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affiche 23e Festival international du Film fantastique de Gérardmer

23e Festival international du Film fantastique de Gérardmer

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Genre : Festival Cinéma

L'Actu

23e Festival international du Film fantastique de Gérardmer   

27 au 31 janvier 2016

 Parfois la réalité dépasse la fiction dans sa capacité à griller l’horreur, chaque jour l’actualité mondiale nous le prouve. Est-ce pour cela que le cinéma fantastique semblait moribond, voire donné six pieds sous terre ? Il en était de même de la littérature de l’imaginaire qui revient en grande force et se réapproprie même les territoires de la science-fiction, tout comme le cinéma. Le festival de Gérardmer nous démontre que la bête gémit encore. Dans l’ombre, elle aiguise ses griffes et de nouveau, envahit nos écrans pour nous faire frissonner et trembler. Les studios Universal préparent un reboot de La Momie avec Tom Cruise et un Avengers de l’horreur où l’on retrouverait une équipe de monstres comme la momie, le loup-garou, la créature du lac, réunis dans la même histoire. L’idée semble séduisante mais pour l’instant, le fantastique ne fait pas de vagues, pas de grand film comme Freddy, Halloween qui bousculaient le genre. Il se contente de caméra parkinsonienne à toutes les sauces, pyramide, catacombes, cimetière antique et ma grand-mère tombée dans l’escalier.

Dans un autre style, il reprend les figures incontournables des fils du diable, Dracula, Frankenstein, pas moins de deux versions de la créature au programme. Nous le voyons dans les hommages, retour à la vieille garde, Wes Craven La colline a des yeux, Freddy, Scream ou Alejandro Jodorowsky dans des univers plus surréalistes. Claude Lelouch et son jury ne manqueront pas de routes pavées de mauvaises intentions pour choisir le grand prix. La programmation rassemble pas mal de premier ou second films tournant en général sur des thématiques sociales déjà parcourues par d’autres. Il faut se méfier, cela ne veut pas dire que des surprises ou des chocs visuels ne nous attendent pas au détour d’un couloir sombre. Le fantastique aujourd’hui s’ancre de plus en plus dans notre quotidien, une famille face aux forces du mal, une île aux étranges habitants, un train de banlieue qui devient un voyage cauchemardesque à cause d’un passager possédé, une vision qui rejoint la réalité non ? Le cinéma fantastique a-t-il toujours pris notre univers social pour l’enrober de toutes les frayeurs possibles ?

Son histoire balance entre les monstres surgis de notre imaginaire mythologique, littéraire ou notre quotidien transformé en chant d’horreur. Les créatures démoniaques, sorcières, diable, laissent la place au père frappadingue de Shining ou autre mari bizarroïde, belles créatures cachant un masque de démon. Le genre semble stagner. L’année dernière retour des figures emblématiques, Dracula, Frankenstein.  La grande vogue, c’est la caméra ramassée par terre racontant un voyage parkinsonien au pays de l’horreur. Les nouvelles figures de la peur tardent à venir, plus de Jason, Michael Myers, Damien, Candyman, Jeepers Creepers à l’horizon. Les Annabelle, The boy, Babadook, et autres fariboles ne leurs arrivent pas à la cheville. Les sales gueules ne semblent plus de mise, la peur s’insinue, sournoise, dans la vie de tous les jours.

Elle attrape des allures de familles banales qui dérapent et les emporte en enfer, de génétique, de promesse pour arranger notre vie. La peur devient plus déloyale, moins improbable, plus plausible. De ce fait, elle change parfois de catégorie, abandonne le cinéma de genre pour les terres de la réalité. Gérardmer, comme le festival de Strasbourg en septembre, prennent sa température, mesurent sa cote, pèsent sa sensibilité. Peu de chocs visuels, émotionnels, de surprise, et c’est bien dommage. Il n’est pas moribond, il sommeille, la princesse de la petite boutique des horreurs attend toujours son diable charmant.

 Patrick Van Langhenhoven