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affiche 22e Festival du film de Sarlat

22e Festival du film de Sarlat

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Genre : Festival Cinéma

L'Actu

Du 12 au 16 novembre 2013

C'est la nouvelle Angélique qui ouvre le bal, parfois il ne fait pas bon reprendre un film culte. C'est tenter de raser de la mémoire, de la transmission, une part de souvenir qui ne souhaite pas mourir. Ce genre de tentative est souvent voué à l'échec, trop de non-dits s'accrochent à l'image d'Angelique. Elle n'est pas un fantôme, juste l'adoration d'une génération. Dans les rues, le soleil danse sur les murs couleurs d'automne se bousculant aux portes de l'hiver. Là aussi, la mémoire tambourine, rugit des cris des tournages reconstituant dans ce décor encore vivant, les films de cape et d'épée. Sarlat imprègne son âme dans ces films d'aventures, les colore des paysages du Périgord. Au croisement, les oies de bronze observent, clignent de l'œil, malicieuses, immuables. Elles rappellent combien Sarlat, à travers sa programmation, ses choix, s’ancre sur l’avenir et le passé dans un présent défilant sur l’écran. Il est temps de rejoindre la salle obscure pour de nouvelles aventures.

A l’inverse du personnage de Woody Allen sortant de l’écran, nous effectuons le chemin inverse. S'animent sur la toile blanche des morceaux de choix, une programmation éclectique à l'image de la ville baignée du passé et du mythe du foie gras. La vie, petit battement des cœurs, s’élance et danse dans le tourbillon du temps pour trouver le cheminement, la porte des désirs à construire. Nous retrouvons Xavier face à ses quarante ans, un vrai Casse-tête chinois. C’est au cœur de Chinatown qu’il devra trouver sa place comme père, mari, fils, être un homme quoi. Cédric Klapisch nous communique le plaisir de retrouver son personnage fétiche, tracé presque tous les dix ans, une calligraphie de sa vie. Moment magique L’épreuve d’une vie, le fils de Bertrand Tavernier, Nils, pour sa nouvelle fiction, quitte le documentaire pour saisir une brève existence, celle d’un jeune handicapé qui rêve d’affronter le plus terrible des triathlons, Ironman. Ce bout de route il ne le fera pas seul, mais en compagnie de son père.

Comment un père retrouve le cœur de son fils et se dépasse pour qu’une étoile brille dans ses yeux. Nils Tavernier et le jeune acteur n’ont nul besoin de nombreux mots pour nous séduire. Suzanne, encore un destin qui éclate sur l’écran avec deux actrices, Sara Forestier et Adèle Haenel, sublimes dans ces rôles de deux sœurs aux prises avec la vie. Suzanne suit un petit délinquant qui l’entraine jusqu’au bout de l’impossible voyage. Quand on revient cassée en mille morceaux, sans savoir comment se reconstruire. Le silence et l’espace, les non-dits, la transparence et le couvert de forêt où le prédateur rôde. Un professeur amoureux des jeunes filles et sa sœur, étrange couple, tueur ou victime d’une machination. L’amour est un crime parfait bonne question, quand on sait combien il brise de cœurs. Arnaud et Jean-Marie Larrieu quittent les Pyrénées pour poser leur caméra dans les Alpes. C’est une rencontre pleine de chaleur qui suit où il évoque les raisons d’aller voir ailleurs si la neige garde l’empreinte du temps. Nous retrouvons Karin Viard et la réalisatrice Solveig Anspach pour l’adaptation en roue libre, mais au cœur fidèle de Lulu femme nue, une bande dessinée de Davodeau.

Un jour on quitte tout pour trouver ailleurs un vent frais où se reconstruire. Reprendre en main sa vie, retrouver les pistes de son cœur semble sillonner les rues de la ville comme une ritournelle qui revient sur l’écran. Cette vie qui nous échappe ou que nous ne maitrisons plus, nous la retrouvons dans la sélection du tour du monde, 2 automnes 3 hivers film étrange, petite poésie que l’on ne peut décrire, juste la voir et la savourer. Des étoiles, Don Jon, Eka et Natia, Fruitvale Station, Girafada, le géant égoïste autant de regards sur le monde et la difficulté de faire sa place, de vivre sa vie dirait Léo Ferré. Une fois de plus, une programmation qui surprend, bouscule nos a priori, ces petites certitudes toutes faites qui parfois nous agacent. Drôles de poissons-chats, Pelo Malo, Short Term, The Lunchbox, autant de moments saisis par la pellicule pour rapporter des blessures, des joies du monde où la vie ressemble, dans son âme, à la nôtre. Tel Père, tel fils quand des parents se retrouvent avec le fils d’un autre dans la société japonaise, de la perfection, du premier cela laisse des griffes profondes. Enfin Belle et Sébastien nouvelle version apporte un peu de charme avec Loulou, l’incroyable secret. La semaine s’achève, le plaisir reste intact, et déjà à l’horizon se dessine le départ , si court, si bref nous savourons les derniers jours en espérant revenir.

Patrick Van Langhenhoven

 Crédit photos festival du film  de Sarlat

pour plus d'info : http://www.festivaldufilmdesarlat.com/