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affiche 39 Festival de Deauville 3/09

39 Festival de Deauville 3/09

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Genre : Festival Cinéma

L'Actu

Voyageur des salles obscures, le nez dans les étoiles quand une star effleure l'écran de sa présence évanescente. Rêvez un impossible rêve, tel est mon but, telle est ma voie. Mille questions sans retour qui en moi crèvent de cet improbable amour. Le témoin de ses ombres qui dansent dans la lumière de la toile hier en pellicule trouée, aujourd´hui numérique, demain chargé d'un autre tique...

 Ici s'envolent vers l'anonyme perdu dans les ténèbres des milliards de chemins éternellement recommencés, variables des vies extraordinaires, ordinaires, passables, passagères de la naissance à la mort. Par moment au sein de  ses multitudes, l'une d'entre elles rejoint la route. Nous reconnaissons des lambeaux, des murmures, dans ce qui défile sur l'écran. Les larmes de l'héroïne résonnent dans le silence qui nous habite. Elles éveillent des démons ou des joies enfouis cachés dans le labyrinthe de nos mémoires. Dans cet instant nous ne savons plus si le film est une toile de notre vie insignifiante ou si nos blessures inspirent un créateur visuel. Nous avons juste une certitude nous ne sommes plus seuls dans notre désarroi. 

Stand clear of the closing dors, un jeune garçon autiste dans une famille mexicaine dont le père est sans papier, s’échappe pour découvrir le monde pendant que Sandy, la jolie tempête s’approche. Ce sont toujours des personnages dans la marge, petits points différents dans la tapisserie, motif qui dénote. Mais qu'en est-il au regard de l'univers, dans sa démesure perçoit-il la note qui vibre différemment. Et elle, la fragile, la décalée, elle nous voit comment ? Ricky aux limites de l'autisme perçoit le monde autrement. Sa mère tente de l'insérer dans la foule du monde. Nous sommes en Amérique et le dieu dollar se préoccupe peu des âmes abandonnées sur le bord de la route. Plus de crédit pour payer l'auxiliaire de vie et Ricky rejoint les camps de ses semblables. Il n'y a pas de place pour se fondre dans la masse, devenir un enfant ordinaire. Souhaite-t-il perdre ce qui le rend différent ?  Le désespoir d'une mère face à la découverte du monde, un fils au bord du précipice entre la folie ou grandir avec sa souffrance d'être autre. La quête se remplit de larmes d'un côté et de merveilleux dans la découverte du monde. Il existe un point commun, chacun perd sa route. Nous nous posons la question sur la nôtre, la vie en a fait quoi de cette belle ligne bien tracée ? Je laisse chacun trouver sa réponse. 

Short term 12, un foyer pour jeunes en perdition, dirigé par Grace, elle tente de récupérer ces âmes en perdition. Mettre un nom, donner une raison à leur souffrance. Dans ce bouleversement causé par le déséquilibre des adultes, comment se reconstruire, donner un sens à la vie quand elle n'en possède plus. Souvent en équilibre au bord du chaos, il quête la mort comme d'autres la vie. Les fantômes deviennent si présents qu'ils vous dévorent de l'intérieur. Difficile de reprendre pied, de croire en l'avenir, de sourire à la vie. Il faut toute la force de son nom, Grace, pour la trouver et la transmettre à ses petites braises, soufflées pour réanimer le feu. Il faut aussi ne pas perdre sa propre route, garder l'espérance ancrée au port de ses certitudes sans qu'elle ne vacille. Il faudra bien accepter que le cercle infini, éternel recommencement, se brise pour ouvrir de nouveaux horizons. Tenter d'atteindre l'inaccessible étoile comme dans la chanson.

Sunlight Jr, parfois les corps qui s'agitent sur l'écran n’ont pas grand-chose à dire. On s'aime on survit comme caissière. On quitte un homme violent pour un plus doux. On attend un enfant. On espère faire des études, se débarrasser d'un patron qui vous harcèle. Et rien ne se passe. Quel enjeu, quel message les silhouettes qui s'agitent désirent nous livrer ? Rien, le vide, le néant, elles n'ont rien à donner ou n'avons-nous pas le cœur à recevoir ? Nous ne voulons pas que tout cela ressemble à une mauvaise farce, une copie trop fidèle de notre vie. Nous voulons qu'elle  rebondisse, s'envole, joue les trublions pour finir par nous rassurer en nous rappelant que la vie peut être un enchantement. 

Patrick Van Langhenhoven

Crédit Photo Michel Haumont