Le Maroc va vivre au rythme du cinéma pendant une dizaine de jours. Les plus grands du milieu vont venir tenter de retrouver un peu de soleil et envahir la magnifique place Jamâa El Fna, ses arracheurs de dents et vendeurs de serpents. Cette dernière sera d’ailleurs le théâtre de la projection de plusieurs films. La treizième édition de ce festival présidé par le prince Mouley Rachid se déroulera du 29 novembre au 7 décembre 2013.

Et encore une fois un beau plateau est annoncé. Le jury composé de 10 personnalités, réalisateurs et comédiens et qui a le luxe d’être présidé par le réalisateur de Taxi Driver ou encore Raging Bul, l’un des plus grands de sa génération: Martin Scrosese. Pour ne pas tous les citer on note les présences de l’actrice française Marion Cotillard, ou du réalisateur allemand Fatih Akin, du sud-coréen Park Chan-Wook mais aussi l’italien Paolo Sorrentino. Un jury qui aurait largement sa place au festival de Cannes.

Espérons que les films en compétition soit également du niveau de cette référence festivalière. Si les personnalités sont attirées par ce festival pour faire partie du jury ou encore passer l’examen d’une masterclass, les films en compétition regorgent moins de « grands noms ». Les réalisateurs n’attendent pas spécialement ce festival pour présenter leur film. Mais cela peut réserver de belles surprises. La diversité est impressionnante. On retrouve par exemple le prometteur Blue Ruin de l’américain Jeremy Saulnier récompensé à Cannes dans la catégorie Quizaine des réalisateurs par le prix FIPRESCI. Ou encore la suédoise Lisa Langseth avec Hotell qui avait reçu une relativement bonne critique pour son précédent film Pure, et qui révéla Alicia Vikander. Le dernier film du polonais Pawel Pawlikowski, Ida, concourra après avoir connu le succès avec Summer of Love et filmé Paris pour La femme du Vème. Jonàs Trueba, récompensé au festival du film espagnol de Toulouse de la récompense suprême, sera en lice avec son film Los Illusos. Maintenant c’est ma vie de Kevin MacDonald, petit-fils du réalisateur Emeric Pressburger, sera également en compétition. Ce réalisateur à la filmographie déjà conséquente, a notamment réalisé Le Dernier Roi d’Ecosse. Côté productions françaises on retrouvera Fièvres d’Hicham Ayouch et La Marche du belge Nabil Ben Yadir, avec au casting Olivier Gourmet, Jamel Debbouze et Charlotte Le Bon notamment. Ce dernier suit les protagonistes qui organisèrent une marche de Lyon jusqu’à Paris pour protester contre les discriminations qui avaient lieu en France. C’était il y a tout juste 50 ans. Et tout cela n’est qu’un aperçu, les autres réalisateurs en compétition sont Junichi Kanai, Ignas Jonynas, Andrea Pallaoro, Sean Gulette, Roberto Ando, Carlos Machado Quintela, Lee Su-jin et Mariana Rondon.

Les masterclass comme chaque année occupent une place importante dans ce festival. Les noms parlent d’eux-mêmes. S’enchaineront en effet les masterclass de Bruno Dumont (L’humanité ou plus récemment Camille Claudel 1915), James Gray (l’homme aux quatre chefs d’œuvres dont The Yards et qui sort la semaine prochaine The Immigrant, présenté hors-compétition), Abbas Kiarostami (Trilogie de Koker, Le goût de la cerise), Nicolas Winding Refn (Drive), et le philosophe et écrivain Régis Debray. Ces masterclass illustrent des films présentés ou des hommages.

Comme dans tout bon festival, des hommages donc auront lieu. Un sur le thème du cinéma scandinave, qui explique la présence du danois Winding Refn par exemple. Cinq personnalités ont également le droit aux honneurs. L’actrice française Juliette Binoche, qui a joué dans le dernier film de Dumont mais aussi dans Copie Conforme de Kiarostami tout d’abord. Puis l’homme politique et documentariste Fernando Solanas sera congratulé comme le comédien local Mohamed Kouhyi et l’actrice américaine Sharon Stone. Mais aussi à Kore-Eda Hirokazu, et son film Tel père, tel fils qui sera présenté hors-compétition.

Il y a effectivement d’autres sections, avec les films hors-compétition comme cité auparavant. Ram-Leela film indien de Sanjay Leela Bhansali ouvrira cette programmation et We are the best ! du suédois Lukas Moodyson sera en clôture. De plus des projections spéciales pour les malentendants sont prévues. Mais aussi des courts-métrages dans la catégorie « Cinécole », réalisés par des élèves d’écoles de cinéma.

Il y a donc une belle variété de films, de sections, de personnalités... Ce rendez-vous important du cinéma, le plus gros du royaume, peut s’ouvrir avec l’attente d’une qualité certaine et de belles surprises dans la quête de l’Etoile d’or, récompense suprême.

Clément SIMON