtient le prix Michel-Simon.

Trois ans plus tard, Mathieu Almaric est de nouveau devant la caméra d'Arnaud Desplechin pour son second long métrage, Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle) co-écrit avec Emmanuel Bourdieu. Matthieu Almaric y interprète Paul Dédalus, un trentenaire Parisien, étudiant en philosophie à l'université de Nanterre qui se retrouve écartelé entre plusieurs femmes. Une nouvelle fois, le film rencontre un grand succès et fait d'Arnaud Desplechin un auteur/réalisateur influent. On parle alors de « génération Desplechin » en référence à ce nouveau cinéma jeune et aux différents acteurs qu'il a révélés.

Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle) est sélectionné à Cannes et aux Césars en1996.

En 1997, Arnaud Desplechin s'implique dans la vie sociale de son pays en signant le Manifeste des 66 cinéastes (que l'on doit à son amie Pascale Ferran) qui appelle à la désobéissance civile contre les lois Debré).


Pour son quatrième long métrage, il fait de nouveau appel à Emmanuel Bourdieu et adaptent ensemble une nouvelle d'Arthur Symons. Esther Kahn, raconte l'histoire d'une jeune fille juive vivant à Londres avec sa famille. Raillée par ses frères et sœurs, elle découvre le théâtre et décide de devenir actrice. Le film est tourné en anglais et utilise des formes filmiques proches de la Nouvelle Vague et notamment du cinéma de François Truffaut qui lui aussi tourna plusieurs de ses films en langue anglaise (Fahrenheit 451, Les Deux Anglaises et le Continent). Les portes du festival de Cannes s'ouvrent une nouvelle fois pour accueillir le film en compétition officielle, mais Arnaud Desplechin repart bredouille.

Par la suite, Arnaud Desplechin prévoit de réaliser un dyptique autour de l'adaptation du livre Dans la compagnie des hommes d'Edward Bond. Arnaud Desplechin prévoit de créer des œuvres mélant des images de répétitions, ainsi que des images vidéos et argentiques. Un projet dense dont le premier film devait s'appeler Répétitions de « Dans la compagnie des hommes » et le second En jouant « Dans la compagnie des hommes ». En plus de ces deux films, le réalisateur prévoit d'en tourner un troisième dont le nom serait, Rois sans arroi, reine sans arène. Finalement, Arnaud Desplechin n’aboutit pas ce projet et présente seulement au festival de Cannes de 2003 des versions préliminaires de son travail. Il s'agit des films Léo en jouant « Dans la compagnie des hommes » tourné majoritairement en argentique et racontant l'histoire d'un jeune fils adoptif d'un fabriquant d'arbre qui décide de s'affranchir de son père, et Unplugged en jouant « Dans la compagnie des hommes » qui reprend les images de répétitions.

En plus d'adapter la trame d'Edward Bond, Arnaud Desplechin y ajoute celle de Hamlet.Les films sont très peu diffusés en France puisque Léo sort dans une seule salle à Paris et n'est diffusé qu'une fois sur ARTE. Unplugged ne bénéficie que d'une sortie DVD.


La même année, Rois et Reine, qu'Arnaud Desplechin a co-écrit avec Roger Bohbot sort. Le film entremêle une nouvelle fois deux récits de genre différents : l'un tragique et l'autre burlesque. Il dépeint le destin de deux personnages, une femme, Nora (Emmanuelle Devos) et un homme, Ismael (Mathieu Amalric) et est centré sur les thèmes chers au réalisateur, l'amour, les liens de filiation et de parenté.

A la sortie du film son ex-compagne Marianne Denicourt tente de discréditer Arnaud Desplechin en l'accusant de s'être servi d'éléments de sa vie intime pour écrire Rois et Reine. Marianne Denicourt n'obtient pas gain de cause et est déboutée quelques années plus tard.

Avec Rois et Reine, Arnaud Desplechin reçoit en tout neuf récompenses dont le prix Louis-Delluc du meilleur film, quatre Etoiles d'or du cinéma français... En 2005, Mathieu Amalric se voit également décerné le César du meilleur acteur.

Le film est donc l'un des plus grands succès du cinéaste auprès du public avec plus de 700 000 entrées réalisées au total en Europe.

En 2007, Arnaud Desplechin réalise un documentaire ayant une nouvelle fois trait à la famille et à l'importance du passé. Dans L'Aimée, le réalisateur filme sa famille et la maison de son enfance. Il comporte beaucoup de « clefs » permettant de comprendre l'oeuvre du cinéaste.
Le film est présenté pour la première fois à la 64ème Mostra de Venise où il reçoit le prix du meilleur documentaire dans la section « Horizons documentaires ».

L'année suivante sort Un conte de Noël, qui reprend certaines intrigues et thèmes du premier long métrage d'Arnaud Desplechin (La vie des morts) de manière plus aboutie. Le film est centré sur les retrouvailles d'une famille autour de la mère mourante, Junon (interprétée par Catherine Deneuve). Ces retrouvailles sont difficiles puisque seule une greffe donnée par son fils Henri (Mathieu Amalric), banni de la famille peut sauver Junon. Le film est présenté au festival de Cannes, mais n'obtient pas de prix.


En 2013, Arnaud Desplechin retrouve une nouvelle fois la Croisette et son acteur fétiche Mathieu Amalric, rejoint par Benicio Del Toro pour présenter son dernier film, tourné cette fois-ci aux Etats-Unis : Jimmy P (Psychothérapie d'un indien des plaines). Le film est adapté du livre Psychothérapie d'un Indien des plaines publié par l'ethnopsychanalyste Georges Devereux en 1951 racontant ses entretiens réalisés après la seconde Guerre Mondiale.avec Jimmy Picard. Le film est actuellement en salles. 

Sarah Lehu