Cine-Region.fr
affiche 39 festival de Deauville 4 et 5 /09

39 festival de Deauville 4 et 5 /09

___

Genre : Festival Cinéma

L'Actu

Le Festival touche presque à sa fin et, pour l’instant, ce n’est pas un très bon cru. On se demande pourquoi certains films présentés en avant-première n’ont pas été sélectionnés en compétition. Seuls deux longs métrages sortent vraiment du lot : Fruitvale Station et Short Term 12. Leur réalisateur respectif, Ryan Coogler et Destin Cretton, amis dans la vie, y évoquent chacun sous un angle différent la triste réalité de certains jeunes américains. Ils arrivent à créer une atmosphère et à nous faire rentrer dans leur monde. Quant aux autres films, c’est une autre histoire.

Tous les réalisateurs témoignent de sujets intenses et difficiles : la mort, la maladie, et le meurtre. Mais peu me transcende. Il n’y a pas de rythme. La contemplation, la philosophie, thèmes lents par nature, servent certains longs métrages. Là, tout est simplement lent, monotone. On assiste à la vie de ces hommes et de ces femmes comme on assisterait à la notre, sans magie, sans éclat. Si tel est le parti pris, il faut au moins donner du tempo que ce soit dans la forme ou dans le fond et/ou ajouter un élément extérieur dans le but de donner plus de consistance à l’histoire.

Voilà tout ce qui fait défaut à Lily de Matt Creed ainsi qu’à Night Moves de Kelly Reichardt.

Lily est atteinte du cancer. Elle entame la dernière phase de son traitement. Elle a une nouvelle chance et doit réfléchir à son avenir. Elle déambule, se focalise sur son art mais peine à sourire. Sa maladie faisait partie d’elle et maintenant elle ne sait plus ou elle en est. On sent ce qu’on voulu faire passer le réalisateur et son actrice, Amy Grantham, qui a elle-même été atteinte du cancer : la distance à l’égard de soi-même et des autres, la maladie qui nous empêche de concevoir la vie autrement que comme un combat. Mais on n’arrive pas à se laisser porter par l’histoire et en tant que spectatrice j’attends quelque chose qui ne viendra jamais, le mouvement. Il se cache dans des petites choses. Lily se découvre un soudain intérêt pour les claquettes. Si la danse avait servi comme toile de fond au film, cela aurait changé la donne. Or ce n’est pas ce que Matt Creed et Amy Grantham ont souhaité montrer. Ils ont mis en avant le repli sur soi et le désintérêt des choses. La maladie qui empêche de vivre pleinement. Cela se comprend mais, pour ma part, je m’ennuie.

Même chose avec Night Moves. Josh (Jesse Eisenberg), Dena (Dakota Fanning) et Harmon (Peter Sarsgaard) décident d’exploser un barrage hydroélectrique. La trop grande consommation d’énergies, la destruction des ressources naturelles, très peu pour eux ! C’est tout à leur honneur et les intentions de la réalisatrice sont louables mais, après, rien ne se passe. On en apprend pas assez sur le futur de notre planète, le passage à l’acte est mal exploité tout comme la culpabilité qui ronge les personnages par la suite. Quant à la chute… Les points de suspension parlent d’eux-mêmes. Cette fin est prévisible. Tout se termine en eau de boudin.

All Is Lost et Breath In, eux, créent une ambiance. Si Robert Redord se bat dans All Is Lost, Guy Pearce est resigné dans Breath In. L’un veut vivre, l’autre survit. Mais la peur les unit.

Robert Redford, marin aguerri, navigue sur l’océan indien. Un matin, il découvre que la coque de son voilier a été percée par un container. Silence. Les seuls mots prononcés sont : « à l’aide ». L’homme fait corps avec son bateau. Il est comme une extension de lui-même. Tempête, radio de secours inutilisable, les rations qui s’épuisent et le destin qui s’acharne. Entre en scène l’instinct de survie. Ne jamais abandonner, rester calme, précis, garder l’espoir. On n’en dira pas plus. Il faut laisser cette expérience cinématographique venir à nous. Robert Redord est impressionnant. La force tranquille. Mais All is Lost ne se résume pas seulement à son acteur. Tout est bien filmé, les plans sont larges ou serrés au bon moment, la lumière est magnifique etc. Comme une succession de photographies.

Un cliché. Il peut être si mensonger. La famille réunit et souriante cache bien des malheurs. Tout n’est pas si rose. Voilà ce que nous fait réaliser Breath In. On traduit par « inspirez ». Canaliser sa peur. Pour Keith Reynolds (Guy Pearce), elle se manifeste dans la vie de tous les jours. Il est emprisonné par son quotidien, malheureux car il n’atteint pas ses ambitions artistiques. Quand lui, sa femme et leur fille accueillent une jeune adolescente d’origine anglaise, Sophie, sa vie prend un nouveau tournant. Elle lui donne l’impulsion dont il a besoin pour se lancer dans la vie. Or, leur relation ne restera pas platonique bien longtemps. Bien sûr, rien n’est très original. Cette histoire, on la connait. Mais le traitement est différent. Ce qui importe davantage c’est ce que ressent Keith. Pas seulement ce qu’il éprouve à l’égard de cette jeune fille mais comment il vit ses regrets et désillusions. Que veut-il pour son futur ?

La fin. C’est très important la chute d’un film. All is Lost et Breath In en ont de très intéressantes contrairement à Lily et Night Moves. Comme le dit Edgar Allan Poe dans Twixt de Francis Ford Coppola, une fois qu’on a choisi sa fin, il n’y a plus de retour en arrière possible.

Caroline Vincent

Crédit Photo Michel Haumont