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affiche 39 festival du cinéma Américain 1/09

39 festival du cinéma Américain 1/09

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Genre : Festival Cinéma

L'Actu

Premier jour de septembre, le festival continue et avec cela son lot d’éternels commentaires inutiles et superficiels de quelques festivaliers. Pour eux, chaque film est le meilleur. Evidemment, pas besoin d’avoir fait Saint-Cyr pour déceler l’absurdité de leurs analyses. C’est cela ou bien des remarques désagréables, déçus des réponses qu’ils obtiennent des stars. Mais rentrons dans le vif du sujet : les films.

On commence avec la compétition. Blue Ruin de Jeremy Saulnier n’a rien de très extraordinaire. L’histoire de cet homme, prêt à tout pour se venger de l’assassinat de ses parents, est intéressante mais manque de dynamisme. Le metteur en scène n’a pas souhaité rentrer dans les détails. Nous ne savons pas grand-chose des motivations de ce vagabond. Pourtant, c’est bien cela qui nous intrigue. Sinon, voilà juste un homme qui tue, un par un, tous ceux impliqués dans le meurtre de sa famille. Et l’ennui, lorsqu’on décide de faire fi du passé de son protagoniste pour se concentrer sur ce qui lui arrive au moment présent, c’est qu’il faut un minimum de tempo ce dont manque cruellement Blue Ruin.

Avec Shérif Jackson, des jumeaux Logan et Noah Miller, on sort de la tragédie de ce début de compétition. Leur mimétisme est incroyable. Ils boivent en même temps, regardent dans les mêmes directions et finissent et commencent les phrases de l’autre. Dans leur premier film, Touching Home, long métrage autobiographique et dans lequel ils jouent, Ed Harris incarne leur père. Ici, il est un électron libre, un Shérif aux méthodes peu conventionnelles et charismatique. Si le distributeur français a choisi Shérif Jackson comme titre, il existe tout de même d’autres personnages. January Jones est Sarah, une prostituée. Lorsqu’elle apprend la mort de son mari, elle décide de rendre justice elle-même... Nos jumeaux ont vu en elle une femme sensuelle. En effet, cela n’échapperait pas même à un aveugle. Elle a une aura. Isaac Jones, lui, incarne le prophète Josiah. Corrompu, malsain, il est davantage la figure du mal que du bien, terrorise les habitants et humilie ses disciples. Dieu n’est qu’un prétexte pour asseoir son pouvoir.  Shérif Jackson ou Sweetwater dans son titre original (ou « Holy Land » si ce choix n’avait pas été perçu comme provocateur) est drôle et bien réalisé. Il y a tous les ingrédients pour passer un bon moment et cela tombe bien puisque nos deux réalisateurs « veulent que le public arrête de réfléchir ».

Maintenant passons aux premières et à Wrong Cops plus précisément. Quentin Dupieux est de retour à Deauville tout comme son acteur, Eric Judor. Les vannes fusent entre eux deux, mais surtout le metteur en scène n’a pas sa langue dans sa poche. Quand les journalistes lui demandent pour la énième fois quelles sont ses références, il rétorque : « même un navet avec Clovis Cornillac m’inspire ». S’il arrive à retirer du bon dans ses films, tant mieux pour nous car Wrong Cops est tout aussi bon que ses précédents longs métrages. La réalisation est soignée, l’histoire déjantée et les comédiens doués. Eric Judor est d’ailleurs meilleur dans ce rôle de flic aux aspirations d’artiste que dans celui du jardinier de Wrong, précédent film de Quentin Dupieux. Mais attention, Wrong Cops n’est pas la suite de Wrong. Par ailleurs, il y a un peu moins de non-sens ce qui est ni une bonne ni une mauvaise chose puisque le film est bon. Celui-ci nous entraîne dans une brigade de police assez étrange… A ce propos, le metteur en scène déclare avoir porté « un regard léger sur les misères de la société et un regard attendri et méprisant sur l’être humain ». S’il y a un certain cynisme dans cette phrase, ce n’est pas le cas du film, avant tout très cocasse.

White House Down de Roland Emmerich entre dans un autre registre, celui de la catastrophe. Voilà un énième film sur l’attaque de la Maison Blanche. Je n’ai pas vu le film. Je ne me permettrais donc pas d’en tirer des conclusions hâtives. Pour autant, il est juste de dire que certains journalistes devraient apprendre leur métier. Ou du moins apprendre à se taire. Il existe un phénomène très étrange au sein des conférences de presse, celui qui les oblige, parfois et par quelque force impénétrable, à poser des questions stupides. Dans ces cas là, on n’apprend pas grand-chose. Seule anecdote de valeur : pendant un temps Jamie Foxx désirait ardemment être Will Smith.

Festivaliers imperturbables, journalistes inébranlables. Quand ceux-ci ne posent pas des questions qui me font honte, ils sont dans l’excès inverse. Sans cesse, ils cherchent les symboles, l’aspect sociologique et/ou politique d’un long métrage. Bien souvent ils font fausse route et les réalisateurs ne manquent pas de leur rappeler. Réjouissons-nous, en tout cas, que tous répondent à l’appel du cinéma. 

Caroline Vincent

Crédit Photo Michel Haumont